Samedi matin, 12 canoës ont bloqué l’accès au port de navires de croisière de Marseille pour dénoncer la pollution causée par les mastodontes de la mer. Trois navires de croisière, un ferry ont dû attendre en mer en raison d’une action des activistes d’Extinction Rébellion et des membres du collectif Stop croisières. Vers 7 heures du matin, le navire AIDAstella a dû faire demi-tour, les canoës s’étant positionnés à l’entrée de la rade nord, l’empêchant d’entrer dans le port. Ce navire d’une capacité de deux mille personnes devait faire escale dans la deuxième ville de France. Deux autres navires de croisière, le MSC World Europa, sixième plus gros paquebot au monde avec plus de 2 600 cabines, six mille passagers, treize restaurants, un centre commercial et le Costa Smeralda devaient aussi accoster, ils ont dû patienter au large. Un ferry venant de Corse a dû aussi attendre.
Sur les canoës gonflables, alignés, une vingtaine d’activistes équipés de gilets de sauvetage avaient déployé des banderoles comme « ça sent le gaz » ou « on est très en colère contre MSC Croisières ». Stop croisières dénonce la pollution de l’air causé par ces navires, véritables villes sur l’eau, avec un impact négatif sur la santé des populations et la biodiversité marine. Le collectif pointe aussi les conditions de travail à bord. L’action s’est terminée vers 9h30, les 21 écologistes ont été délogés et arrêtés par la gendarmerie maritime.
En 2022, le port de Marseille a accueilli 1,5 million de croisiéristes, 2,5 million en 2023. L’hostilité grandit en Europe face à l’industrie des croisières, source de revenus pour les villes escales mais jugée nuisible à la santé des riverains et à l’environnement par son gigantisme. Ces dernières années, Venise ou Amsterdam ont interdit leur centre-ville aux géants des mers. Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, les bateaux de croisière naviguant dans les eaux européennes en 2022 ont émis plus de 8 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 50 000 vols Paris-New York.