Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le 28 janvier, le militant des droits civils Elshan Karimov a été condamné à six ans de prison pour avoir publié sur Facebook des messages qui, selon les tribunaux azerbaïdjanais, constituaient un appel public à renverser le gouvernement par la force. En fait, il avait partagé des collages de photos de prisonniers politiques, avec le commentaire suivant : « Ce que vous voyez sur cette affiche n’est que la partie “visible” de l’iceberg des 289 prisonniers politiques d’Azerbaïdjan ». Outre les activistes sociaux et politiques que nous connaissons et soutenons, il y a également de nombreux prisonniers politiques dont nous ne connaissons pas l’existence ». « En ces jours de fête, n’oublions pas les fils et les filles de notre peuple qui vivent en tant que prisonniers politiques. Souvenons-nous de leur lutte et des sacrifices qu’ils ont consentis. Embrassons-les tous, ne les oublions pas et ne permettons pas qu’ils soient oubliés. Exigeons tous leur liberté ».

L’entreprise Graylark Technologies de Boston a développé Geospy, une intelligence artificielle capable d’identifier l’endroit où une photo a été prise, il s’agit d’un redoutable outil pour pister à peu près n’importe qui, il identifie des repères géographiques distincts tels que les styles architecturaux, la flore, les caractéristiques du sol et leurs relations spatiales, un niveau de précision qui intéresse les forces de l’ordre. Geospy dispose d’un algorithme qui a été formé sur plus de 46 millions d’images à travers le monde, il est capable d’identifier les signes distinctifs sur une photo et de fournir une liste des 10 emplacements les plus probables avec des coordonnées précises, si le système est capable d’analyser des endroits à travers le globe, il dispose d’une couverture particulièrement forte aux États-Unis. Les performances de Geospy ouvrent ainsi la voie à de nombreux usages. L’outil sert déjà aux forces de l’ordre qui ont pu le mobiliser pour retrouver les lieux impliqués dans différentes enquêtes notamment lors de manifestations. L’IA pourrait aussi intéresser les militaires qui permettrait l’identification de positions ennemies.

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Fin 2024, une investigation numérique a démontré que les autorités serbes avaient illégalement installé des logiciels espions IMSI-catchers, achetés aux Suisses pour une valeur de deux millions de francs suisses en 2023, sur des dizaines de téléphones appartenant aux opposants. Amnesty International parle d’une surveillance systématique, probablement menée à grande échelle contre la société civile. Ces logiciels ont permis d’aspirer des photos, des messages et d’activer caméras et micros pour espionner les cibles.

Des activistes et des journalistes ont été convoqués par la police pour des entretiens dits «informatifs », les opposants étaient interrogés sans motif clair. Les personnes convoquées devaient remettre leur téléphone portable à l’entrée. Pendant les entretiens, la police installait des logiciels espions sur les appareils. Selon le rapport d’Amnesty International, le produit israélien Pegasus et le logiciel de surveillance Novispy développé par la Serbie ont été utilisés.

Des syndicats, des organisations de défense des droits humains et plusieurs parlementaires ont dénoncé les actions de la police londonienne contre les manifestations pro-palestiniennes, des actions qualifiées de « répression barbare et préoccupante ». Les pressions contre la police londonienne se sont intensifiées après son intervention violente lors de la manifestation du 18 janvier au centre de Londres. Plus de 70 personnes, dont des figures proue de l’organisation du rassemblement, ont été arrêtées et le nassage avait été l’occasion de brutalités policières y compris contre des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées.

Plusieurs leaders syndicaux britanniques ont adressé une lettre à Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur, exigeant une enquête indépendante sur ces violences policières. Cette demande s’ajoute aux requêtes précédentes formulées par des parlementaires, des juristes et le Comité des Palestiniens de Grande-Bretagne auprès du gouvernement. Une nouvelle manifestation de soutien à la Palestine est prévue pour le 15 février.

L’affaire opposant La Quadrature du Net à la ville de Moirans, en Isère, s’achève par une décision reconnaissant l’illégalité du logiciel de vidéosurveillance algorithmique Briefcam. La justice ordonne à la commune de cesser immédiatement l’utilisation de ce logiciel. Le logiciel de Briefcam est installé en toute opacité dans de très nombreuses communes de France. Techniquement, il permet d’appliquer des filtres algorithmiques sur les images de vidéosurveillance pour suivre ou retrouver les personnes en fonction de leur apparence, leurs vêtement, leur genre ou encore leur visage via une option de reconnaissance faciale.

Depuis des années, La Quadrature du Net dénonce cette vidéosurveillance algorithmique (VSA) comme outil inefficace et utilisé surtout pour le contrôle des populations dans l’espace public. Cette décision d’illégalité permet aux habitant·es des villes comme Saint-Denis, Reims ou encore Brest qui ont choisi de mettre en place ce type de surveillance algorithmique, d’en demander l’arrêt immédiat.

Les forces de sécurité iraniennes ont arrêté au moins 12 civils et militants kurdes au cours de la semaine dernière à Mahabad, Sanandaj, Naqadeh, Piranshahr, Sardasht, Marivan et Dehgolan. Les personnes ont été arrêtées après avoir été convoquées, chez elles ou sur leur lieu de travail, le plus souvent sans mandat et pour être emmenées dans un lieu tenu secret.

Ces arrestations font suite à une grève générale des entreprises des villes kurdes , qui a eu lieu le 22 janvier à la suite d’un appel des partis politiques kurdes pour protester contre les condamnations à mort de Pakhshan Azizi (voir notre article), Warisha Moradi et d’autres prisonniers politiques. Cette grève avait entraîné des fermetures généralisées dans plusieurs villes du Kurdistan iranien.

 

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Suite à sa mise en examen dans une enquête dans le cadre de la mobilisation contre l’A69, la militante anarchiste Louna est en détention provisoire à Tarbes depuis 3 mois et demi. Elle est accusée de la destruction d’une pelleteuse par substance explosive avec participation à une association de malfaiteur. Ce lundi 3 février, elle passera devant un juge des libertés et de la détention (JLD) au tribunal de Toulouse pour décider de la prolongation ou non de sa détention provisoire pour une nouvelle durée de 4 mois. À cette occasion, son comité de soutien organise un rassemblement de soutien à 9H30 devant le tribunal judiciaire de Toulouse.

Malgré l’opposition des 19 bourgmestres de la région capitale (voir notre article) et celle du nouveau procureur du Roi de Bruxelles, le prochain gouvernement fera fusionner les six zones de police bruxelloises en une zone unifiée et dotée d’un commandement unique. Ailleurs dans le pays, l’accord vise à encourager les administrations locales à procéder à des mouvements de fusion. Les gouverneurs des provinces seront mandatés pour lancer ce chantier dans les zones où les économies d’échelle sont nécessaires. L’accord annonce un « financement plus élevé, plus flexible et plus transparent » pour les polices locales, en révisant le mécanisme actuel de financement, la norme KUL (une combinaison de 14 critères impactant 30 % des financements, qui défavorise les grands centres urbains). L’objectif est de doter chaque zone de police locale de moyens « lui permettant d’offrir des services de police de base équivalents et adéquats ». Le nouveau gouvernement veut « une grande unité de vision et de leadership en ce qui concerne la politique de police et de sécurité dans la capitale du pays ». Quand on voit à quel point les grandes zones de police, à commencer par la zone midi, sont des usines à gaz échappant par la force de l’inertie à toute vraie direction politique, tout vrai contrôle ou toute vraie réforme stratégique, on peut imaginer la pétaudière que sera cette super-police bruxelloise.