Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Dix personnes ont entamé ce mardi une grève de la faim en solidarité avec Aurore Martin, militante de Batasuna frappée d’un mandat d’arrêt européen émis par Madrid pour ‘participation à une organisation terroriste’. Le 21 décembre, elle a annoncé son entrée dans la clandestinité pour échapper à son transfert. Les grévistes, vêtus de T-shirt floqués du slogan ‘Non au mandat d’arrêt européen! Pour les droits civils et politiques’ ont entamé leur jeûne devant une église de Saint-Jean-de-Luz où ils dorment chaque nuit. Ils sont soutenus par une dizaine de proches. Des photos d’Aurore Martin et des pancartes ont été installées devant le bâtiment et les militants font des distributions de tracts dans les rues afin d’informer la population de la situation de la militante basque. Ils organisent également chaque jour deux rassemblements qui réunissent une centaine de personnes.

Manifestation pour Aurore Martin

Manifestation pour Aurore Martin

Césare Battisti, ancien membre des Prolétaires Armés pour le Communisme a été condamné à une peine de prison à perpétuité en Italie pour des actions armées remontant aux années 70. D’abord réfugié en France, il se trouve depuis 2004 au Brésil, où il a obtenu le statut de réfugié en janvier dernier. L’Italie, qui souhaite le retour de Battisti afin qu’il purge sa peine, a introduit une demande d’extradition. Celle-ci a été examiné au mois de septembre par la Cour Suprême. A la mi-novembre, les juges s’étaient prononcés en faveur de l’extradition par cinq vois contre quatre, départagés par le président de la Cour. Mais la Constitution brésilienne attribue les relations extérieures à l’exécutif, ce qui donne au président Lula le pouvoir de s’opposer à cette décision, ce que les juges de la Cour Suprême ont confirmé après un long débat (certains opposants faisaient valoir un traité d’extradition entre le Brésil et l’Italie obligeant le chef de l’Etat à se conformer à la décision de la justice). Lula avait déclaré qu’il se prononcerait avant le 31 décembre, moment où il passera la main à son successeur. Selon le quotidien brésilien Globo, il aurait décidé de ne pas extrader le militant afin de préserver son intégrité physique. L’information n’a toutefois pas été confirmée de source officielle.

La Tunisie est depuis le 19 décembre le théâtre de violents affrontements entre manifestants, souvent jeunes, et forces de l’ordre. Le mécontentement se concentre dans le centre-ouest du pays, dans la région de Sidi Bouzid.
Le mouvement s’est déclenché après la tentative de suicide d’un jeune diplômé de l’université, vendeur sans permis de fruits et légumes qui s’était fait confisquer sa marchandise par la police municipale. Désespéré, le jeune homme s’était aspergé d’essence pour s’immoler par feu. Il a survécu mais se trouve dans un état critique.

Cinq jours plus tard un autre jeune a mis fin à ses jours en s’électrocutant au contact de câbles électriques. Depuis, les manifestations se multiplient dans le pays pour dénoncer l’absence de perspectives offertes à la jeunesse, le coût de la vie et les inégalités croissantes. Trois voitures de police a été incendiées, des jets de pierres et des cocktails Molotov ont ciblé les locaux du parti au pouvoir et des administrations. Un jeune manifestant a été tué par balles, plusieurs autres blessés (parfois par les gros bras du parti au pouvoir, protégés par les policiers) et il y a eu de nombreuses arrestations.

Manifestation à Menzel Bouzayane

Manifestation à Menzel Bouzayane

Deux militants du PKK ont été tués lundi soir au cours d’une fusillade avec les forces de police dans la province de Mardin. Un troisième homme a également été blessé et immédiatement placé en détention. Il n’y a eu aucune victime dans le camp de la police, qui a lancé dès hier soir une vaste opération militaire dans la région afin de capturer les autres guérilleros impliqués dans le combat.

Ribelino Aspajo Pérez, de 39 ans, a été capturé le 13 décembre dans la zone d’Aucayacu, région de Huánuco, à 370 kilomètres au nord-est de Lima, après un travail de suivi réalisé par des agents de la Direction Nationale Contre le Terrorisme (DINCOTE). Il serait responsable de la sécurité de Florindo Eleuterio Flores, alias « camarade Artemio », qui dirige le PCP-SL dans la région du Huallaga. La semaine passée, la Police Nationale avait capturé de le Huallaga un cadre important, activement recherché, du PCP-SL, Rivelino Aspajo Pérez. La police fait feu de tout bois puisqu’elle a mis sous mandat d’arrêt Anne Thérèse Rodríguez Yepes, la mère des enfants du « camarade Artemio », qui dit n’avoir pas vu Florindo Eleuterio Flores depuis 17 ans…

Le décret d’extradition vient d’être validé par le Conseil d’État. À 77 et 69 ans, Sonja Suder et Christian Gauger sont menacés d’être extradés vers l’Allemagne. Ils y sont accusés d’avoir pazrticipé, il y a 35 ans, aux actions des Cellules révolutionnaires (RZ). Retiré de la militance depuis 22 ans, ils vivaient à Lille sous une fausse identité suisse. Le parquet de Francfort les accuse de trois attentats à l’explosif et incendies criminels, en 1977 et 1978. L’un d’eux a ravagé le château de Heildelberg, les deux autres des sièges d’entreprises. Pour la justice allemande, il s’agit de « crimes imprescriptibles ».

En mars 2001, la cour d’appel de Paris avait rejeté l’extradition, jugeant l’action publique prescrite en droit français. Saisie à nouveau en 2009, elle a cette fois donné un avis favorable. Selon le Conseil d’État, les règles allemandes s’appliquent. Victime de séquelles provoquées par plusieurs accidents cérébraux, Christian Gauger est aujourd’hui sévèrement handicapé.

Des membres de la COBRA et de la CRPF ont déclenché une vaste opération de ratissage dans la région la forêt de Dekai (Purulia, Bengale occidental) hier matin. Une fusillade a éclaté dès leur arrivée devant un camp de la guérilla maoïste. Un membre de la CRPF est décédé tandis que quatre autres ont été blessés par balles. Selon certaines sources non confirmées, il y aurait également eu une violente explosion durant le combat. La police locale a également affirmé que des guérilleros avaient été blessés, mais aucun corps n’a été retrouvé sur les lieux. A Calcutta, le ministre délégué de l’état a immédiatement annoncé une intensification des actions de contre-guérilla dans le district de Purulia.

En outre, quatre membres de la CISF (Central Industrial Security Force) ont été blessés vendredi après que leur bus soit tombé dans une embuscade maoïste dans le district de Giridih (Jharkhand). Les guérilleros auraient attaqué à l’arme lourde le bus qui les ramenaient d’une mission de surveillance et de protection de fonctionnaires dans le cadre d’élections régionales. Une opération de ratissage de la police d’état et de la CISF est toujours en cours afin de retrouver les responsables de l’attaque.

Le 23 décembre, la presse annonce que deux militants armés revêtus d’uniformes appartenant à une entreprise postale livrant des colis ont été arrêtés à Ankara. Ils seraient liés au DHKP-C. La police aurait saisis 3 pistolets munis de silencieux ainsi qu’une liste de 17 personnes dont Hikmet Sami Türk, l’ex-ministre de la justice responsable de l’assaut sanglant de décembre 2000, Ali Suat Ertosun le directeur des prisons de l’époque qui fut récompensé pour ses loyaux services, le général Osman Özbek et l’ex-chef de la police Hasan Özdemir, notamment responsable du massacre de 4 grévistes de la faim le 5 novembre 2001 dans le quartier de Küçük Armutlu sur les rives d’Istanbul et actuellement député du parti fasciste MHP.

200 membres des escadrons spéciaux d’intervention turcs ont mené une descente à Istanbul dans les locaux de « Yürüyüs » (La Marche), un hebdo révolutionnaire tiré à près de 30.000 exemplaires. L’opération policière était appuyée par un hélicoptère. Tout le quartier de Sisli a été quadrillé (photo). Sept rédacteurs du journal ont été arrêtés par des policiers masqués. La presse évoque une opération contre le DHKP-C qui se prépare à des attentats contre les auteurs de l’opération du 19 décembre 2000 (28 morts parmi les détenus révolutionnaires). Au même moment, un militant de gauche dénommé Mehmet Ali Ugurlu a été arrêté à son domicile, à Antalya, au Sud du pays, lors d’une rafle policière. On apprend que l’opération se poursuit notamment dans le quartier de Gülsuyu à Istanbul.

Les actions de protestation du massacre des prisonniers du 19-22 décembre 2000 se poursuivent. Le 21 décembre dernier, des militants masqués ont sillonné les rues du quartier de Maltepe à Istanbul pendant 45 minutes pour rappeler le massacre des prisonniers résistants et rappeler que les assassins seront punis par les unités de propagande armée du DHKP-C. Ils ont été pourchassés par la police qui a tiré les militants à balles réelles. Des actions similaires ont eu lieu à Izmir, Ankara, Sivas, Malatya, Antakya et Mersin.

Turquie: Arrestations en série

En première instance, le militant anarchiste Giannis Dimitrakis avait été condamné à 35 ans de prison pour le braquage d’une banque à Athènes en 2006. Initialement prévu en avril dernier, le procès en cour d’appel s’est clôturé aujourd’hui. Il a été reconnu coupable du braquage de la banque nationale à Athènes, de soutien mental dans la tentative d’homicide du garde de la banque, d’avoir participé à un gang et d’avoir utilisé une arme à feu. Après fusions des peines, il écope de douze ans et six mois d’emprisonnement. Au tribunal, il a précisé ses motivations anarchistes pour cette expropriation et a quitté le tribunal les deux poings levés après le prononcé de la peine.

Giannis Dimitrakis

Giannis Dimitrakis

En mai 2009, le pédiatre et par ailleurs militant pour les droits humains des tribaux et vice-président de la People’s Union of Civil Liberties Binayak Sen était libéré sous caution par les autorités dans l’attente de son procès. Il avait été arrêté en mai 2007 en vertu du CSPSA (Chhattisgarh Special Public Security Act), accusé d’avoir agi en tant que coursier entre le dirigeant maoïste emprisonné Sanyal et l’homme d’affaire Piyush Gutia. (cf notre Page Spéciale). Ces deux derniers sont toujours actuellement incarcérés, mais Sen était libre sous caution en raison de son état de santé. Ce vendredi, ils ont tous les trois été condamnés à la prison à perpétuité dans le cadre de cette affaire. Ils ont été reconnu coupable de ‘sédition’ et de ‘complot’ en vertu du Code Pénal, du CSPSA et du PUAA (Prevention of Unlawful Activities Act). Condamnés à la perpétuité par le Code Pénal, ils écopent également de diverses peines et amendes en vertu du CSPSA et du PUAA. Les avocats ont rappelés qu’aucune preuve n’avait été présentée durant le procès pour soutenir l’accusation de sédition et de complot contre l’état. Ils ont d’ores et déjà annoncé leur intention d’interjeter appel de cette décision.

Binayak Sen

Binayak Sen