Nous écrivions hier (ici) que la société italienne ‘Hacking Team’ avait été piratée. On sait à présent qu’il va falloir un certain temps avant de réaliser à quel point ils ont été ridiculisés. ‘Hacking Team’ est une société d’espionnage privée qui vent des logiciels espions à des gouvernements, des polices, des services de renseignements et autres agences gouvernementales. Leur produit phare, RCS, est un virus qui peut infecter n’importe quel système d’exploitation pour rapporter des informations au commanditaire. Jusqu’à présent, la Belgique ne semble pas faire partie de la liste des clients de cette société, mais il va falloir un certain temps pour que les 400Go de données soient traités par les différents analystes.

Qui plus est, le hacker a communiqué avec des journalistes : il aurait prit tout ce qu’il y avait à prendre sur les serveurs, plus d’1To (1000Go) de données. On peut donc supposer que d’autres informations pourraient fuiter sous peu. C’est (selon notre décompte, possiblement incomplet) au moins la quatrième fois que ‘Hacking Team’ fait face à une fuite. Depuis plusieurs années, des versions de son virus apparaissent sur la toile (envois anonymes à des éditeurs d’antivirus, à Wikileaks,…), forçant probablement les développeurs à ré-écrire leur virus pour éviter d’être détectés.

Dans l’une des conversations e-mail interne à l’entreprise, on peut voir deux employés discuter de PGP « Pourquoi n’utilisons nous pas PGP pour protéger nos e-mails? » demande le premier. L’autre lui répond « Nous n’avons rien à cacher ». ‘Hacking Team’ vendait pourtant son logiciel au Soudan, ce cas particulier étant illégal. Dans les abondantes conversations, on peut aussi voir des développeurs de Tor, de Wikileaks et d’autres ingénieurs en sécurité être insultés grassement, le PDG de ‘Hacking Team’ qui fait part de son avis concernant le bombardement de l’Iran à des fonctionnaires américains, etc…

Les clients de ‘Hacking Team’ ont reçu ce matin un e-mail leur conseillant très vivement de désactiver les copies de RCS qui sont en circulation. RCS est à présent compromis et pourra être détecté, en plus d’être repris par d’autres hackers : puisque la firme italienne avait installé -sans le dire à ses clients- une porte dérobée dans son logiciel, qui lui permettait de reprendre la main. Devant un tel bide, la société pourrait peut-être mettre la clé sous la porte.

Concernant la méthode, on sait à présent que ce sont deux employés -haut placés- de la société qui ont été piratés (leur mot de passe était ‘mot de passe’…) Ceux-ci avaient accès à la totalité du contenu des serveurs de la société. Le pirate serait la même personne qui avait piraté Gamma (éditeur de l’autre célèbre virus espion ‘FinFisher’). Il a publié les 400Go sur Bittorrent. Le fichier torrent a été diffusé via le site de partage de fichiers Mega. Les fichiers peuvent également être consultés -avec prudence- sur ce site.

Edit : Deux communiqués viennent d’être publiés : le premier de Hacking Team, qui prétend avoir été victime d’une attaque « d’un très haut niveau technique, possiblement venue d’un groupe politique organisé ou d’un gouvernement ». Ce qui ne tient absolument pas debout. Le second est le témoignage de divers experts informatiques qui relativisent la « puissance de feu » de Hacking Team : les failles utilisées sont toutes très anciennes (Win32k, Flash, Word, Java,…), les attaques contre Mac OSX n’ont pas été mises à jour récemment et les attaques contre iOS et Android nécéssitaient la plupart du temps un appareil rooté/jailbraiké.

Christian Pozzi va avoir du mal à retrouver du travail tout de suite. Son mot de passe:

Christian Pozzi va avoir du mal à retrouver du travail tout de suite. Son mot de passe:

Le 31 mai dernier, l’Organisation Milice pour la Justice Populaire avait revendiqué l’exécution du gardien chef de la prison de Domokos (voir notre article). Cette annonce faisait suite à un raid anti-terroriste contre trois personnes qui vivaient depuis plusieurs années dans la clandestinité et qui étaient accusées d’un braquage, le raid a eu lieu le 29 mai. Peu après son arrestation, Spyros Dravilas, l’un des trois arrêtés, s’était suicidé en se tirant une balle de revolver dans la bouche. Il est évidemment impossible d’être certain que ce n’est pas un meurtre policier maquillé, toutefois, ni ses camarades ni sa famille n’ont nié le suicide. La police voulait faire porter le chapeau de l’exécution du gardien-chef de Domokos à Dravilas, c’est probablement ce qui a déclenché la publication d’un communiqué de revendication de la part de l’Organisation-Milice pour la Justice Populaire.

Les deux personnes qui ont été arrêtées à ses côtés, Grigoris Tsironis (militant anarchiste de longue date) et Spyros Christodoulou (qui comme Spyros Dravilas était un illégaliste proche du milieu anarchiste) ont été amenées devant le procureur le 2 juin alors qu’une cinquantaine de solidaires s’étaient rassemblées devant le tribunal. De légers affrontements ont éclaté entre manifestants et policiers, ceux-ci empêchant tout contact oculaire entre les prisonniers et les manifestants. Grigoris et Spyros C. ont été transférés respectivement aux prisons de Trikala et Alikarnassos (en Crète), après qu’on leur ait prélevé de force un échantillon d’ADN.

Des personnes solidaires des 3 arrêtés ont publié un communiqué expliquant l’acte de Spyros D. par les nombreuses périodes d’emprisonnement, d’évasion et de clandestinité que celui-ci avait déjà vécu par le passé.

Grèce : Plus d’infos sur la mort de Spyros Dravillas et les arrestations de Tsironis et Christodoulou

Le KCK, Groupe des Communautés du Kurdistan, organisation transnationale dont sont membres les organisations kurdes proches du PKK en Turquie, en Syrie, en Iran et en Irak a fait une déclaration aujourd’hui suite à une enième demande de désarmement de la part d’Ocalan et une autre du HDP (parti d’union de la gauche en Turquie qui vient de remporter un score historique aux dernières élections). Dans cette déclaration, le KCK déclare que « Pour le moment, ni Abdullah Ocalan, ni le HDP ne peuvent appeler au désarmement tant que notre leader emprisonné (Ocalan) ne sera pas libéré. Ensuite nous commenceront à négocier le désarmement […] Il est impossible de désarmer nos guérillas parce que notre leader est en prison et personne ne devrait imposer le désarmement des guérillas du PKK en forcant Ocalan. Même s’il nous appelle à désarmer, nous savons qu’il est forcé à le faire. […] Le Parti Démocratique du Peuple (HDP) ne peut pas nous forcer à désarmer puisqu’ils ne sont pas membres du PKK. » Le KCK a également déclaré que tant que la question kurde ne serait pas réglée, le PKK ne se retirera pas de ses positions.

Déclaration du KCK.

Déclaration du KCK.

Le jugement définitif dans l’affaire dite du KCK de la ville de Van a été rendu ce mercredi: les 16 militants qui étaient en procès depuis 2012 ont été condamné à un total de 149 ans de prison. Il s’agit du maire de la vill de Çelebibağı, Veysel Keser, un conseiller municipal de la ville de Van, Sait Kantarcıoğlu, d’anciens responsables régionaux du BDP, le Parti de la Paix et de la Démocratie, (Yakup Ataş, Naci Erkol, Naif Ugras, Naim Işık, Fevziye Siran, Semira Varlı, Hüseyin Dağ, İbrahim Alkan, İsmail Demir, Selahattin Bozkurt, Sénar Elter et Adil Adıyaman) et des militants syndicaux et associatifs (Meral Güngör, Ishak Arslan). Huit accusés avaient été libérés à la première audience et les huit autres lors de la deuxième audience, un an et demi plus tard. Le KCK (Koma Civakên Kurdistan, « Groupe des communautés du Kurdistan ») est la plus large des organisations Kurde, sa direction est une sorte de parlement. Accusée d’être le paravent du PKK, elle fait l’objet de procès dans tout le Kurdistan mais aussi à Istanbul.

Au tribunal de Van, İsmail Demir a été condamné à 12 ans et 6 mois, Naif Oğraş à 11 ans et 3 mois, M. Naim Işık à 11 ans et 3 mois, Sait Kantarcıoğlu à 12 ans et 6 mois, Veysel Keser à 12 ans et 6 mois, Semira Varlı 10 ans, Fevziye Siran à 11 ans et 3 mois, Hüseyin Dağ à 12 ans et 6 mois, Naci Erkol 7 ans et 6 mois , Sénar Elter à 7 ans et 6 mois, Adil Adıyaman à 7 ans et 6 mois, Meral Güngör à 11 ans et 3 mois, Selahattin Bozkurt à 6 ans et 3 mois, İbrahim Alkan 7 ans et 6 mois, Isak Arslan à 7 ans et 6 mois, tandis que Yakup Ataş a été acquitté.

Les militants kurdes condamnés du procès KCK de Van

Les militants kurdes condamnés du procès KCK de Van

En début de semaine, les forces de sécurité ont arrêté huit personnes qu’elles accusent d’être des maoïstes suite à une fusillade avec elles dans le district de Muzaffarpur (Bihar). Sur base d’un tuyau, les autorités ont envoyé des membres de la CRPF, de la STF et de la police locale faire une descente dans le village de Suhasi à la recherche d’un groupe de guérilleros présumés qui s’y cachaient, selon cette source. Ces derniers auraient tenté de prendre la fuite, tirant des dizaines de coups de feu. Les soldats ont tiré également, entraînant une longue fusillade à l’issue de laquelle un homme a été blessé. Outre celui-ci, les soldats ont arrêté sept autres personnes et ont saisi deux fusils et des explosifs.

Quatre soldats turcs ont été blessés, hier samedi, lors d’affrontements avec des militants du PKK. Les militaires avaient été envoyé pour mettee fin à une fête du nouval an kurde. Un civil a été tué et un autre blessé. Des hélicoptères, des avions de reconnaissance et une unité de commando ont été envoyés dans la région d’Agri, frontalière avec l’Iran, où les affrontements se poursuivaient.

Les commandos turcs quadrillent la région d’Agri

Les commandos turcs quadrillent la région d'Agri

La manifestation, qui réunissait 75.000 personnes selon les orgnisateurs (syndicats, organisatinos sociales et étudiantes), est partie du Square Victoria à 13h. Vers 15h, le gris de la manifestation a mis fin à sa marche au parc Émilie-Gamelin, juste à côté de l’Université du Québec à Montréal et de la gare d’autobus. Un autre groupe a poursuivit sa marche jusqu’à l’avenue Maisonneuve, une artère importante, qui a été bloquée. Les policiers sont alors intervenus en lançant des capsules de gaz irritant. Après 16h, les manifestants ont regagné le terrain qu’ils avaient perdu, certains ont lancé des bouteilles et autres projectiles aux policiers. Des manifestants ont placé des tables et des clôtures métalliques devant les policiers pour former une barricade et les empêcher d’approcher. À 17h15, le Groupe tactique d’intervention a chargé les manifestants, retirant les barricades.

Il s’agissait de la plus importante manifestation à Montréal des deux dernières années. Deux personnes ont été interpellées en vertu du règlement municipal P-6, l’un pour port de masque, l’autre pour refus d’obtempérer. Les organisateurs n’ont pas donné l’itinéraire à l’avance au Service de police de la ville de Montréal, bien que cela contrevienne au règlement municipal encadrant les manifestations. Les policiers ont tout de même dû tolérer la manifestation.

Canada: Affrontements après la grande manifestation anti-austérité à Montréal

Un policier a été jugé coupable d’avoir fait, le 14 octobre 2010, un usage disproportionné de la force, hors de toute légitime défense, en tirant avec son flash-ball sur Geoffrey Tidjani, 16 ans à l’époque, qui tentait de bloquer un lycée de Montreuil (Seine-Saint-Denis). L’adolescent avait été grièvement blessé au visage. Le policier a aussi falsifié le procès-verbal rédigé après les événements, prétendant avoir été sous une pluie de projectile, ce qui aurait pu entraîner la condamnation du lycéen. Le policier a été condamné à un an de prison avec sursis, un an d’interdiction d’exercice et deux ans d’interdiction de port d’arme. Une décision rarissime dans les affaires de bavures dues au flash-ball.

La balle en plastique de 4 cm de diamètre avait provoqué des fractures multiples de la face, une hémorragie dans l’œil et des fractures du nez. Il avait fallu six interventions chirurgicales pour sauver l’œil et il aura toujours une opération de la cataracte à faire tous les cinq à dix ans. Le lycéen doit encore se faire opérer de la cloison nasale pour des sinusites chroniques.

France: Un policier (symboliquement) condamné pour avoir blessé un lycéen avec son flash-ball

Plusieurs centaines de Palestiniens ont défilé comme chaque année à cette époque, en réclamant la réouverture de la rue Al-Shouhada (martyrs en arabe), qui était autrefois une des rues commerçantes les plus actives de la région mais a été fermée par les Israéliens. La manifestation a rapidement tourné à l’affrontement: les manifestants lançant des pierres et de puissants pétards, et les soldats israéliens tirant des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

A Hébron, plus grande ville de Cisjordanie, 700 colons juifs vivent au beau milieu de plus de 200.000 Palestiniens, sous la protection des forces de sécurité israéliennes. Une partie du centre historique en particulier, le long de la rue Al-Shouhada, a été transformée en camp retranché protégé par des miradors et du fil barbelé. La manifestation annuelle de vendredi marquait l’anniversaire du massacre commis le 25 février 1994 au fusil d’assaut par un israélo-américain qui a tué 29 fidèles musulmans en prière dans la mosquée d’Ibrahim. La rue Al-Shouhada a été fermée par les Israéliens après ce massacre et est depuis une rue fantôme. Par contagion, des rues entières d’échoppes palestiniennes ont tiré le rideau.

Palestine: Affrontements à Hébron

Des matériaux explosifs de haute puissances, deux mines, 5000 mètres de fils électrique, des médicaments, des uniformes, des liquides chimiques, de la littérature maoïstes et des manuels électroniques pour l’armée rouge des maoïstes détaillant leurs tactiques de guerre ont été saisis au cours d’une vaste opération longue de trois jours menées par la CRPF, la Special Task Force et la police locale dans le district de Munger (Bihar). Exposant le matériel saisi dans les camps maoïstes situés dans les districts de Munger, de Lakhisarai et du Jamui à la presse samedi soir, les autorités ont annoncé l’arrestation de trois présumés maoïstes au cours de cette même opération. Selon elles, d’autres guérilleros seraient parvenus à leur échapper, tirant profit des montagnes environnantes. Le commissaire local a également annoncé que 50 IED posés par les guérilleros sur une des collines pour faire sauter un bataillon CRPF participant à cette opération ont été détruits par la police. D’après lui, au moins six campements d’entrainement ont été démantelés. Il a ajouté qu’un calicot, sur lequel était imprimé ‘Laal Salam to Lenin, Stalin and Mao’ avait été saisi dans un de ces camps.