Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Nous livrerons sous forme de feuilleton une série d’articles tirés par la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf)  réalisée par  Carapatage  avec une première livraison relative aux téléphones portables.

En 2023, 53 000 portables qui ont été saisis dans les prisons en France. Les très petits portables étant sous le seuil de sensibilité des détecteurs de métaux classiques, une nouvelle génération de portiques à ondes millimétriques (POM – photo), a été mise en place depuis 2011 dans plusieurs prisons françaises. Ces POM permettent de voir à l’écran la présence d’objets métalliques, plastiques, liquides, semi-liquides, en papier, y compris lorsqu’ils sont dissimulés.

En 2024, sur les 187 prisons françaises, 18 disposent d’un brouillage sur tout l’établissement et 90 d’un brouillage partiel sur le quartier d’isolement. Le brouilleur émet un signal plus puissant sur la fréquence ciblée, créant ainsi de multiples interférences. Cependant, les brouilleurs sont chers, leur fonctionnement est gêné par la qualité d’obstacle (murs en béton armé, grilles, barreaudages, etc.), ils sont déjà en partie obsolète avec la 4G, ils brouillent les ondes dans le voisinage de la prison, et certains détenus utilisent des petits routeurs qui permettent de contourner les brouilleurs…À la prison de la Santé (Paris), réouverte en 2019, les brouilleurs ne fonctionnent vraiment que pour la 2G et la 3G et seulement au rez-de-chaussée ! Et cela coûte 7 millions d’euros par an…

Mercredi matin, le FBI, la police de l’État du Michigan et les juridictions locales, ont exécuté une série de mandats de perquisition contre plusieurs personnes à plusieurs endroits. Au moins trois personnes ont été brièvement détenues lors du raid d’Ypsilanti. Les habitants présents ont été sortis sur le porche, menottés avant que les agents ne les relâchent 15 minutes plus tard. Deux autres personnes ont été détenues lors de la perquisition d’Ann Arbor. L’ICE ( United States Immigration and Customs Enforcement ) n’était pas présente et ne serait pas liée à ces recherches. Les fouilles ont eu lieu dans 3 domiciles de militants pro-palestiniens de l’Université du Michigan, les agents ont confisqué du matériel électronique. Une enquête est ouverte sur des actes militants ayant eu lieu à Ann Arbor, ces actes ne sont pas liés aux manifestations, ni à l’occupant du campus de l’université du Michigan.

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La commune d’Ixelles votera, ce jeudi 24 avril,  l’usage de drones policiers équipés de caméras mobiles. Une mesure qui semble avoir été testée en toute discrétion depuis le 15 avril. Ces drones seront utilisés pour débusquer des crimes et délits, mais aussi pour verbaliser de simples infractions dites « incivilités ». Une vague notion, rien n’est défini, et reste sujet à interprétation :quels actes seront  jugés « inciviles », qui verbalisera, que deviendront les données recueillies par ces caméras mobiles et qui y aura accès ? Que viseront les forces de l’ordre, un rassemblement, une prise de parole publique, un drapeau palestinien trop visible ? Les possibilités d’intervention sont nombreuses, les critères sont flous. La zone de police Bruxelles Capitale Ixelles justifie cet usage par plusieurs objectifs : enregistrer le déroulement des interventions policières, améliorer la traçabilité et le compte rendu des opérations aux autorités administrative et judiciaire, accroître la sécurité des fonctionnaires de police, réduire le nombre de faits de violence ainsi que les plaintes infondées à l’encontre des agents. Derrière ces objectifs, on décèle une logique orientée : des drones pour la sécurité des agent-es pas pour les citoyens et les militants.

Nouvelle nuit agitée dans au moins 5 départements pour l’administration pénitentiaire. Dans la nuit du 20 au 21 avril, plusieurs prisons ont été attaquées avec toujours le même message tagué: DDPF (Droits Des Prisonniers Français). À Nantes, la prison s’est réveillée avec des tags et un début d’incendie. Dans le Calvados, cinq véhicules ont été dégradés devant les locaux du SPIP (Services pénitentiaires d’insertion et de probation). À Fresnes, un agent a  été visé par des menaces. À Beauvais, un agent a découvert devant son domicile un tag « DDPF » sur sa voiture.

Dans l’Isère, à Varces, 3 personnes ont été contrôlées à 200 mètres de la prison, en possession d’un jerrican d’essence dans le coffre de leur véhicule. La police tente de savoir s’il s’agissait d’une tentative de passage à l’acte. Lyon, deux véhicules ont été incendiés vers minuit sur le parking sécurisé de la maison d’arrêt de Corbas. Un mineur a été interpellé quelques heures plus tard près de la prison et placé en garde à vue. Il est soupçonné d’avoir voulu commettre « un acte de malveillance ». À Villefontaine dans l’Isère, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d’une maison a été incendiée et des impacts de tirs découverts sur la façade, l’inscription « DDPF » a été retrouvé taguée sur le domicile d’un agent pénitentiaire. Une seconde habitation a elle aussi été ciblée. Villefranche-sur-Saône, une voiture appartenant à un surveillant a également brûlé dans la nuit sur un parking proche de la prison. Mi-avril, plusieurs établissements pénitentiaires et surveillants avaient été pris pour cible en France ( nos articles ici et ici )

Une crise a récemment éclaté au sein de la police fédérale. Le syndicat libéral SLFP dénonce une “crise éthique et administrative” au sommet de la police fédérale, visant commissaire général Eric Snoeck, nommé à la tête de la police fédérale. Selon le SLFP: “Notre confiance dans le commissaire général et sa politique est inexistante.” Le syndicat libéral fait référence à un rapport qui repose sur une enquête menée auprès de plus de 1.700 policiers impliqués dans des enquêtes sur le crime organisé, la criminalité liée aux drogues, la fraude financière et la corruption. Il fait état de “conflits persistants” sur le lieu de travail et de harcèlement, mais aussi d’un manque de confiance envers la direction, de tensions avec la hiérarchie, et d’une véritable “culture de la peur”.

L’enquête a été menée il y a deux ans, mais les résultats n’ont été communiqués aux syndicats que récemment. Le SLFP affirme qu’il y a eu une tentative d’étouffement de l’affaire pour protéger Snoeck: celui-ci était, entre 2019 et 2023, à la tête de la police judiciaire, ces résultats alarmants sont apparus sous sa direction. Le SLFP estime que si Snoeck ne les a pas partagés à l’époque avec les syndicats ou les membres du personnel, c’était pour ne pas compromettre sa nomination à la tête de la police fédérale. La porte-parole de la police fédérale nie toute volonté de dissimulation,

Le mardi 22 avril, les familles de prisonniers politiques condamnés à mort ont une nouvelle fois organisé une manifestation devant la prison d’Evin à Téhéran. Cette mobilisation hebdomadaire vise à dénoncer la généralisation des condamnations à mort en Iran, la coupure des contacts téléphoniques et les restrictions imposées aux prisonniers politiques en matière d’accès aux services financiers. Les manifestants brandissaient les portraits de leurs proches emprisonnés ainsi que des pancartes portant des slogans tels que « Non à la peine de mort » et « Abolition de la peine capitale ».

Après une période de plusieurs semaines sans bombardement, période concomitante avec la trève et les négociations entre le Rojava démocratique et le nouveau pouvoir islamiste de Damas, les frappes aériennes turques ont repris sur le Rojava. Le 17 avril, une frappe de drone a eu lieu près de Suluk, à quelques kilomètres de Girê Spî (Tal Abyad), une ville occupée par les Turcs et leur proxys. Il n’est pas clair si il s’agit d’une frappe des Turcs ou de leurs supplétifs de l’ANS. Il est par contre certain que la frappe qui a tué un responsable de la milice popuplaire d’autodéfense du Rojava le 19 avril, à Al-Tarwazia, dans la région de Raqqa (photo), était le fait de l’aviation turque.

Par ailleur, les forces de sécurité du Rojava ont fait l’objet le 22 avril de six attaques de harcèlement à l’arme automatique et au RPG dans la région de Deir ez-Zor faisant un total de trois blessés. Ces attaques n’ont pas été revendiquées. Le 14 avril, trois attaques dans la même région ont fait deux morts et trois blessés parmis les SDF. Ces attaques là avaient été revendiquées par le Daesh.

Esila Ayik, étudiante en photographie à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Gand (KASK), avait décidé de se rendre en Turquie pour 3 semaines afin d’y voir sa famille et participer aux manifestations contre le régime du président Recep Tayyip Erdogan. Des milliers d’étudiants et citoyens turcs sont descendus dans les rues d’Istanbul et d’autres villes, la répression ne s’est pas fait attendre et des centaines d’étudiants ont été arrêtés dans la foulée, dont Esila Ayik ( voir article ici ). Lors de la manifestation anti-gouvernementale à Istanbul, elle avait brandi une pancarte où il était mentionné « Dictateur Erdogan ». Elle est détenue sans perspectives de procès à ce stade et pour l’unique accusation « d’offense au chef de l’État ». Incarcérée dans des conditions difficiles, elle ne bénéficie d’aucun soin alors qu’elle souffre d’une affection cardiaque et de problèmes rénaux. Esila Ayik est citoyenne turque et ne possède pas la nationalité belge. Le corps professoral de la KASK appelle néanmoins l’ambassade belge au dialogue avec les autorités turques en vue d’obtenir sa libération.

 

Prison de Lleida, un ordre a été donné pour forcer Pablo Hasel à partager une cellule, depuis qu’il est entré en prison en 2021 ( notre article ici ), grâce à la campagne de solidarité, ce droit a été respecté durant 4 années. Quoi qu’il en coûte, Pablo restera ferme jusqu’à la fin de son incarcération. Maintenant que le PSC ( Parti des socialistes de Catalogne) a pris les commandes, il veut apparemment être encore plus féroce en violant ainsi les droits les plus élémentaires de Pablo en tant que prisonnier. L’enfermement dans une cellule individuelle est un droit reconnu par la législation pénitentiaire. Pablo a été clair : s’ils veulent le priver de ce droit, ils devront l’isoler.

Vladimir Poutine a promulgué, lundi 21 avril, une série de lois visant à verrouiller toute expression opposée à sa politique, notamment la guerre menée contre l’Ukraine depuis 2022. Le discrédit contre l’armée russe et les appels aux sanctions sont réprimées depuis mars 2022, ces infractions étaient sanctionnées par des amendes. Désormais, elles relèvent du pénal, des peines de prison seront prononcées contre les opposants. Une interdiction toute nouvelle entre également en vigueur : « Aider à mettre en œuvre les décisions d’organisations internationales dont Moscou ne fait pas partie », cela inclu la Cour pénale internationale (CPI) qui a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine en 2023. Durcissement des restrictions contre les « agents de l’étranger » étiquette assignée pour désigner les détracteurs du Kremlin, ce statut fait l’objet, ces derniers mois, de nouvelles contraintes et obligations toujours plus nombreuses. Une liste, mise à jour chaque vendredi soir, comprend un millier de personnes et d’organisations, parmi lesquelles des musiciens, des écrivains et des journalistes.