Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Lundi 11 février, Soufian Al -Nguad passera en appel de sa condamnation rendue en octobre 2018 par le tribunal de Tétouan. Le tribunal l’a condamné à deux ans de prison ferme et à une amende de 20.000 dirhams (1.850 euros) pour un post sur facebook et pour sa participation à une manifestation dénonçant la mort d’une jeune étudiante, Hayat Belkacem, tuée le 25 septembre par la Marine marocaine alors qu’elle tentait de gagner clandestinement les côtes espagnoles en bateau. Il avait été interpellé début octobre, après une manifestation lors d’un match de football le 30 septembre à Tétouan où le groupe des ultras « Los Matadores » du club de football local avait manifesté et porté des habits noirs en signe de deuil pour protester contre le décès de Hayat Belkacem.

Dix-neuf supporters âgés de 14 à 23 ans sont également jugés à Tétouan pour avoir manifesté le soir du même match. Les supporters avaient été arrêtés peu après pour avoir brandi des drapeaux espagnols et crié des slogans comme « Viva España » ( « Vive l’Espagne ») lors du match. Ils avaient aussi manifesté sur le chemin du stade en appelant à « venger Hayat ».

Soufian Al -Nguad

Soufian Al -Nguad

La police soudanaise a dispersé par la force mardi, plusieurs manifestations à Khartoum et à Omdurman, la deuxième ville du pays. Des dizaines d’étudiants de l’université de Khartoum ont été dispersés par des gaz lacrymogènes après s’être rassemblés devant le campus universitaire au centre de Khartoum. Plusieurs manifestants ont été arrêtés par la police. Une autre manifestation menée par des avocats devant la Cour suprême du Soudan, a également été dispersée par la police. Une troisième manifestation organisée par des enseignants devant le ministère soudanais de l’Education a également été dispersée.

La ville d’Omdurman a également été le théâtre de plusieurs manifestations, dont une organisée par des universitaires et des médecins. Depuis le 19 décembre dernier, des manifestations contre la dégradation des conditions de vie ont eu lieu dans plusieurs villes soudanaises, notamment à Khartoum, dont certaines ont été violentes. Les autorités font état de 31 morts, tandis que les organisations de défense des droits de l’homme parlent de 40 morts. Pour leur part, des activistes et des partis de l’opposition avancent le chiffre de 50 morts.

Manifestation à Khartoum

Manifestation à Khartoum

Le prisonnier palestinien Fares Baroud, âgé de 51 ans, du camp de réfugiés d’al-Shati à Gaza, est décédé mercredi 6 février, quelques heures à peine après avoir été subitement transféré aux soins intensifs à la prison de Ramon. Baroud souffrait d’un certain nombre de problèmes de santé: il souffrait d’une hernie, avait perdu 80% de sa vue et d’une grave maladie du foie. Il avait dénoncé à plusieurs reprises de négligence médicale et de refus du traitement médical nécessaire pour les prisonniers palestiniens.

Emprisonné depuis 1991 pour son implication supposée dans l’exécution d’un colon à Gaza, Baroud était l’un des prisonniers qui devaient être libérés en 2013 dans le cadre des négociations avec l’Autorité palestinienne. Israël avait violé l’accord, refusant de libérer les 30 derniers prisonnierss, dont Baroud. Baroud s’était vu refuser des visites de sa famille depuis 18 ans. Sa mort a provoqué une protestation dans des prisons israéliennes. Une fermeture et un confinement ont été imposés dans les prisons de Ramon et de Nafha. Baroud est le 218e prisonnier palestinien à mourir dans les prisons israéliennes, beaucoup en raison de négligence médicale, de maltraitance ou de déni des soins de santé nécessaires.

Fares Mohammad Baroud

Fares Mohammad Baroud

Les étudiants de plusieurs universités sud-africaines ont manifestés lundi pour revendiquer des meilleurs transports, de meilleurs installations et une aide aux étudiants pauvres. Suite à cela, le Conseil des représentants des étudiants (SRC) de l’Université du Witwatersrand (Wits) a annoncé lundi dans une déclaration qu’il entamerait, avec ses « mandants », une grève de la faim pacifique à partir de mardi matin. Ce mouvement a provoqué mardi des affrontements entre les étudiants en lutte et les forces de sécurité du campus.

Mercredi, au moins une personne a été grièvement blessée lors d’affrontements entre la police et des étudiants manifestants mercredi. Environ 300 étudiants de l’Université de Johannesburg (UJ), du Wits et du Central Johannesburg College ont défilé des campus de Doornfontein (UJ) à Auckland Park Kingsway (APK). En entrant sur les campus, ils ont invité d’autres étudiants à les rejoindre. Les étudiants devaient remettre un mémorandum à la direction du campus APK mais une bagarre a éclaté entre des vigiles et les étudiants à la porte. La police est intervenue en lançant des grenades assourdissantes.

Incidents à la WITS

Incidents à la WITS

Samedi 2 février, Rodrigo Cadete, a été tué avec 9 de ses guérilleros au cours d’une opération militaire au sud de la région de Caqueta. Cadete essayait d’unir les quelques 1700 membres des FARC qui avaient refusés de déposer les armes en 2016 et qui poursuivent le combat sans commandement unifié (voir notre article). Il était considéré comme le commandant en second du groupe le dissidents le plus important dirigé par Gentil Duarte.

Combattants des FARC (archive)

Combattants des FARC (archive)

Deux événements d’hommage à Kendal Breizh auront lieu à Bruxelles ces 8 et 10 février. Kendal était un combattant breton des YPG tué le 10 février 2018 en combattant l’envahisseur turc à Afrin. Avant la bataille d’Afrin, il avait combattu l’État Islamique et défendu la révolution du Rojava.

8 février 14h – Sacco-Vanzetti – 54 Ch. de Forest – 1060 BXL:
départ commun vers le monument aux Brigades Internationales Du cimetière de St-Gilles (Av. du Silence 72, 1180 Uccle) pour une veillée.

10 février 18H – Sacco-Vanzetti – 54 Ch. de Forest – 1060 Bxl
Commémoration et hommages à Kendal Breizh.

Kendal Breizh

Kendal Breizh

Depuis 1990, un vaste mouvement de lutte « No TAV » s’oppose au projet de TGV entre Lyon-Turin. La résistance s’est cristallisée dans la vallée de Suse, à 50km de Turin. L’éventail des luttes est à la mesure de son ancrage: manifestations de masse, occupations de terrains, désobéissance civiles et incendies volontaires. La répression répond massivement par des milliers de poursuites et des centaines de condamnation. Les chantiers transformés en camps retranchés sont défendus par l’armée.

Où en est le No TAV aujourd’hui ? Où en sont les luttes, la répression et la solidarité ? Ce sont quelques-unes des questions qui seront abordées avec Valter Ferrarato, membre du No TAV et de la section turinoise du Secours Rouge. Après avoir été condamné à 9 mois pour avoir résisté face à la police devant le tribunal de Turin le 26 juillet 2013. Le procès d’appel débutera le 26 février.

Conférence/débat en français et en italien ce 17 février à 18h, au Local Sacco-Vanzetti, 54 Chaussée de Forest, 1060 Saint-Gilles.

No Tav

Aujourd’hui, La Haute Cour pénale de Malatya a condamné Gültan Kışanak, maire destituée de Diyarbakir et membre du HDP, à 11 ans et 3 mois d’emprisonnement pour « appartenance à une organisation illégale » (elle était accusée de faire partie du PKK) et à trois autres années d’emprisonnement pour « propagande en faveur d’une organisation illégale ».

Gültan Kışanak est une rescapée de la tristement célèbre prison de Diyarbakir connue pour être une des pires prison au monde au niveau des tortures pratiquées sur les détenus. Première femme élue à la tête de Diyarbakir, elle avait été arrêtée en 2016 (avec son collègue Firat Anli) destituée et remplacée par un administrateur nommé par le gouvernement (voir notre article)

Au cours de cette audience, la Haute Cour Pénale a également prononcé à l’encontre de Sebahat Tuncel, co-présidente du Parti démocratique des régions (DBP), une peine d’emprisonnement de 9 ans et 9 mois pour « appartenance à une organisation illégale et à 5 ans et 3 mois pour faits de « propagande pour une organisation illégale ». Sebahat Tuncel avait été arrêtée en novembre 2016 alors qu’elle protestait contre l’opération politique menée contre les députés du HDP?. Elle n’a pu assister à l’audience car elle est en grève de la faim illimitée et l’objet pour ce fait d’une sanction disciplinaire.

Plus d’infos ici

Gültan Kisanak et Firat Anli (archive)

Gültan Kisanak et Firat Anli (archive)

L’armée israélienne a poursuivi des écoliers alors qu’ils rentraient chez eux, dans le village d’al-Lubban Ash-Sharqiya, au sud de Naplouse, dans la Cisjordanie occupée, provoquant des résidents et conduisant à des affrontements. Les forces d’occupation ont tiré des balles en acier recouvert de caoutchouc et des cartouches de gaz lacrymogène en direction des habitants et de leurs maisons, tirant et blessant un jeune. Les forces ont en outre bloqué les entrées est et nord du village pendant plus de trois heures.

Ecoliers à l’entrée d’al-Lubban Ash-Sharqiya

Ecoliers à l'entrée d'al-Lubban Ash-Sharqiya

Le tribunal de grande instance de Hambourg poursuivait, en vertu de l’article 129b, Musa Aşoğlu, supposé leader du DHKP-C. L’acte d’accusation imputait à Musa toutes sortes de tâches organisationnelles, de l’inspection des stocks d’armes à sa présence aux mariages de sympathisants. Il était surtout accusé d’avoir ordonné l’attaque menée contre l’ambassade des États-Unis à Istanbul (ce pourquoi les USA demande son extradition). Le verdict est tombé aujourd’hui: 6 ans et 9 mois de prison.

Quelques parties de la dernière prise de parole de Musa le 30 janvier:

Depuis le début, je dénonce ce procès politique. Ce n’est pas le premier du genre. Vos tribunaux traitent des dossiers DHKC standardisés dans lesquelles les règles de base du droit ne sont même plus de vigueur.
Ainsi, les peines sont fixées entre 4 et 10 ans de prison. Les preuves d’inculpation ne sont même plus nécessaires. Des gens sont accusés de soutenir la lutte en Turquie avec une argumentation reposant sur des formules imprécises comme « Nous pensons que » ou « nous avons des doutes ». Le procureur affirme que les violations des droits humains en Turquie sont des cas isolés mais pour moi, la torture et la politique de disparition est systématique depuis déjà bien avant Erdogan et toujours selon moi, ce régime porte pour nom le fascisme. Vous n’êtes pas obligés de partager mon analyse politique de ce régime mais vous ne pouvez pas l’appeler démocratique. Le procureur requiert une peine 7,5 ans de prison à mon encontre et précise qu’il ne s’opposera pas à une réduction de peine au vu des conditions de détention dures dans lesquelles j’ai été maintenu. Il parle des 26 mois de conditions d’isolement extrêmes que j’ai subies. Le régime d’isolement n’était nullement une mesure préventive mais acte de vengeance en règle. Même les gardiens de prison les reconnaissent. Pourquoi se venge-t-on de moi? Et comment avez-vous calculé ma souffrance pour que vous en veniez à me proposer une remise de peine ? Ma femme a été maintenue en isolement pendant des années. Elle en a gardé de graves séquelles. Mon père est décédé l’an dernier. On m’a empêché de me rendre à ses funérailles. Ma mère a été refoulée à l’entrée de la prison après avoir parcouru des centaines de kilomètres pour un document qu’elle a oublié.
Ma mère a oublié car elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Une criminelle néo-nazie de la NSU a eu droit à un meilleur traitement: non seulement, elle n’était pas soumise à l’isolement mais en plus elle a pu bénéficier de visites hebdomadaires de sa grand-mère malade sans être séparée par une vitre. Vous ne pouvez comprendre la douleur que j’ai ressenti quand ma mère a collé ses lèvres avec tendresse sur cette vitre sale qui me séparait d’elle. Vous dites à présent que mes conditions de détention étaient dures. Je ne veux pas de votre compassion. Mettez-moi au trou 26 mois de plus s’il le faut. Condamnez-moi et qu’on n’en parle plus.

Musa Aşoğlu au tribunal de Hambourg

Musa Aşoğlu au tribunal de Hambourg