Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La révolutionnaire turque Zehra Kurtay est sous la menace d’une expulsion de France après que l’asile politique lui ait été retiré en raison de ses activités politiques et de la collaboration des autorités françaises avec le régime fasciste turc (voir notre article). Arrêtée le 26 mai dernier puis détenue au Centre de Rétention Administrative d’Oissel, elle a été libérée sous contrôle judiciaire le samedi 31 mai suite à une audience au Tribunal de Rouen. Aujourd’hui, elle doit se présenter tous les jours au commissariat et elle est interdite de quitter la région en attendant un nouveau procès devant statuer sur son expulsion vers la Turquie. Dans ce contexte, ses soutiens appellent à développer les actions de solidarité, à l’image des différents rassemblements qui ont eu lieu lors des audiences en justice de Zehra Kurtay.

Selon le ministère français de l’Intérieur,  559 personnes (dont 491 à Paris) ont été interpellées lors des célébrations en marge de la finale de la Ligue des Champions remportée par le PSG dans la nuit du 31 mai au 1er juin. 320 d’entre elles ont été placées en garde-à-vue, dont 254 dans la capitale française. Plus de 5400 policiers et gendarmes étaient mobilisés à cette occasion dans l’agglomération parisienne. En réaction, une vaste campagne médiatique raciste a été déployée, à l’image du ministre Bruno Retailleau qui a qualifié de « barbares » la jeunesse rassemblée pour fêter la victoire du PSG.

Dossier(s): France - Autres sujets Tags: ,

Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Rome pour protester contre la loi DDL 1660 du gouvernement de Giorgia Meloni, imposant un nouveau tour de vis sécuritaire. La loi vise les migrants, les militants ou les squatteurs, et favorise les policiers mis en cause dans des dossiers de violences. Cette loi a donné lieu à de longues mobilisations massives (voir nos articles). Giorgia Meloni a décidé d’accélérer le passage du texte en utilisant un décret-loi. Ce décret-loi, adopté début avril par le gouvernement et voté jeudi par la Chambre des députés, obtiendra le feu vert définitif du Sénat dans une dizaine de jours.

Il prévoit que les membres des forces de l’ordre qui seraient poursuivis dans des dossiers de violences dans le cadre de leur service recevront une aide financière de 10.000 euros pour les frais de défense. Les peines pour certains délits, comme une « révolte dans un établissement pénitentiaire« , sont renforcées, même lorsqu’il s’agit de résistance passive. Les délais d’expulsion de personnes ayant occupé illégalement un appartement ou un garage sont raccourcis, tandis que les femmes enceintes ou ayant un enfant en bas âge, coupables de délits, seront désormais obligatoirement incarcérées, même si c’est dans des établissements moins sévères que les prisons.

La JOC Bruxelles et TechnopoliceBXL organisent une conférence qui abordera les enjeux liés aux smartphones et à la surveillance. Elle abordera différentes stratégies de réduction des risques qui permettent de complexifier le travail de la police, alors qu’à travers l’Europe, la répression s’est intensifiée depuis le 7 octobre. La conférence traitera aussi des entreprises israéliennes prépondérantes sur le marché des logiciels espions, les universités, l’armée et les services de renseignements israéliens. La présentation complète de la conférence. Ce mercredi 4 juin, à 19h, rue d’Anderlecht 4, 1000 Bruxelles

Cinq membres du groupe local de Greenpeace ont été interpellés ce jeudi 29 mai à Nice et ont été placés en garde à vue après une action symbolique (collage et pochoirs à la craie) dans le cadre de la conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC), prévue du 9 au 13 juin à Nice. Âgés de 45 à 60 ans, ils ont passé 20 heures en garde à vue, deux militants ont été menottés et des perquisitions ont été menées aux domiciles de quatre activistes. Les proches n’ont pas été prévenus et leur avocate n’a pas été appelée. Des gardes à vue et plus encore des perquisitions pour une action aussi bénigne sont exceptionnelles. Les membres de Greenpeace les analysent comme des mesures d’intimidation avant le sommet.

Dossier(s): France - Autres sujets Tags:

Quelque 300 personnes participant à la « Marche pour la liberté » ont pris samedi le ferry depuis Algésiras, dans l’extrême sud de l’Espagne, pour se rendre au Maroc, plus précisément à la prison de Kénitra. « L’objectif principal est d’exiger la libération immédiate des détenus politiques sahraouis et de faire pression sur les autorités marocaines pour organiser le référendum d’autodétermination » au profit du peuple sahraoui, a indiqué samedi à des médias espagnols, la militante française des droits de l’homme, Claude Mangin, épouse du détenu politique sahraoui Naâma Asfari. Les prisonniers politiques sahraouis sont détenus arbitrairement et dans des conditions inhumaines depuis des années dans les prisons marocaines. Il s’agit de l’ultime étape de la « Marche pour la Liberté » entamée en mars dernier et qui a pour objectif de réclamer la libération des prisonniers politiques sahraouis (voir nos articles).

Vendredi 30 mai, une juge d’instruction a modifié le contrôle judiciaire de l’indépendantiste Kanak Frédérique Muliava, poursuivie pour son rôle dans la mobilisation contre la loi sur le dégel du corps électoral en Kanaky visant à renforcer le colonialisme de peuplement français dans l’archipel. Cette décision permet à la militante de pouvoir rentrer en Kanaky après avoir été déportée en France et emprisonnée tout comme six autres responsables de Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), dont le président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) Christian Tein, accusés d’être responsables des mobilisations du printemps dernier (voir notre article). Elle avait été incarcérée à la prison de Riom, puis assignée à résidence sous surveillance électronique, avant d’être placée sous contrôle judiciaire. Cette décision peut faire l’objet d’un appel.

Ce vendredi 30 mai, après plus de quatre années derrière les barreaux, pour atteinte à la sécurité nationale : Kinda Li, Roy Tam, Henry Wong et Jimmy Sham, militants politiques et LGBTQI+ ont été libérés. Jimmy Shan avait dirigé le Front civil des droits de l’homme, l’un des plus grands groupes pro-démocratie, connu pour avoir organisé les gigantesques manifestations anti-gouvernementales de 2019 (voir nos articles ici et ici). Ces 4 militants font partie des 47 militants pro-démocratie arrêtés et inculpés début 2021, en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin. En novembre 2024, 45 des accusés avaient été condamnés à des peines allant de 4 à 10 ans de prison. Ce procès avait marqué un tournant dans la répression du mouvement pro-démocratie (voir notre article ici).

Le ministère turc de l’Intérieur a ouvert une enquête contre les participants au Festival annuel du Parc organisé à Londres par l’Association culturelle des travailleurs migrants (Gik-Der), active depuis 34 ans. La Direction générale de la sécurité a publié une circulaire confidentielle affirmant que Gik-Der entretenait des liens avec une « organisation illégale ». Ce document demandait que les personnes identifiées comme ayant participé au festival soient arrêtées et interrogées.

Plus de 30 personnes ayant chanté des chants folkloriques, dansé, dessiné ou participé à des activités pour enfants lors du festival ont fait l’objet de mandats d’arrêt. Parmi elles figurent des enfants et des membres d’une chorale de femmes. Gik-Der s’apprête à intenter une action en dommages et intérêts contre des représentants de l’État turc, qualifiant ces enquêtes d’« absurdes ». Lors d’une conférence de presse à Londres, Bedriye Avcil, coprésidente de Gik-Der, et Mehmet Ovayolu, avocat, ont appelé à la solidarité sociale contre cette tentative de criminalisation.