Lundi 3 novembre, Prisoners For Palestine annonce que Heba Muraisi est la troisième prisonnière pro-palestinienne à se joindre à la grève de la faim tournante et collective (voir notre article). Accusée d’avoir causé des dommages au plus grand fabricant d’armes israélien Elbit Systems dans le cadre de l’affaire des Filton 24, elle risque jusqu’à deux ans de détention provisoire avant son procès, ce qui dépasse largement la durée maximale de six mois prévue pour la détention préventive. D’origine yéménite et dont la famille vit à Gaza, elle a souvent été prise pour cible par les autorités pénitentiaires et placée à l’isolement pour avoir manifesté son soutien à la Palestine. Collectivement, les grévistes de la faim réclament leur libération sous caution, le droit à un procès équitable, l’accès au courrier et la levée de l’interdiction de Palestine Action.

Il y a 12 ans, Mahmoud Saïd Abu Foul avait perdu une jambe lors d’un bombardement israélien sur le camp de Jabalia. Avec plus de 200 soignants et déplacés réfugiés dans l’hôpital Kamal Adwan de Gaza, il avait été arrêté le 27 décembre 2024. Il a été libéré dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu. Durant les dix mois de détention dans la prison israélienne de Sde Teiman, comme des centaines d’autres prisonniers qu’il a croisés, il a subi de sévères tortures. En particulier, il a perdu la vue, après qu’un soldat israélien l’a frappé violemment à la tête avec une chaise métallique, un mois et demi après son arrestation. « J’ai senti un éclair blanc avant que tout ne devienne noir. Depuis, je n’ai plus revu la lumière », raconte-t-il. Il explique que ses paupières se sont ensuite collées entre elles, laissant couler du sang et des larmes, et dégageant une odeur nauséabonde. Laissé sans traitement adéquat, il a perdu la vue et souffre de douleurs constantes aux yeux et à la tête. Mahmoud est installé avec sa famille déplacée dans une tente à Az-Zawaida, après la destruction de leur maison à Beit Lahia.

En juillet 2025, la police néerlandaise a fait une descente au domicile d’un militant de l’organisation maoïste Communistisch Comité van Nederland.  Il a été arrêté dans son lit, transporté à l’autre bout du pays, à Dordrecht, et détenu pendant 18 heures. Il est accusé de sédition pour avoir dénoncé le rôle des entreprises opérant aux Pays-Bas dans le génocide en cours en Palestine. Par ailleurs, l’État néerlandais a imposé des interdictions de circulation temporaires, notamment d’entrer dans les zones entourant les entreprises Fokker GKN et Maersk. Il passera en jugement le 4 novembre 2025.

Après huit mois de détention dans les prisons israéliennes, la jeune palestinienne Karmel Khawaja a été libérée le dimanche 2 novembre 2025 (voir notre article). Étudiante à l’université de Birzeit et militante de gauche, Karmel a été privée d’études pendant sa détention. Ses codétenues la surnommaient « Une épine dans le pied des geôliers » en raison de sa détermination et de la façon dont elle les a défendues.

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Dimanche 2 novembre à la prison de Bronzefield, Qesser Zuhrah (à gauche sur la photo) et Amu Gib ont refusé de s’alimenter. Ce sont les deux premières personnes mobilisées du groupe « Prisonniers pour la Palestine » qui commencent une grève de la faim tournante. Celle-ci débute à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917 qui a acté le soutien britannique au projet sioniste. Iels protestent contre leur détention provisoire dans le cadre de l’affaire dite des Filton 24 (voir notre article) et une autre action de Palestine Action, les mauvais traitements qu’iels subissent en prison et revendiquent plusieurs choses, dont le droit à un procès équitable et l’abandon de toutes les charges liées au « terrorisme ». Cette mobilisation débute deux semaines avant l’ouverture du premier procès des Filton 24, le 17 novembre. Iels sont poursuivi·es suite à une action contre une usine du principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems organisée par Palestine Action, une campagne qui a été depuis désignée comme « organisation terroriste » (voir notre article). Au total, 33 prisonnier·es de la cause palestinienne sont actuellement en détention provisoire au Royaume-Uni.

Dans un communiqué publié depuis la prison de Bronzefield, annonçant le début de sa grève de la faim, Qesser a déclaré : « Pendant quinze mois, nous, prisonnier·es pour la Palestine, avons mis à l’épreuve ce “système judiciaire”. Pendant quinze mois, nous avons vu Elbit Systems, l’entité sioniste, et notre gouvernement bafouer la justice et prolonger notre incarcération, exigeant que nous renoncions à notre cause en échange de notre liberté. Aujourd’hui, nous sommes contraints de confronter ceux qui refusent de nous regarder en face avec le fondement même de l’humanité qu’ils nient reconnaître en nous : notre vie et notre droit à la vie. »

À la suite de l’occupation de l’Université Libre de Bruxelles en soutien au peuple palestinien au printemps 2024, un étudiant pro-palestinien est aujourd’hui pris pour cible dans une procédure disciplinaire. L’accusation porte sur des « coups et blessures avec motivation antisémite » alors que celui-ci s’opposait simplement à la provocation de militants pro-israéliens. A la suite de ces faits et à l’initiative des autorités de l’ULB, une commission de discipline a été convoquée pour statuer sur ces faits et éventuellement sanctionner l’étudiant. La commission qui a instruit le dossier au printemps et à l’été 2025 a reconnu l’altercation mais le caractère antisémite n’a par contre pas été retenu. Suite à cette décision, la rectrice de l’ULB a fait appel ce qui a pour conséquence de rejouer et prolonger la procédure devant le bureau du conseil académique (CoA) de l’ULB. Face à cette situation, les nombreux soutiens de l’étudiant refusent l’acharnement de la rectrice et l’instrumentalisation de l’antisémitisme en appelant à se rassembler le 3 novembre devant la commission de recours à 15h45 devant la Maison des Sciences Humaines (1 av. Antoine Depage).

Ce vendredi 24 octobre à Rome, une manifestation de soutien à la Palestine a été violemment réprimée. Alors que la mobilisation avait commencé par un sit-in, les organisateurs ont tenté de se rendre en cortège à l’Auditorium où se déroule la Fête du Cinéma afin de sensibiliser sur le rôle de la culture dans la lutte contre le génocide. Les autorités ont exigé des manifestants qu’ils replient les drapeaux palestiniens et les drapeaux des organisations présentes. Suite au refus des organisateurs, des affrontements ont eu lieu. La police, lors de charges violentes, a utilisé des matraques et des canons à eau pour disperser la foule.

Le 15 octobre dernier à Bordeaux, la ville accueillait un salon baptisé « UAV show », le salon européen du drone. Pour dénoncer le test des drones lors du génocide à Gaza, des clous ont été lancés devant les entrées, de la peinture rouge jetée ainsi que des tags peints proclamant «Free Palestine» sur la façade du Palais des Congrès. Le drone facilite une mise à mort de masse toujours plus confortable pour les militaires. Ôter des vies sans combattre, voir sans être vu, frapper sans risque, à l’abri dans un centre opérationnel loin du front. Désormais partout, il permet de tuer à distance, avec une précision, une certitude extrême. Le drone apporte à la guerre moderne le degré suprême de barbarie technologique.

Le nombre de prisonniers palestiniens morts en détention israélienne depuis le début du génocide à Gaza a atteint 80, dont au moins 47 originaires de Gaza, suite au décès de Kamel al-Ajrami, un Gazaoui de 69 ans père de six enfants, ce lundi. Le nombre de prisonniers politiques palestiniens décédés en prison depuis 1967 s’élève à 317. En outre, des dizaines de Palestiniens auraient été exécutés sur le terrain immédiatement après leur arrestation. Israël continue de retenir, à titre de mesure punitive contre les familles, les corps de 88 prisonniers, dont 77 depuis octobre 2023, tandis que des dizaines de détenus de Gaza sont toujours victimes de disparition forcée. Le mouvement des prisonniers n’avait jamais connu une période aussi sanglante de son histoire. Il s’agit du résultat des meurtres systématiques perpétrés par le système pénitentiaire contre les prisonniers palestiniens, alors que le ministre extrémiste de la Sécurité nationale israélienne, Ben-Gvir, continue d’appeler à l’adoption d’une loi autorisant l’exécution de prisonniers.

Mardi 21 octobre, la militante Anuna De Wever a obtenu la suspension du prononcé pour des graffitis fais en décembre 2023 sur le site de la société OIP Land System à Tournai, filiale de l’entreprise d’armement israélienne Elbit Systems. Elle a également été acquittée du chef d’association de malfaiteurs par le tribunal correctionnel de Tournai.