Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Trois personnes ont été interpellées mardi 2 décembre dans la région de Bastia dans le cadre d’une information judiciaire pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme », une opération menée par la Sous-direction antiterroriste. Ces arrestations seraient liées à la distribution de tracts du Front de libération nationale corse (FLNC) lors d’une réunion étudiante à Corte le 28 février 2024, où deux individus cagoulés avaient appelé à poursuivre la « lutte de libération nationale » et à rejoindre « l’action clandestine ». Cet épisode, survenu en pleine séquence politique autour des discussions sur l’autonomie de la Corse et à l’approche des deux ans de la mort d’Yvan Colonna (voir notre article), avait déjà déclenché une enquête pour « apologie du terrorisme ».

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Le ministère de l’Intérieur a annoncé porter plainte contre le jeu de cartes « Fachorama », créé par le collectif antifasciste La Horde et la maison d’édition Libertalia (voir ici). Parodiant le jeu des sept familles, « Fachorama » met en scène diverses figures politiques et essayistes d’extrême droite, dont une carte intitulée « Flic raciste de la BAC ». Le syndicat de police Alliance a dénoncé le jeu comme une insulte, demandant son retrait immédiat des magasins et plateformes en ligne. Libertalia, déjà à l’origine du jeu « Antifa » en 2022, assume le message de son jeu et affirme vouloir dénoncer les violences policières.

La libération conditionnelle de Mehmet Sait Yıldırım, prisonnier malade détenu depuis 31 ans à la prison de Buca Kırıklar, a été une nouvelle fois reportée, cette fois jusqu’au 27 août 2026. La décision a été justifiée par le comité de surveillance au motif que le détenu « ne montrait pas de bonne conduite » et « ne faisait pas preuve de remords ». Son avocate, Fatma Demirer, dénonce une décision arbitraire, soulignant que Yıldırım, âgé de 74 ans et souffrant de graves problèmes de santé, dont une maladie cardiaque, est confiné en cellule individuelle depuis huit ans et que des échanges téléphoniques avec sa famille ont été utilisés à tort pour bloquer sa libération. Condamné à perpétuité en 1995 pour son rôle important au sein du PKK, Yıldırım a affirmé qu’il souhaitait retrouver sa liberté « sans que son honneur soit bafoué ».

Bogdan Yakimenko, antifasciste accusé d’appartenir au groupe « Antifa United » et poursuivi pour « extrémisme », a été amené au tribunal d’Izmailovo à Moscou avec le bras droit plâtré et en écharpe. Malgré son état et sa demande de reporter l’audience, le juge l’a interrogé, s’appuyant sur un certificat médical autorisant sa participation. Yakimenko a affirmé n’avoir été qu’un simple abonné du groupe sur VKontakte, dont les publications portaient selon lui sur des questions politiques et la lutte contre le fascisme, et a nié toute implication dans des actes illégaux ou la coordination d’actions. Il a également critiqué l’expertise qui qualifiait le groupe d’« ukrainien et anarcho-marxiste », pointant le biais selon lui lié à ses origines ukrainiennes. Les accusations du parquet concernent la création d’un réseau extrémiste visant à inciter d’autres personnes à commettre des crimes, impliquant plusieurs coaccusés.

L’Inde a ordonné aux fabricants et importateurs de téléphones destinés au marché intérieur de préinstaller l’application gouvernementale Sanchar Saathi sur les nouveaux appareils, dans le but de prévenir les fraudes télécoms et de renforcer la cybersécurité. Les entreprises devront également proposer son ajout sur les appareils déjà en circulation via des mises à jour logicielles. Si le ministre des Communications, Jyotiraditya Scindia, assure que l’application n’est pas obligatoire et peut être désinstallée, de nombreuses organisations dénoncent une mesure anticonstitutionnelle permettant de surveiller les citoyens.

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L’organisation de défense des droits humains Karapatan a publié une infographie présentant un état des lieux des prisonniers politiques aux Philippines en novembre 2025. Elle indique qu’au total 696 personnes sont détenues pour des motifs politiques, dont 163 ont été arrêtées sous la présidence de Marcos Jr. Parmi ces détenus figurent 136 femmes, 93 personnes âgées et 89 prisonniers malades. L’infographie signale également la présence de 12 consultants ou membres du NDFP (National Democratic Front of the Philippines) parmi les prisonniers. Par ailleurs, l’organisation souligne qu’il y a eu 134 exécutions extrajudiciaires et 822 arrestations arbitraires entre juillet 2022 et novembre 2025.

L’armée allemande a révélé qu’environ 20 000 cartouches ont été dérobées sur un parking non surveillé près de Magdebourg, où un chauffeur civil transportant les munitions avait fait halte pour la nuit. Le vol, découvert seulement à la livraison en caserne, fait l’objet d’une enquête policière qui reste confidentielle, tandis que la Bundeswehr (l’armée nationale de la République fédérale d’Allemagne) refuse de préciser le type de munitions dérobées. Selon des sources citées par Der Spiegel, l’opération semble avoir été préparée, les voleurs ayant probablement repéré le transport avant de profiter d’un arrêt imprévu du conducteur, ajoutant un nouveau scandale à une armée déjà fragilisée.

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L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, la NSA et le FBI alertent sur la montée des logiciels espions capables de contourner les protections classiques des smartphones, allant jusqu’à simuler un redémarrage pour continuer à fonctionner à l’insu de l’utilisateur. Selon leurs dernières recommandations, un simple redémarrage ne suffit plus : seule une extinction complète et régulière — idéale chaque soir ou au moins plusieurs fois par semaine — permet de stopper efficacement ces malwares. Les agences appellent également à adopter quelques réflexes simples, comme couper le Wi-Fi, le Bluetooth et le NFC hors usage, éviter les réseaux publics, appliquer rapidement les mises à jour et rester vigilant face aux liens ou pièces jointes douteux. Des gestes basiques, mais décisifs pour réduire les risques d’intrusion.

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Le gouvernement belge a validé l’acquisition d’un nouvel outil d’interception pour la Sûreté de l’État, présenté comme un moyen de renforcer ses capacités technologiques, mais décrit comme un logiciel espion comparable à Pegasus ou Predator. Destiné à infiltrer téléphones et ordinateurs afin d’en extraire toutes les données, ce dispositif plus performant que celui déjà utilisé reste entouré de secret, aucun détail n’ayant filtré sur son origine ou son fournisseur. Son utilisation restera soumise aux règles encadrant les « méthodes particulières de renseignement », qui exigent une justification de nécessité et de proportionnalité. Cet achat s’inscrit dans une augmentation de 10 % du budget de la Sûreté, consacrée à la modernisation technologique sur l’ensemble de la législature.

La Cour de cassation a confirmé la condamnation à huit mois de prison ferme de Jean-Marc Rouillan pour des propos qualifiés d’« apologie du terrorisme », malgré un arrêt de la CEDH de 2022 jugeant disproportionnée la précédente sanction infligée pour les mêmes faits. En confirmant cette peine, les juridictions françaises s’écartent ouvertement de la jurisprudence européenne, une situation que l’avocat du militant dénonce comme une « hérésie juridique » et qui le conduit à engager une nouvelle saisine de la CEDH. Cette affaire s’inscrit dans un climat plus général de durcissement répressif, où l’accusation d’« apologie du terrorisme » sert de plus en plus à cibler les soutiens à la cause palestinienne, comme en témoignent les procédures visant de nombreux militants, dont le porte-parole d’Urgence Palestine, Omar Alsoumi (voir notre article).