Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Plusieurs des milliers de photos livrées par le photographe légiste de la police militaire syrienne, qui a fait défection en 2013, ont été authentifiées par les familles des prisonniers politiques qui ont reconnues leurs proches parmi ces victimes, morts de faim, de maladie ou des suites de tortures. Parmi les prisonniers assassinés, des étudiants ayant participé aux manifestations de contestation du régime, manifestation dont la répression sanglante a provoqué la guerre civile.

Les prisonniers ont été affamés, battus et torturés d’une manière systématique et sur une échelle massive. Sur les 53.000 photos, une partie représente des soldats morts au combat et une autre fixe des scènes d’attaque rebelle. La plus grosse partie du stock, soit 28.000 photos, correspond à des gens morts dans les centres de détention des services de sécurité. Ces cadavres se distinguent par trois chiffres tracés sur la clavicule ou sur un bout de carton accolé au corps. Ils indiquent la branche des services de sécurité qui les a arrêtés, leur numéro en tant que détenu et leur numéro de décès. Chaque corps ayant été photographié à plusieurs reprises, les 28 000 clichés de morts en détention correspondent à 6 700 individus différents, dont 100 enfants.

Dépouilles de prisonniers politiques syriens

Dépouilles de prisonniers politiques syriens

A Marseille la Sodexo a obtenu le marché de la production et de la livraison de 45.000 repas par jour aux élèves des écoles. L’entreprise est florissante, 490 millions d’euros de résultat pour 2014, les conditions de travail et les salaires y sont médiocres. Les chauffeurs-livreurs se lèvent tous les matins à 4h pour charger leur camion et faire ensuite la tournée. Leurs salaires est très bas et ils sont dans l’obligation, alors que la charge utile maximum de leurs véhicules est de 635 kg, de charger les camions jusqu’à plus de 2 tonnes (trois fois plus que ce que la loi autorise) pour ne pas faire deux tournées mais une seule, et cela en CDII (contrat de travail à durée indéterminée intermittent). Le CDII est un statut de précaire à vie : le salarié alterne des périodes travaillées et non travaillées, et sa rémunération sera « lissée » sur l’année. Un contrat est bien pire qu’un CDD (pour lequel est prévu une prime de précarité) ou qu’un contrat saisonnier qui permet de percevoir des allocations chômage quand on ne travaille pas.

Le 16 novembre dernier les chauffeurs-livreurs, lancent un avertissement à la direction. Pas de réaction. Le 24 la grève commence. Le soir même, la direction réunit enfin les délégués du personnel et signe avec eux un accord qui, s’il peut satisfaire une partie des services, ne répond pas aux demandes du service logistique, qui a lancé la grève. Le 25, flanqué d’un huissier, le directeur régional se présente devant l’assemblée de grévistes pour leur annoncer la mise à pied de tous les grévistes pour…abandon de poste. 23 procédures de licenciement sont déclenchées pour ce même motif par la direction qui fait interdire l’entrée de l’entreprise au délégué syndical CGT, embaucher des intérimaires pour remplacer les grévistes, et ceinturer l’entreprise par des vigiles accompagnés de chiens de garde. Les prud’hommes saisis par les salariés n’ont pas réussi à se départager et une nouvelle audience est prévue ce mercredi 16 décembre. Le tribunal de grande instance (saisi par l’employeur pour « blocage » à cause d’un rassemblement d’une heure devant les grilles) doit lui aussi se prononcer.

La grève à Sodexo

Six soldats de l’armée gouvernementale, dont un un officier subalterne (un second lieutenant), ont été blessés dans une embuscade tendue par la guérilla maoïste tandis qu’ils revenaient vers le casernement de Barangay Bunawan Brook. C’est un détachement du 26e Bataillon d’infanterie qui est tombé dans cette embuscade. C’est le deuxième détachement de ce bataillon à tomber en peu de temps dans une embuscade du front n°14 de la NPA (dépendant du Comité du Nord-Est de Mindanao). Les soldats blessés ont été immédiatement évacués vers un hôpital voisin pour traitement médical. L’embuscade a eu lieu 10 jours avant la traditionnelle trêve de Noël entre guérilla et forces armées.

D’autre part, les troupes du 87e Bataillon d’infanterie se sont emparé d’un camp de la NPA dans l’arrière-pays de Samar.. Le camp était situé à Barangay Antol, Calbiga. L’armée sen est emparée après une fusillade avec la quarantaine de guérilleros qui l’occupaient, et qui ont pu se retirer, emportant leurs blessés mais abandonnant un important matériel de guerre. Au cours de la fusillade, deux soldats ont été blessés.

Une du camp de la guérilla (trouvée par les militaires dans le camp)

Une du camp de la guérilla (trouvée par les militaires dans le camp)

A Thessalonique, des banderolles, affiches et tags en solidarité avec l’anarchiste vegan Osman Evcan ont été déployés par le collectif anarchiste « Noir et Vert » (Μαύρο/πράσινο). Osman, emprisonné pour appartenance à une organisation terroriste de gauche depuis 23 ans, est devenu anarchiste et vegan durant sa détention et est régulièrement en grève de la faim pour avoir le droit de consommer de la nourriture végétale dans la prison de type-F (haute-sécurité) où il est enfermé.

Il est à présent en grève de la faim depuis le 10 novembre contre les conditions carcérales, son co-détenu, Hasan Çınar, est également entré en grève de la faim il y a une dizaine de jours malgré un cancer de l’estomac.

Visuel solidaire de Osman Evcan

Visuel solidaire de Osman Evcan

Après neuf jours de mobilisation, les grévistes de la société ID Logistics à Lisses ont été délogés par les gendarmes, ce mercredi en fin d’après-midi, à Lisses. Une intervention des forces de l’ordre qui fait suite à une requête non contradictoire déposée par l’avocat de la société auprès du tribunal de grande instance d’Evry. Vendredi, après quatre jours de mouvement de protestation, la chambre des référés du TGI d’Evry avait rejeté la requête de la société ID Logistics qui soutenait que la grève était illicite.

Depuis le début de la semaine dernière, l’intersyndicale CFDT, CGT, FO et CFTC avait appelé les 400 employés de cette société en charge du stockage des denrées puis du chargement des camions du groupe Intermarché à observer une grève illimitée afin de s’opposer à un plan d’augmentation des cadences de production mis en place par la direction.

Les gendarmes contre les grévistes d’ID Logistics

Les gendarmes contre les grévistes d'ID Logistics

De violents affrontements ont opposé lundi la police à des manifestants kurdes qui dénonçaient le couvre-feu prolongé imposé dans un quartier de Diyarbakir. Les manifestants, dont plusieurs députés du HDP, ont tenté dans la matinée d’entrer dans le district de Sur, théâtre depuis le début du mois de violents affrontements entre les forces de sécurité et des jeunes partisans du PKK. Leur cortège a été repoussé par la police avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau. Au moins deux jeunes manifestants ont été tuées par balle de guerre. Une quarantaine d’autres manifestants ont été arrêtées. Les autorités turques ont imposé le 2 décembre un couvre-feu dans le district de Sur, quelques heures après la mort par balles, dans des circonstances qui n’ont toujours pas été éclaircies, du célèbre avocat Tahir Elçi.

Affrontements à Diarbakir

Affrontements à Diarbakir

Un piège tendu par la guérilla de l’ELN aux forces de sécurité colombiennes a été éventée. Une drapeau de l’ELN avait été déployé à proximité d’une route dans la zone rurale de Samaniego. Les militaires de la 35e Brigades qui venaient l’enlever ont découvert qu’il était relié à quatre puissantes mines. La présence de militaires spécialisés dans la destruction contrôlée des mines a été requise par la désactivation des charges.

Un articier militaire neutralise une des charges

Un articier militaire neutralise une des charges

Renault Trucks Defense (RTD) a dévoilé début décembre, une nouvelle variante « poste de commandement » de son véhicule de sécurité MIDS (Midlum Security), qui vient élargir une gamme qui compte déjà les versions « transport de troupes » et « transport de prisonniers ». Ce véhicule est conçu pour coordonner au plus près des opérations de police. Ses cinq postes de travail sont couplés à une baie informatique, et sont complétés d’un tableau blanc et d’un écran de téléconférence et de partage d’informations. Fixées sur le toit du véhicule, sept caméras périphériques permettent la surveillance rapprochée, la vision longue portée étant quant à elle assurée grâce à une caméra orientable sur 360° installée sur un mât télescopique. RTD y a en outre intégré son système de mission « BattleNet Inside » au sein du poste avant, à partir duquel le co-pilote est en mesure de récupérer un large spectre d’informations tactiques : flux vidéos, position GPS du véhicule, documentation du véhicule, etc.

Les forces de police de Colombie ont pris livraison il y a quelques semaines de trois MIDS en version transport de troupes. Ces véhicules permettront à l’ESMAD (Escuadrón Movil Antidisturbios), l’escadron mobile anti-émeutes, de transporter 10 hommes + 2 membres d’équipage dans un véhicule blindé. Le gouvernement colombien projette de recruter 1 000 hommes supplémentaires pour l’ESMAD et voulait donc leur offrir un mode de transport adéquat.

Le MIDS de RTD en version

Le MIDS de RTD en version

Dans le cadre de notre dossier « Rojava », nous exposons ici un acteur mal connu du conflit syrien. Malgré la date de publication fantaisiste de l’article, celui-ci est bien posté le 15 décembre 2016.

Le champs de bataille syrien est aujourd’hui divisé en quatre principaux camps. Celui du régime et de ses alliés, celui des YPG/YPJ et de leurs alliés réunis dans les Forces Démocratiques Syriennes (QSD), celui de l’Etat Islamique, et enfin celui de ce qu’on appelle « l’Armée Syrienne Libre ».

Répartition des territoires en Syrie, début novembre 2016.

Derrière ce terme vaste on retrouve une réalité vague et mouvante. Il ne veut aujourd’hui plus dire grand chose. Depuis sa création en 2011, l’ASL a progressivement été phagocytée par Jabhat Al Nusra, les groupes qui lui résistaient ont été expulsés et ont -pour certains d’entre eux- rejoint les QSD. Quoi qu’il en soit, ce terme est aujourd’hui un label encore utilisé dans les médias occidentaux et qui n’a pas valeur d’unité sur le terrain. A ce jour, il n’existe pas -à notre connaissance- de groupe non-islamiste qui se revendique encore de l’Armée Syrienne Libre. Les groupes qui ont existé ont soit disparus, soit rejoint les Forces Démocratiques Syriennes.

Des centaines de groupes se revendiquent de la rébellion syrienne. Comme toutes les forces actives en Syrie, elles sont appuyées par des puissances étrangères ou tentent de l’être. Ces groupes s’unissent dans de grandes organisations parapluies appelées « Chambres d’Opération ». On en distingue deux principales: Fatah Halab (Conquête d’Alep) et Jaish Al Fatah (Armée de la Conquête). D’autres groupes existent en dehors de ces chambres d’opération mais ils sont minoritaires et leurs positions politiques ne sont pas clairement affichées. Les groupes peuvent appartenir à plusieurs Chambres d’Opération à la fois. Enfin, ces groupes sont principalement en guerre contre le régime syrien, pas contre Daesh (même si des combats se produisent et qu’une hostilité peut exister).

Fatah Halab représente probablement la moitié des combattants rebelles dans la province d’Alep. C’est la principale chambre d’opération et le principal pion turc en Syrie depuis le refroidissement des relations avec Daesh, ainsi qu’un pion régulier des USA. Lorsqu’une puissance occidentale parle de « rebelles modérés », c’est probablement à cette chambre d’opération qu’elle fait référence. L’appellation « modérée » ne doit pas tromper: les groupes de Fatah Halab sont des groupes islamistes dont l’idéologie se rapproche des Frères Musulmans. Ce qui vaut à cette coalition d’être désignée comme « modérée » (malgré les nombreux groupes d’égorgeurs qu’elle rassemble, comme Harakat Nour al-Din al-Zenki qui s’était fait connaître en décapitant un enfant palestinien et en postant la vidéo sur internet ou la Brigade Sultan Mourad qui avait été les premiers porte-pavillons turcs officiels en Syrie) par les puissances impérialistes est que ses composantes ne planifient pas d’attaques en Occident. Fatah Halab est le groupe qui a été choisi par la Turquie pour « mener » l’opération militaire « Bouclier de l’Euphrate » afin de créer une zone tampon entre les cantons kurdes d’Afrin et de Kobané et ainsi d’empêcher la création d’un Etat kurde unifié dans le nord de la Syrie, au Rojava.

Composition de Fateh Halab.

L’autre chambre d’opération, Jaish Al Fatah représente probablement un tiers des combattants rebelles dans la province d’Alep, ce qui équivaudrait à un nombre de combattants allant de 30.000 à 40.000 selon certains chiffres avancés. C’est le pion principal du Qatar et de l’Arabie Saoudite et un allié régulier de la Turquie.

Les composantes de Jaish Al Fatah sont mieux connues que celles de Fatah Halab: il s’agit principalement de Fatah Al Sham (rebranding du Jabhat Al Nusra, la filiale syrienne d’Al Qaeda), d’Ahrar Al Sham, de Jund Al Aqsa (qui a scissioné de Jabhat Al Nusra parce que celui-ci était « trop modéré » avant de lui reprêter allégeance), et de nombreux autres groupes. Plus généralement, Jaish Al Fatah représente donc le camp d’Al Qaeda et de ses alliés.

Déjà début 2015, Al Qaeda était omniprésent dans les zones rebelles.

Les Chambres d’Opération sont des structures bien plus militaires que politiques bien sûr, et des articles font régulièrement état d’une sorte d’impossibilité (par crainte ou consentement) pour les groupes rebelles d’exister en-dehors de la sphère d’influence de Fatah Al Sham (ce qui en dit long sur la composition politique de l’ASL): une influence omniprésente. Ces zones se sont raréfiées, notamment suite à l’intervention russe: la province d’Alep reste le principal territoire contrôlé même si la ville d’Alep vient de retourner sous le contrôle du régime. D’autres zones sont sous contrôle de ces groupes autour de la Ligne de Mare (la zone tampon turque au Rojava), autour d’Idlib, de Homs, de Damas et de Daraa.

On peut assez vite réaliser que ce qu’on appelle aujourd’hui « les rebelles » correspond essentiellement à une constellation de groupes islamistes. Une véritable alternative démocrate et progressiste existe toujours aujourd’hui: il s’agit des Forces Démocratiques Syriennes (QSD), dont la première force est celle des YPG/YPJ. Un dossier sera prochainement consacré à cette nouvelle coalition.

Répartition des territoires en Syrie, début novembre 2016.
Composition de Fateh Halab.
Déjà début 2015, Al Qaeda était omniprésent dans les zones rebelles.