Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

L’Assemblée nationale française a adopté mercredi un projet de révision constitutionnelle annoncé par François Hollande après les attentats du 13 novembre par 317 voix contre 199, et 51 abstentions. Ce texte a pour objectif d’inscrire dans la loi fondamentale le régime de l’état d’urgence et la déchéance de nationalité pour les auteurs de crimes et délits terroristes. Il va désormais être examiné dans un mois au Sénat, où la droite est majoritaire. L’exécutif espère voir adopter le texte lors d’un nouveau Congrès à Versailles, où une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés est requise pour le vote de toute révision constitutionnelle.

L’Assemblée nationale

L'Assemblée nationale

Giulio Regeni, 28 ans, préparait une thèse sur le mouvement ouvrier en Egypte, et plus précisément sur les syndicats indépendants, et avait publié un article sur l’agitation sociale en Egypte. Le 25 janvier, le jeune chercheur a quitté son domicile en début de soirée alors que autorités voulaient éviter la célébration du lancement, cinq ans plus tôt, du soulèvement anti-Moubarak. Le centre ville était quadrillé et toute manifestation interdite, sur fond d’une vague d’arrestations préventives et de « disparitions » sans précédent. Le 3 février, la dépouille de l’étudiant italien a été retrouvée dans le fossé d’une banlieue du Caire. Le corps portait de multiples fractures, des traces de coups répétés, tous les ongles de pieds et de mains avaient été arrachés et le corps portait des traces de brûlures de cigarettes autour des yeux et sous la plante des pieds.

Un rassemblement silencieux de quelques dizaines d’intrépides s’est déroulé, le 6 février, devant l’ambassade d’Italie au Caire. Une pancarte disait : « Il ne vous suffisait pas de nous tuer, il fallait que vous vous en preniez à un étranger ». Les amis de Regeni, dénoncent la Sécurité nationale qui enlève et torture des opposants ou des proches d’opposants comme l’étudiant italien pour leur arracher des informations. Le soulèvement de février 2011 s’était accompagné de l’assaut populaire de bureaux de la Sécurité d’Etat, le bras armé du ministère de l’Intérieur. Mis en cause pour les crimes de la dictature Moubarak, ce service n’a en fait que changé de dénomination et l’ex-Sécurité d’Etat, devenue « nationale », a poursuivi ses exactions en toute impunité. Pour l’année 2015 seulement, l’organisation Egyptian Commission for Rights and Freedoms dénombre plus de 1.500 disparitions d’opposants politiques imputables à des services de sécurité.

Giulio Regeni

Giulio Regeni

Dans la province quasi-autonome du Kurdistan irakien (KRG), le « Parti Démocratique du Kurdistan », dirigé par le clan Barzani règne sur le pétrole et sur le territoire. Depuis quelques mois, le KRG s’embourbe dans une crise économique malgré les millions de pétrodollars que la région est censée produire. Notamment, les fonctionnaires, ambulanciers, etc… avaient cessés d’être payés pendant des mois. Le gouvernement a présenté la semaine dernière un « plan » censé réinjecter 10 milliards de pétrodollars dans l’économie kurdo-irakienne. Ce plan ne semble pas convaincre tout le monde, et de nombreuses personnes se demandent où disparaît le pétrole, si ce n’est dans les poches du président Massoud Barzani.

Ce matin, une manifestation qui demandait à ce que les rapports sur l’exportation pétrolière soient publiés à été dispersée à Kirkuk.

Manifestation dispersée à Kirkuk

Manifestation dispersée à Kirkuk

Peu après midi hier lundi, environ 150 militants kurdes ont tenté de manifester devant la représentation consulaire turque située avenue de Lamballe (XVIe). Bloqués au niveau des quais de Seine, certains des manifestants — qui avaient déclaré leur rassemblement à la préfecture de police à la dernière minute — ont tenté un passage en force. Les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène pour les disperser. Dix-sept des manifestants ont été interpellés.

Manifestants interpellés

Manifestants interpellés

Suite à l’expulsion du squat R94 il y a 3 semaines et à plusieurs autres raids policiers contre des structures révolutionnaires berlinoises, une action a eu lieu à Berlin, durant la nuit du 6 février, dans le quartier rouge de Kreuzberg, connu pour sa scène antifa hyperactive. Plusieurs voitures de luxe, une vitrine de magasin hype, et une caméra de sécurité ont été soit incendiées, soit détruiets par des dizaines de manifestants masqués. Le lendemain, un communiqué signé « Commando Klaus Jürgen Rattay » publié sur Indymedia Linksunten, revendiquait l’action, et annonçait que chaque attaque de la police contre un squat ou un projet révolutionnaire à Berlin serait répondue par un million d’euros de dommages. La police berlinoise a déjà annoncé prendre cette affaire très au sérieux.

Une Mercedes incendiée à Kreuzberg

Une Mercedes incendiée à Kreuzberg

Un professeur de l’Université Tilka Manjhi Bhagalpur, également connu sous le nom d’Université de Bhagalpur, a été arrêté en raison de présumés liens avec l’insurrection maoïste. La police du Bihar a arrêté le Dr Bilakshan Ravidas, qui est également responsable de la discipline au sein de l’Université. Le Dr. Ravidas est un savant Dalit réputé qui s’était présenté aux élections en tant que candidat indépendant.

Le Dr Bilakshan Ravidas

Le Dr Bilakshan Ravidas

Le prisonnier politique, responsable des FARC, John Jairo Hernandez Moreno est mort le 5 février, l’hôpital San Jorge Pereira, suite à la maladie du foie dont il souffrait depuis 2013 et qui a été traitée avec négligence par les autorités pénitentiaires et hospitalières. John Jairo Hernandez Moreno n’a pas reçu les soins spécialisés que son cas nécessitait entre autres en raison de l’augmentation des procédures pour traitements médicaux. Il n’a jamais été envoyé à l’unité de soins intensifs pour le traitement de pathologies. John Jairo Hernandez Moreno faisait partie de la liste des 71 prisonniers politiques gravement malades dont un groupe de personnalités comme Adolfo Pérez Esquivel et Noam Chomsky demandaient la libération.

John Jairo Hernandez Moreno

John Jairo Hernandez Moreno

Un spectacle de marionnettes avait été commandé par la ville de Madrid, dans le cadre du carnaval, à deux marionnettistes satiriques. Comme la pièce burlesque a mis notamment en scène la pendaison de l’effigie d’un juge, l’agression d’une religieuse avec un crucifix et un passages à tabac policier, des parents d’élève ont protesté et la ville à porté plainte. Mais c’est un panneau « Vive ETA Alka, » (jeu de mots sur ETA et Al-Qaida) qui a les conséquences les plus lourdes puisque les deux marionnettistes ont été mis en prison, sans possibilité de libération sous caution, pour « apologie du terrorisme »…

Guignol rossant Gendarme. Que fait la police?

Guignol rossant Gendarme. Que fait la police?

La police zurichoise a utilisé gaz lacrymogène et balles en caoutchouc pour disperser une manifestation non autorisée lundi devant le consulat de Turquie à Zurich. Les manifestants s’étaient rassemblés vers 16h00 devant le consulat. Ils protestaient contre la situation au Kurdistan. Certains ont jeté des pierres, des drapeaux et d’autres objets contre le bâtiment du consulat. Six personnes ont été interpellées. Une centaine de personnes étaient encore présentes hier en début de soirée, malgré un ultimatum de la police.

Devant le consulat turc de Zurich

Devant le consulat turc de Zurich

Les députés français ont voté lundi soir en faveur de l’inscription dans la Constitution du régime de l’état d’urgence. Cet article 1er du projet de loi constitutionnelle, qui prévoit que l’état d’urgence sera « décrété en Conseil des ministres » soit « en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public », soit en cas de « calamité publique » (événements naturels), a été adopté par 103 voix contre 26 à l’Assemblée nationale (la chambre basse du Parlement).

Comme c’est déjà le cas actuellement, seul le Parlement pourra proroger l’état d’urgence au-delà des douze jours initiaux, par une loi en fixant la durée. Avec l’avis favorable du gouvernement, les députés ont voté peu avant un amendement pour restreindre la durée de prorogation à une période maximale de quatre mois, renouvelable après un vote du Parlement. Les députés ont aussi ajouté dans le texte de révision constitutionnelle le principe du contrôle parlementaire de la mise en oeuvre de l’état d’urgence, souhaité par plusieurs groupes politiques. Contre l’avis du gouvernement, ils ont aussi voté un amendement prévoyant que l’Assemblée nationale se réunit de plein droit et ne peut être dissoute pendant l’état d’urgence.

Etat d’urgence en France

Etat d'urgence en France