Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Mostafa Salimi, un prisonnier politique kurde de 51 ans, condamné à mort, s’était évadé de la prison de Saqez, au Kurdistan iranien, le 27 mars dernier après une émeute (voir notre article). Il avait déjà purgé 17 années dans les prisons iraniennes. Après son évasion, Mostafa Salimi a pu traverser la frontière et arriver dans la région autonome du Kurdistan irakien. Mais les services de sécurité du Kurdistan irakien l’ont arrêté dans la ville de Pnjwyn et l’ont livré aux agents de sécurité iraniens à la frontière de Pnjwyn, alors qu’ils savaient qu’il allait être exécuté. Il a été effectivement exécuté par les bourreaux de la République islamique hier matin, dimanche 11 avril.
Mostafa Salimi

Jeudi 9 et vendredi 10 avril, une révolte a éclaté à la prison n° 15 de la ville d’Angarsk dans la région d’Irkoutsk. Des affrontements ont éclaté entre gardiens et prisonniers dont plusieurs se sont ouvert les veines pour protester contre les violences qu’ils subissent. Les forces spéciales sont intervenues. Elles auraient tiré sur les détenus avec des armes automatiques et les aurait gazés. Par ailleurs, dans la nuit de vendredi à samedi, un incendie d’envergure a détruit huit bâtiments d’une superficie de 30 000 m2 sur le territoire de la prison. Samedi, le corps d’un prisonnier a été découvert samedi dans les décombres de la prison.

Les prisonniers se sont ouvert les veines

Les prisonniers se sont ouvert les veines

Hier, des émeutes avaient éclaté à Anderlecht suite à la mort d’un jeune dans un contrôle de police (voir notre article). Des cocktails Molotov ont été lancés dont un blessant un policier. Une voiture de police a été encerclée et ses occupant ont fuit le véhicule. Une personne en a alors profiter pour prendre une arme à feu dans la voiture. La scène a été filmée par une caméra de surveillance et la police essaye d’identifier les protagonistes. Vers 20h, la police pensait avoir la situation sous contrôle mais, de nouveaux affrontements avec des jets de pierres sur un commissariat (des vitres ont été brisées) ont éclaté deux heures plus tard. Des rassemblements ont également été signalé à Saint-Gilles (Place Bethléem) ainsi de cocktail Molotov sur le commissariat du Parvis de Saint-Gilles. Au total, plus de 60 personnes ont été arrêtées. Les policiers sont en pleine enquête. Ils analysent notamment les caméras de surveillance afin de pouvoir « leur imputer une infraction ».

Contre le commissariat du Parvis St-Gilles

Vendredi 10 avril, une importante opération policière s’est déroulée devant les locaux de l’association Al Manba, une association de soutien aux migrant·es basée à Marseille. Cette opération a commencé durant une distribution alimentaire aux migrant·es sans ressource. La police nationale a menacé d’interdire la distribution bi-hebdomadaire de nourriture (une des plus importantes du centre ville) et plusieurs personnes du collectif ont été verbalisées.

Opération policière contre l'association Al Mamba

Le 31 mars, en plein confinement, Proximus dont l’État belge est le principal actionnaire, annonce le déploiement d’une 5G light sur des fréquences inutilisées de la 3G, dans 30 communes belges. Cela alors que les enchères pour la 5G n’ont pas encore été ouvertes en Belgique, que les normes diffèrent selon les régions, et que le débat sur les conséquences de la 5G en terme de santé publique est loin d’être fini. Une internaute bruxelloise lance une pétition en ligne qu’elle adresse au gouvernement belge et intitule « Pas de 5G ». Le soir-même, 30.000 personnes l’ont signée. Dix jours plus tard, 105.000 signatures sont recueillies. Mais le 10 avril au matin, ceux qui veulent trouver la pétition se voient dire que la page est introuvable. En réalité, la pétition (dont le texte est encore accessible ici via le cache de Google) a été supprimée parce  « qu’une partie du contenu de votre pétition enfreint le règlement de la communauté ».

Cet épisode met une nouvelle fois en lumière la fragilité des initiatives politiques face aux grandes plateformes Internet – à l’image de Change.org qui, malgré sa mission de « donner à toute personne le pouvoir de créer le changement qu’elle souhaite voir », est avant tout une entreprise commerciale. La plateforme californienne revendique à ce jour 359.920.771 utilisateurs dans 196 pays. Parmi ses sources de profit: la revente des adresses mail des signataires de pétitions et leur profilage en fonction de leurs opinions politiques. Oxfam a reconnu acheter de telles données à Change.org (pour relancer les signataires avec des demandes d’argent). Change peut vendre (ou à déjà vendu) les listes de signataires à des sociétés de publicité au service d’entreprises dénoncées par les pétitions pour définir et affiner des opérations de relations publiques annulant l’effet des dénonciations… Change peut les vendre aussi au au « destinataire de la pétition ». Le règlement européen sur la protection des données entrera en vigueur à la fin du mois de mai 2018 entravera cette politique (un onglet devrait permettre d’activer/désactiver l’autorisation d’utilisation des données) sans la supprimer tout à fait.

Capture d'écran de change

L’utilisation de drones visant à rappeler aux gens les mesures de confinement ou à disperser des rassemblements a été signalée dans plusieurs partie du monde. C’est notamment le cas à New-York où un drone, équipé de caméras et de haut-parleurs de la société Spencer Gore survole les passant pour leur rappeler de se tenir à distance les uns des autres. L’utilisation de drones opérés par la police est également généralisée dans les principales villes de France ainsi qu’en Espagne à Madrid. C’est également le cas à Bruxelles (voir notre article). Il arrive également que les autorités fassent appel à des robots comme en Tunisie. À Tunis, un robot à l’apparence d’un petit tank rappelle les mesures de confinement et contrôle les autorisations de sortie. Il est contrôlé à distance par la police tunisienne. En Grande-Bretagne c’est un robot à l’apparence de Dalek (un robot issu de la série Dr. Who) qui rappelle les mesures de confinement.

Un robot tunisien contrôlant une attestation de sortie

Un robot tunisien contrôlant une attestation de sortie

Aujourd’hui samedi vers midi, deux policiers ont forcé l’entrée d’un appartement dans le quartier de Saint Charles, à Marseille, en invoquant l’Etat d’urgence sanitaire. Ils viennent pour faire enlever une banderole sur laquelle est écrite « Tu veux savoir si tu as le Corona ? Crache sur un bourgeois et attends ses résultats. Solidarité avec les travailleuses ! ». Le prétexte invoqué est que notre banderole incite les gens à se cracher dessus. Dans un premier temps, gazeuse à la main tout en filmant, ils essaient de contrôler les identités, puis sortent. Arrivent au total une voiture de la police nationale et trois voitures banalisées, dont la BAC: plus de dix policiers devant l’appartement, menaçant de ré-investir l’appartement dont les occupants ont fini par enlever la banderole.

La banderole en question...

Ce vendredi soir, un jeune homme de 19 ans est décédé suite à une course-poursuite avec la police à Cureghem (quartier d’Anderlecht). Selon les dires de la police, la personne est décédée lors d’une collision entre son scooter et la patrouilleuse. Des affrontements ont déjà eu lieu la nuit dernière (une voiture aurait été incendiée). D’autres affrontements ont éclaté à plusieurs endroits entre la Gare du Midi et la Maison Communale d’Anderlecht, cet après-midi, suite à des appels à se rassembler à Clémenceau, qui circulaient sur les réseaux sociaux. Au moins deux véhicules de police ont été endommagés avant d’être abandonnés par leurs occupants, des barricades sont dressées à plusieurs endroits. La police ne reconnaît qu’un groupe d’une cinquantaine de manifestants.

La police a déployé un hélicoptère, une autopompe et au moins un véhicule blindé, ainsi que des lignes anti-émeutes autour du quartier, dispositif toujours en place à l’heure d’écrire ces mots. Il y aurait déjà eu plusieurs blessés et arrestations.

Dernière mise à jour 17h40