Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Quelque 80.000 mineurs de la « ceinture de platine » autour de Rustenburg (nord) sont en grève depuis le 23 janvier, à l’appel d’AMCU, chez les trois principaux producteurs de platine mondiaux Amplats, Implats et Lonmin.
Ils réclament un salaire de base de 830 euros, plus du double du niveau actuel, ce que les trois groupes concernés jugent « totalement irréaliste ».
Le géant sud-africain Amplats a annoncé qu’il poursuivait le syndicat AMCU en justice pour les pertes subies. Le numéro un mondial du platine réclame 40 millions d’euros en réparation de dégâts matériels provoqués par des grévistes du syndicat AMCU qui n’ont pas, selon lui, respecté les règles régissant les grèves. Cette somme doit aussi compenser le coût des heures supplémentaires du personnel de sécurité et « la perte de la production qui aurait été possible si des travailleurs non grévistes n’avaient pas été empêchés de travailler ». La porte-parole d’Amplats, qui a saisi vendredi la Haute Cour de Pretoria, a averti que le montant réclamé par le groupe augmentera si « le comportement injustifié d’Amcu se poursuit ».

La police anti-émeute a tiré du gaz lacrymogène et des jets d’eau contre les manifestants kurdes réunis à l’occasion du 15ème ‘anniversaire’ de l’arrestation d’Abdullah Ocalan, leader du PKK. Ceux-ci s’étaient réunis à Diyarbakir, mais aussi dans plusieurs autres villes du sud-est du pays, pour exiger la libération du prisonnier. A Diyarbakir, les manifestants ont fait face aux tirs policiers par des jets de pierres et de cocktails Molotov. Des affrontements similaires ont eu lieu à Sirnak, à Cizre, à Silopi, etc.

Quelques 300 personnes s’étaient rassemblées hier après-midi à proximité du portique écotaxe de Brec’h (Morbihan) pour réclamer la gratuité des routes en Bretagne, mais aussi et surtout toujours pour dénoncer l’écotaxe. Les CRS et la gendarmerie mobile avaient interrompu la circulation sur la 2X2 voies dès 10h et s’étaient positionnés devant le portique. Quand ils ont voulu s’en approcher, les manifestants ont essuyé des tirs de gaz lacrymogène. Ils ont répliqué par des jets d’oeufs et de fusées de détresse. Un CRS et trois manifestants ont été blessés. Les forces de l’ordre ont procédé à trois interpellations.

Manifestation au portique écotaxe de Brec’h

Manifestation au portique écotaxe de Brec'h

Une cinquantaine de ressortissants afghans qui se dirigeaient vendredi vers Mons en car pour y rejoindre leur comité de défense et manifester pour leur cause en marge de la cérémonie inaugurale du Festival International du Film d’Amour, ont été interceptés et renvoyés vers Bruxelles par la police montoise. Ils devaient se joindre à une trentaine de membres de leur comité de défense pour rappeler leur demande d’arrêt des expulsions vers leur pays d’origine et de l’obtention d’un statut légal. Leur car a été intercepté sur l’autoroute sur le territoire de Mons, à hauteur de Maisières, sans heurts. Il leur a été demandé de reprendre le chemin vers Bruxelles. Leur car a ainsi repris la route en sens inverse.

Des milliers de Kurdes ont défilé sans incident samedi à Strasbourg pour réclamer la libération du leader du PKK Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie, et des progrès dans l’enquête sur l’assassinat de trois militantes kurdes. Les Kurdes ont choisi de manifester une nouvelle fois dans la ville du Conseil de l’Europe et du Parlement européen, quinze ans jour pour jour après l’arrestation du chef du PKK. « Libérez Öcalan », « Indépendance du Kurdistan », scandait la foule des manifestants qui avançaient derrière des banderoles clamant les mêmes slogans.

Un dirigeant d’un syndicat d’enseignants, Ismaël Salifou, a été écroué vendredi à la prison civile de Niamey, après avoir accordé en janvier un entretien à la radio privée Anfani. M. Salifou avait été remis en liberté jeudi en même temps que les trois journalistes de la radio Anfani par le procureur après 24 heures de garde-à-vue à la police. Tous les quatre avaient été arrêtés mercredi à la suite d’un entretien accordé par le syndicaliste à la radio en janvier. Le procureur n’a retenu aucune charge contre les journalistes mais a demandé au syndicaliste, également libéré, de se présenter vendredi au parquet, d’où il a été placé sous mandat de dépôt. L’entretien portait sur un bras de fer opposant ce syndicat à un responsable de l’éducation de Zinder (centre du pays).

Au moins vingt personnes ont été blessées et dix autres arrêtées durant une manifestation organisée à Resistancia, capitale de la province de Chaco, dans le nord du pays, pour exiger de meilleures conditions de vie et de logement. La police a fait usage de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser la foule rassemblée à l’appel du collectif ’12 de Junio’, menant le mouvement des sans emplois. L’action de la police a commencé vers 10h30 quand les manifestants ont tenté de lancer un cortège dans les rues de la ville. Selon la presse locale, la présence policière était très importante et les risques d’affrontements élevés dans la mesure où le gouverneur de la province avait déclaré qu’il ne tolèrerait aucune perturbation de l’ordre public ni de la circulation.

Le tribunal d’Eskisehir, dans l’ouest du pays, a condamné 17 personnes à des peines allant de un à deux ans de prison pour avoir insulté le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Toutes ont été reconnues coupables d’avoir ‘délibérément insulté le chef du gouvernement sans manifester le moindre regret’ lors d’un rassemblement dénonçant la politique de santé du gouvernement. Un des slogans scandés ce jour-là était ‘Tayyip Erdogan, le serviteur du FMI, le serviteur des patrons’.

Le 21 octobre dernier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme de Strasbourg avait jugée illégale la détention prolongée d’Inès del Rio, militante de l’ETA dont la détention avait été prolongée jusqu’en 2017 (alors qu’elle était libérable en 2008 selon le système classique de remise de peines) en vertu de la doctrine Parot, système de remise de peine défavorable aux détenus sous le coup de condamnations multiples. Antonio Troitiño, condamné à plus de 2000 ans de prison et détenu au Royaume-Uni avait été libéré le lendemain, le justice britannique ayant estimé qu’il était juste qu’il le soit si Inès del Rio l’était. Il avait été placé sous contrôle judiciaire dans l’attente d’une décision de l’Espagne sur une demande d’extradition. Le militant a été arrêté ce jeudi à Londres car la justice espagnole l’accuse d’avoir ‘en liberté, réintégré la cellule du groupe’.

Antonio Troitino

Antonio Troitino