Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Des milliers de personnes sont sorties dans la rue mardi soir pour dénoncer le régime islamo-conservateurs qu’ils tiennent pour responsable de la mort après un long coma d’un adolescent de 15 ans, grièvement blessé par la police lors de la fronde antigouvernementale de juin dernier. Des rassemblement à la mémoire du Berkin Elvan, devenu un symbole de la répression policière, ont été organisés dans plus d’une dizaine de villes, notamment à Istanbul, Ankara, Izmir (ouest), et Denizli (nord-ouest). Des heurts entre manifestants et policiers anti-émeute ont fait plusieurs blessés. Une cinquantaine de manifestants ont été interpellés, selon les mêmes sources.

Plus de 5.000 personnes réunies sur la place de Kadiköy, un foyer de l’opposition sur la rive asiatique d’Istanbul, ont scandé « Berkin est vivant, il est immortel », bravant des dizaines de policiers et érigeant des barricades. La police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui ont scandé des slogans hostiles au gouvernement.  » De brefs mais violents incidents ont rapidement éclaté devant l’hôpital d’Istanbul, où des centaines de personnes étaient rassemblées pour rendre hommage à Berkin Elvan. Des dizaines de manifestants ont attaqué un bus de la police, notamment en jetant des pierres, contraignant les forces de l’ordre à user de gaz lacrymogènes pour se dégager. D’autres affrontements ont opposé dans l’après-midi la police à près de 2.000 étudiants de l’université technique du Moyen-Orient (ÖDTU) d’Ankara, et dans la soirée aux abords de la place centrale de Kizilay. Au moins cinq manifestants ont été blessés et évacués dans des ambulances.

Les gendarmes sollicités par la direction, sont intervenu lundi soir pour mettre fin à l’occupation par les salariés grévistes de leur usine de Bouzonville (Moselle) du groupe métallurgique Manoir Industries. L’évacuation s’était déroulée sans heurts. La production a repris ce mardi matin.

Cette forge de près de 200 salariés était occupée jour et nuit depuis mercredi dernier par une partie des salariés, en grève pour réclamer une hausse des salaires. La direction avait saisi le tribunal de grande instance de Metz et obtenu lundi une ordonnance de levée du blocage. Fondeur spécialiste de pièces métalliques de haute performance pour la pétrochimie, la construction, l’énergie ou encore la défense, Manoir Industries emploie 1.400 salariés sur sept sites dans le monde, dont quatre en France. Manoir Industries est en pleine mutation depuis la cession des deux tiers de son activité au groupe chinois Yantai Taihai, début 2013.

France: Les gendarmes évacuent des ouvriers grévistes

La Commission de l’Intérieur de la Chambre a approuvé mardi un projet de loi, transmis par le Sénat, visant à autoriser les policiers à remplacer, dans certains cas, leur plaquette nominative par un numéro d’intervention. L’objectif est de les protéger davantage contre des actes de vengeance du milieu criminel sans toutefois leur accorder un anonymat total. Le texte habilite le chef de corps, le commissaire-général ou le directeur-général à décider de ce remplacement pour certaines interventions. Il prévoit que les agents opérant en civil (ou au moins l’un d’entre eux), sauf si les circonstances ne le permettent pas, doivent porter un brassard laissant apparaître leur numéro d’intervention constitué de maximum cinq chiffres précédés d’un code pour la zone de police dont il est issu ou le service de la police fédérale dont il dépend.

La commission de l’Intérieur de la Chambre a approuvé mardi à l’unanimité un projet de loi transmis par le Sénat et visant les caméras ANPR (Automatic Number Plate Recognition), c’est-à-dire les caméras mobiles qui reconnaissent les plaques d’immatriculation. Jusqu’à présent, l’utilisation par la police de ces caméras installées sur des voitures se déroulait dans un certain flou juridique. Le texte adopté modifie la loi de 2007 sur les caméras de surveillance.

La ministre de l’Intérieur s’est dite satisfaite de l’adoption du texte mais, à ses yeux, il ne va pas assez loin. Il ne vise pas, par exemple, l’utilisation des drones ou des « bodycams ». Des députés cdH, MR et CD&V ont déposé une proposition de loi plus large, qui ne fait pas jusqu’à présent l’objet d’un consensus dans la majorité. La proposition a été disjointe du projet approuvé mardi. Elle devrait revenir en commission prochainement.

Belgique: Les caméras mobiles reconnaissant les plaques sont légalisées

Ce mardi 11 mars, aux côtés de son épouse et de leurs deux enfants, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées à Brescia au moment où se tenait l’audience relative au sort de Kimyongür. Dans son arrêt, la Cour d’appel de Brescia a décidé de rejeter la demande d’extradition formulée par Ankara, mettant ainsi fin aux poursuites intentées contre Bahar en Italie.

Dans leur décision, les juges italiens arguent notamment que les activités de Bahar Kimyongür relèvent de la liberté d’expression et que son interpellation d’un ministre turc au Parlement européen en 2000 ne constitue, en aucun cas, une menace. Dans la saga judiciaire dont est victime Bahar depuis une décennie, cette sentence sonne comme un nouveau camouflet pour la Turquie et pour les forces qui, en Europe -et en Belgique tout particulièrement-, se rangent aux côtés d’Ankara dans cette affaire.

Le poste de police municipal de Matanao (52.000 habitants, province de Davao del Sur) a été attaqué ce lundi matin par environ 50 guérilleros du Front 72 de la NPA. Deux policiers ont été immédiatement tués dans l’attaque, un autre policier a succombé plus tard de ses blessures et l’armurie du commissariat a été vidée. Environ 30 minutes plus tard, un autre groupe de guérilleros a tenté une attaque contre le détachement militaire de Donganpekong, mais l’attaque aurait échoué.

Des forces combinées de l’armée et de la police ont lancé une vaste opération de ratissage dans les environs de Matanao avec l’appui de quatre hélicoptères de combat. Neuf présumés maoïstes qui auraient participé à l’attaque du commissariat ont été arrêtés dans le village d’Asbang. Un engagement a eu lieu dans le village voisin de Saboy au cours duquel deux présumés maoïstes ont été tués. Plus tard, vers 9 heures , des soldats du 39e bataillon d’infanterie de l’armée envoyés des renforts dans le village Asbang sont tombés dans une embuscade. L’explosion d’un IED a tué sept soldats et blessé sept autres.

Le commissariat de Matanao après l’attaque

Le commissariat de Matanao après l'attaque

La prochaine comparution devant le tribunal militaire de Rabat de M’barek Daoudi, arrêté le 26 septembre dernier, met en évidence la volonté des autorités marocaines de continuer à masquer les exécutions extra-judiciaires de Saharouis dans les années ’70. Cet ex-militaire des forces armées, parti à la retraite en 2008, est devenu alors un militant pro-sahraoui, sans faire mystère de ses trente-trois années au service de l’armée marocaine et des exactions dont il dit avoir été témoin.

Interviewé en juillet 2013 depuis la prison de Salé, où il est incarcéré, cet homme dit ainsi avoir été présent le 12 février 1976 dans la zone d’Amgala, et avoir été témoin de l’exécution de deux femmes, à 700 mètres du lieu où le corps de huit Sahraouis (dont deux mineurs), assassiné le même jour, ont été identifiés le mois passé par une équipe espagnole (photo). Plus de 400 Sahraouis sont actuellement recensés comme victimes d’une disparition forcée.

Maroc/Sahara: Découverte de charniers