Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Une semaine après le début de l’attaque russe en l’Ukraine, les forces de sécurité russes arrêtent tous ceux qui s’y opposent dans la rue, perquisitionne les derniers médias indépendants et a déployé un nouvel arsenal juridique pour dissuader toute critique. La Russie a mis, ce vendredi, sur les rails de lourdes sanctions pénales en cas de distribution d’ « informations mensongères sur l’armée » et bloqué des médias. La chambre basse du Parlement, la Douma, a adopté à l’unanimité un amendement qui prévoit diverses peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison en cas de propagation d’informations visant à « discréditer » les forces armées. Un amendement séparé, lui aussi adopté vendredi, prévoit par ailleurs des sanctions pour les « appels à imposer des sanctions à la Russie », confrontée à de dures mesures de rétorsion occidentales pour son invasion de l’Ukraine. Ces textes, qui s’appliquent à la fois aux médias et aux particuliers russes comme étrangers, ont été approuvés par la Chambre haute vendredi soir. Il ne leur manque plus que la signature du président pour entrer en vigueur. Enfin, plus de 8.000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg depuis le 24 février.

 

Un quotidien israélien a révélé que la police israélienne avait largement et illégalement utilisé la technologie d’espionnage Pegasus. Une dizaine de noms de personnalités politiques qui en ont été victimes, mais aussi des centaines manifestants anonymes qui participaient aux manifestations anti-Nétanyahou de 2020. Ils ont pu être pistés par la police, qui avait accès à leurs téléphones sans que ceux-ci puissent s’en apercevoir. Une fois installé, le logiciel permet de copier tous les messages, y compris ceux échangés sur des applications sécurisées, de mettre le téléphone sur écoute, ou encore d’accéder à la géolocalisation de son utilisateur. Le logiciel a aussi été utilisé à des fins de phishing, l’hameçonnage d’informations dans le téléphone de suspect avant même la preuve d’un délit.

Le recours à un tel outil de surveillance nécessite une autorisation judiciaire, que doit accorder un tribunal au préalable. Mais de tels mandats n’ont jamais été sollicités par la police israélienne. Cette cybersurveillance a été appliquée sur des citoyens israéliens avant même qu’une enquête ne soit ouverte contre eux. C’est en 2013 que la police israélienne se dote du logiciel Pegasus. Mais lorsque l’ancien chef adjoint des renseignements intérieurs, le Shin Bet, prend la tête de la police israélienne, il importe alors les techniques et la culture d’espionnage propres à ces derniers. Les ordres d’utilisation du logiciel de NSO auraient donc été donnés par des officiers de police de haut rang.

Voir aussi notre article

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Une blocage est en cours sur le port d’Ajaccio où les marins du Syndicat des travailleurs corsesempêchent un bateau de la Corsica Ferries d’accoster. Le navire transporte des véhicules et des agents des forces de l’ordre envoyé en renfort pour réprimer les protestations à l’agression d’Yvan Colonna, mercredi à la prison d’Arles (voir notre article). Un nouveau préfet a été expédié en Corse quarante-huit heures avant son arrivée prévue, sous une escorte policière conséquente. Des manifestations ont eu lieu hier, pour dénoncer le fait qu’un « Détenu Particulièrement Surveillé » (DPS) comme Yvan Colonna, 61 ans, ai pu être laissé à la merci d’un jeune jihadiste, lui-même DPS, qui a déjà eu de nombreux épisodes violents dans sa détention. La détention d’Yvan Colonna loin de la Corse était dénoncée depuis longtemps.  L’Université de Corse située à Corte (Haute-Corse) était bloquée jeudi par des étudiants qui portaient des banderoles « Statu francese Assasinu » (l’Etat français assassin) et « Gloria Ate Yvan » (Gloire à toi Yvan). L’état de santé d’Yvan Colonna, en coma post-anoxique et actuellement soigné à l’hôpital nord de Marseille, est toujours stationnaire.

La voiture d’Astrid Oppermann a été incendiée près de son appartement, rue Maria-Louisenstieg dans le quartier de Winterhude. En tant qu’agente infiltrée, sous le nom d’Astrid Schütt, Astrid Oppermann a espionné le milieu autonome de Hambourg entre 2006 et 2013. Elle participait régulièrement et activement à l’assemblée générale autonome, elle a contribué à la préparation du congrès autonome de Cologne, elle est allée aux manifestations contre le sommet mondial sur le climat de Copenhague, elle a participé aux mobilisations contre la conférence des ministres de l’intérieur de 2010 et aux protestations contre la soi-disante « journée de l’avenir allemand », en 2012 à Hambourg. Elle a rédigé des dossiers sur de nombreuses personnes, comme ses collègues Maria Böhmichen, Iris Plate et Kristian Krumbeck.

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Les habitants installés dans une propriété du quartier Totumo de Necoclí (Antioquia) ont occupés le 1er mars la route qui relie la municipalité à Turbo en signe de protestation contre la décision d’un juge de restitution des terres d’expulser 142 familles qui y vivent. Les manifestants ont bloqué la route à l’aide de bâtons, de pierres, de pneus et de feux, et leur résistance a amené à la suspension de l’opération. Les policiers se sont réfugiés dans le commissariat de Totumo. Le jugement de la Chambre civile spécialisée dans la restitution des terres de la Haute Cour d’Antioquia du 20 mai 2019 a ordonné la remise des 40 hectares à un propriétaire  qui a dû abandonner ses terres en raison des menaces des guérillas. Les occupants revendiquent le droit d’y vivre, car ils affirment que le terrain a été acquis légalement et qu’ils sont là depuis 30 ans.

La Cour suprême du Pérou a confirmé mercredi la condamnation à perpétuité prononcée par un tribunal national à l’encontre des dirigeants du Parti Communiste du Pérou dit « Sentier lumineux », dont son président Abimael Guzman, est décédé en septembre de l’année dernière après avoir été emprisonné pendant près de trois décennies (voir notre article). La décision a été prise par la Chambre pénale permanente de la Cour suprême pour le délit de « terrorisme aggravé », en référence à l’attaque à la voiture piégée qui, en 1992, a fait 25 morts et 155 blessés dans le quartier chic de Miraflores, à Lima. La sentence concerne Elena Yparraguirre, Óscar Ramírez, María Pantoja, Laura Zambrano, Florentino Cerón, Florindo Flores, Edmundo Cox, Osmán Morote et Margot Liendo.

Le jugement a confirmé que les condamnés devront payer une réparation civile et a déclaré nul et non avenu l’acquittement pour trafic illicite de stupéfiants, ordonnant qu’un nouveau procès pour cette accusation ait lieu « dès que possible ». La condamnation à perpétuité de la direction du PCP-SL avait été prononcée en septembre 2018 par l’Audience nationale pénale (voir notre article). Toutefois, ce tribunal a acquitté les accusés du délit de trafic illicite de stupéfiants pour financer leurs activités, une décision dont le bureau du procureur a annoncé qu’il ferait appel.

Au procès de 2018

 

Incarcéré à la prison d’Arles pour l’exécution du préfet Erignac, Yvan Colonna est entre la vie et la mort ce mercredi 2 mars, après avoir été agressé par un détenu jihadiste. L’agression s’est déroulée ce mercredi 2 mars dans la prison d’Arles. L’agresseur est un jihadiste de 36 ans incarcéré pour association de malfaiteurs terroristes, qui avait déjà été détenu en Afghanistan. Le jihadiste a sauté attaqué Yvan Colonna dans le dos et, après l’avoir mis au sol, lui a écrasé la trachée pendant plus d’une minute avec son pied. Selon certaines sources, Yvan Colonna serait en état de mort cérébrale. Yvan Colonna, âgé de 61 ans, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour l’exécution du préfet Claude Erignac le 6 février 1998 à Ajaccio en Corse (voir notre article sur le procès).

Yvan Colonna

Yvan Colonna

Le 25 février, la police judiciaire a notifié des mesures de privation de la liberté à trois personnes (mais le nombre total des personnes visées est quatre). Il s’agit d’une mesure de détention préventive, d’une arrestation domiciliaire et de deux interdictions de sortir de la commune de résidence officielle, hors de la région du Trentin. Le fil conducteur de cette opération semble être la lutte anti-carcérale. Dans l’ordonnance de placement sous contrôle préventif qui a été notifié hier, les procureurs (les mêmes de l’opération Renata) parlent de la volonté « d’imposer leur idéologie anti-carcérale ».

Selon l’accusation, Juan aurait placé un engin à l’extérieur du bureau du Juge d’application des peines de Trente, en 2014 (art. 280 bis du code pénal: « acte de terrorisme avec des engins mortels ou explosifs »). A l’heure actuelle, Juan est détenu dans la prison de Terni et fait face à un procès pour pour les engins explosifs placés derrière le local de la Lega de Trévise en 2018. Deux anarchistes sont accusé.e.s d’avoir aidé Juan dans sa cavale, entre 2017 et 2018 (art. 390 du code pénal, « aide au non-respect d’une peine »), en lui fournissant un faux document d’identité et un logement en location. Un autre anarchistes est accusé de « tentative d’extorsion, avec la circonstance aggravante de la finalité de terrorisme », parce que, avec d’autres personnes, il aurait essayé de convaincre le responsable de la radio régionale Radio Ottanta de lire en direct un communique en solidarité avec les détenus, pendant les révoltes et les massacres dans les prisons de mars 2020. Aucun délit d’association subversive n’a été notifié.

Juan lors de son arrestation en décembre 2021

 

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Une fillette palestinienne de 11 ans a été hospitalisée après avoir été touchée à la tête par une grenade assourdissante tirée par la police israélienne lors d’affrontements près de la Porte de Damas, lundi après-midi. La police a dispersé des groupes de Palestiniens à l’aide de grenades assourdissantes et de jets d’eau puantes à haute pression. L’une des grenades s’est écrasée sur le visage de la fillette palestinienne de 11 ans. Les médecins l’ont immédiatement transportée à l’hôpital Hadassah Ein Karem de Jérusalem. Les manifestants ont jeté des pierres et des bouteilles sur les forces d’occupation. Environ 25 Palestiniens ont été blessés au cours des affrontements. Vingt Palestiniens ont été arrêtés.

Dans la nuit du 30 janvier, sous le le slogan « Borders killing », une attaque a été menée contre le JOO (Bureau opérationnel conjoint de lutte contre les réseaux de passeurs). C’est un service de police qui est soutenu par Europol, dans le but de prévenir les franchissements clandestins des frontières. Leurs enquêtes, en collaboration avec Frontex, Europol et Interpol, sont censées arrêter le passage illégal des frontières et criminaliser les migrant.e.s. Six voitures de ce service ont été incendiées.

 

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