Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le conseil des ministres restreint (Kern) a approuvé aujourd’hui vendredi l’avant-projet de loi donné par le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin (MR), pour la fusion des zones de police de Bruxelles. Les six zones de police doivent donc s’attendre à une fusion pour n’avoir plus qu’une seule unité de commandement et un seul collège de police. Avec cette nouvelle loi, le gouvernement entend appliquer une nouvelle organisation pour « mobiliser davantage d’agents plus rapidement et plus efficacement, quel que soit le quartier ». « Elle permettra aussi un échange d’informations direct entre l’ensemble des forces de l’ordre bruxelloises », ajoute le cabinet du ministre.

Cette réforme sera accompagnée d’un soutien financier conséquent : 55 millions d’euros seront alloués sur cinq ans pour accompagner la mise en place de la zone unique. Des incitants sont également prévus pour les autres zones de police du pays qui souhaiteraient s’engager dans une fusion avant décembre 2029. Avec cet ajout, il compte aussi sur une économie de 2 millions d’euros par an avec la réforme prévoit la suppression des conseils de police dans l’ensemble du pays. L’avant-projet de loi se heurte à l’opposition des bourgmestres.

En mars 2022, le Groupe antifasciste Lyon et environs (Gale) était le premier collectif dissous par le gouvernement français et son ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin, en tant que groupe « qui provoque (…) à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens » (voir notre article). Ce nouveau motif de dissolution, créé par la loi séparatisme de 2021, n’avait, jusque-là, jamais été utilisé. La Gale est un groupe antifasciste et libertaire créé en 2013 après la mort de l’antifasciste Clément Méric. Les antifascistes lyonnais ont déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), pour faire reconnaître une « atteinte la liberté d’expression et d’association », explique Agnès Bouquin, avocate du Gale. Le 30 septembre 2024, la juridiction a ouvert une « question aux parties » pour juger l’affaire. L’État français avait jusqu’à fin juin 2025 pour transmettre ses éléments à la CEDH.

Au cours des semaines qui ont suivi la guerre de 12 jours entre l’Iran et Israël (du 13 au 25 juin 2025), le régime iranien a recentré son attention sur l’intérieur du pays. Depuis le 26 juin, entre 700 et 1 000 civils ont été arrêtés, accusés de crimes vagues tels que « propagande » ou liens avec des puissances étrangères. Militants, étudiants, syndicalistes et minorités ethniques sont visés. Au Kurdistan iranien, les partis kurdes font état de plus de 150 arrestations. D’autres minorités, telles que les Arabes ahwazis et les Azerbaïdjanais, ont également été la cible d’attaques.

Le régime a paralysé les communications numériques en coupant l’internet et en désactivant les systèmes GPS dans les principales villes. La surveillance s’est considérablement renforcée, avec l’enregistrement des téléphones portables aux postes de contrôle et l’activité sur les réseaux sociaux utilisée comme preuve de « trahison ». Plus de 600 000 migrants afghans ont été expulsés depuis la guerre. Les médias d’État iraniens ont attisé les sentiments xénophobes afin de détourner la colère interne, et les enfants représentent près d’un quart des personnes déportées.

Après des condamnations à mort de militants baloutches (voir notre article) et kurdes (voir notre article), trois prisonniers politiques supplémentaires — Farshad Etemadi-Far, Masoud Jamei et Alireza Mardasi — ont été condamnés à mort le 13 juillet, après deux ans de torture et d’isolement cellulaire. Ces verdicts ont été rendus par la section 1 du tribunal révolutionnaire d’Ahvaz pour des chefs d’accusation incluant « l’ennemi de Dieu » et l’affiliation présumée à la principale opposition, l’Organisation des Moudjahidine du peuple iranien.

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Ce jeudi 17 juillet, le Parlement russe a voté un projet de loi qui puni la simple recherche en ligne de contenus classés “extrémistes” (LGBTQIA+, Navalny, communisme, etc) élargissant la répression numérique contre les opposants au régime de Poutine. Ce projet de loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 5.000 roubles (environ 55 euros) pour les personnes qui recherchent en ligne des contenus interdits. Il sanctionne aussi jusqu’à 500.000 roubles (environ 5.500 euros) le fait de transmettre une carte SIM de téléphone à une autre personne ou de faire la promotion des VPN. Le texte risque d’entraîner des amendes pour “40% de la population”, soit la majorité des personnes qui utilisent un VPN pour contourner le blocage des réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram, interdits en Russie pour extrémisme depuis mars 2022.

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Le procès en appel du leader syndicaliste et enseignant Ghislain Dugarry Assi, responsable du Mouvement des enseignants pour la dynamique de la dignité (MEDD), est terminé. La cour d’appel d’Abidjan a confirmé, hier mercredi 16 juillet, la condamnation à deux ans de prison ferme, sans mandat de dépôt du syndicaliste accusé d’avoir incité à la grève dans un établissement scolaire pour réclamer, entre autres, la revalorisation des primes trimestrielles. Une grève qualifiée d' »illégale » par les autorités du pays (voir notre article).

Arrêté dans la nuit du 2 au 3 avril, Ghislain Duggary Assy avait été condamné cinq jours plus tard à deux ans de prison ferme, notamment pour « entrave au fonctionnement du service public ». En mai, il avait été mis en liberté provisoire.

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Au moins 68 Palestiniens ont été tués, hier mercredi, dans la bande de Gaza. 21 personnes ont perdu la vie à proximité d’un point de distribution d’aide de la Fondation Humanitaire de Gaza (voir notre article), gérée par les États-Unis, et dirigée par un évangéliste proche de Trump, dans la ville de Khan Younes. Parmi ceux-ci, 15 ont été asphyxiés à mort à cause des gaz lacrymogènes tiré par l’armée israélienne dans la foule qui se pressait pour obtenir de quoi manger. Les forces israéliennes usent de gaz beaucoup plus toxiques que ceux utilisés par les forces de police européennes. Les 47 autres civils, dont plusieurs enfants, ont été tués dans des frappes sur la ville même de Gaza, mais aussi dans la région d’al-Mawasi, à Jabalia, à Deir al-Balah, le long du couloir de Netzarim, dans le camp de réfugiés de Nuseirat et dans celui  d’al-Bureij.

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Douze ex-parlementaires, élus de quartier, universitaires ou syndicalistes, du modéré au radical d’Hong Kong, qui avaient été arrêtés lors d’une descente en 2021, puis condamnés, sont en procès d’appel. Certains ont déjà passé quatre ans derrière les barreaux. Parmi ces militants qui contestent leurs peines, il y a quatre ex-députés, comme Leung Kwok-hung surnommé « Long Hair » – l’une des figures emblématiques du mouvement pro-démocratie (photo). Ou encore Owen Chow, 28 ans, qui avait écopé de la peine la plus lourde, sept ans et neuf mois de prison. Un 13e requérant, l’élu municipal Michael Pang, a finalement retiré son appel ce lundi.

En 2020, tous avaient participé à l’organisation d’une élection primaire officieuse censée unir l’opposition afin d’obtenir une majorité au Parlement local. Ce lundi, les trois juges choisis par les autorités ont à nouveau accusé les condamnés d’avoir tenté de provoquer une « crise constitutionnelle ». Au total, 45 figures de l’opposition ont été condamnées à de la prison ferme.

Le ministre tunisien de l’Intérieur, Khaled Ennouri, a présenté, lundi 14 juillet, un vaste plan de modernisation touchant les services sécuritaires. Plus de 570 projets d’infrastructure sont en cours à travers le pays, pour réhabiliter les postes de police, de la Garde nationale et de la Protection civile. Le ministère poursuit la digitalisation des services, avec la numérisation des demandes d’extraits de casier judiciaire, l’envoi de notifications par SMS et l’installation de caméras de surveillance entre les villes. Le passeport et de la carte d’identité biométriques seront introduits prochainement. La fiche d’embarquement a été supprimée dans tous les aéroports et au port de La Goulette au profit d’un système numérique.

Au Kurdistan du Sud (nord de l’Irak), les habitants sont descendus dans la rue pour protester contre les coupures de courant prolongées dans les régions rurales. Lors des manifestations dans le district de Warte à Hewlêr (Erbil), les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule, tuant un manifestant nommé Hasan Rahman. Quatre autres personnes ont été blessées.

L’alimentation électrique des zones rurales serait largement coupée afin de permettre la mise en œuvre du projet « 24 heures d’électricité ininterrompue » lancé par le gouvernement régional du Kurdistan dans les centres-villes… aux dépens donc des populations rurales qui n’ont d’électricité que 2 à 3 heures par jour et vendue dans le cadre de ce projet est 7 à 10 fois plus chère que la normale. Des manifestations ont également eu lieu dans des villages du district de Xebat à Hewlêr pour les mêmes raisons. À Balisan, les habitants sont descendus dans la rue hier soir pour protester contre les coupures de courant et ont bloqué les routes.

La suspension de la grève de la faim de Maja ne ralentit pas le rythme des actions revendiquant sa libération. Dans la nuit du 9 au 10 juillet, le bureau du parti d’extrême-droite AfD, au 247 de la Heckinghauser Strasse, à Wuppertal, a été attaqué avec des marteaux et de la peinture. Dans la nuit du 13 au 14 juillet, c’est le bâtiment du bureau du Procureur à Bielefeld qui a été ciblé : les vitres ont été brisées et le slogan « FREE MAJA » tagué. La nuit du 14 au 15, ce sont des véhicules électriques appartenant à la municipalité de Leipzig qui ont été incendiés (la ville de Leipzig ayant joué un rôle dans l’extradition de Maja vers la Hongrie). S’ajoutent à ces actions de nombreux tags, rassemblements, accrochages de banderoles.

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