La grève de la faim menée dans et hors des prisons de Turquie pour obtenir la fin de l’isolement d’Abdullah Ocalan et des prisonniers politiques se poursuit. Les autorité turques répriment cette grève et tout mouvement de solidarité: six membres du HDP avaient annoncer commencer la grève de la faim à Amed (Dyarbakir), ils ont été aussitôt arrêtés.

En Europe, les manifestations de solidarités sont nombreuses. Rien que ces deux derniers jours, des manifestations et des rassemblements ont eu lieu à Paris, Karlsruhe, Londres, Bâles, Carhaix (Bretagne), Stockholm, Marseille, Cologne, Zurich, Braunschweig et Bruxelles.

Le rassemblement solidaire d’hier samedi à Bruxelles (St-Gilles)

Le rassemblement solidaire d'hier samedi à Bruxelles (St-Gilles)

Samedi 2 mars, se tenait le XVIème acte des Gilets Jaunes en France. Voici un bilan non-exhaustif des manifestations et de la répression de celles-ci.

À Paris, des affrontements se sont déroulés sur les Champs Élysées. Un homme a été blessé au visage, probablement par un tir de LBD. On dénombre 33 arrestations.

À Alès, des heurts ont opposé plus de 1.000 manifestants à la police, faisant 15 blessés légers parmi ces derniers dont 11 CRS ainsi que deux commissaires. Onze personne ont été arrêtées et au moins un Gilet Jaune a été blessé.

À Montpellier, 7 arrestations ont eu lieu et le dernier bilan fait état de 8 blessés légers parmi les policiers dont un brûlé légèrement par un jet de cocktail molotov. On ne connait pas le nombre de blessés parmi les Gilets Jaunes.

À Nantes, entre 1000 et 2000 ont manifesté. Des affrontements ont eu lieu tout l’après-midi avec 15 arrestations et plusieurs blessés chez les Gilets Jaunes.

À Rouen, quelques barricades ont été dressées et parfois incendiées. On dénombre deux arrestations.

À Toulouse, 20 personnes ont été arrêtées, dont 18 toujours en garde à vue.

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Vendredi 1er mars, Arturo Ordoñez, alias «L’Eléphant», a été capturé. Selon les autorités, il était actif depuis 37 ans dans la guérilla et était membre de sa direction nationale. Il soupçonné d’être un des cerveaux de l’attaque contre l’école de la police à Bogota qui avait fait 22 morts en janvier (voir notre article). Par ailleurs, selon le ministre de la Défense, Arturo Ordoñez serait également un des responsables d’un supposé «plan pistolet» qui viserait à abattre des policiers (voir notre article).

Combattants de l’ELN

Combattants de l'ELN

Notre délégation à Athènes était également présente ce matin à un autre procès impliquant Nikos Maziotis et Pola Roupa, membres de l’organisation Lutte Révolutionnaire. Ce procès concerne la tentative d’évasion par hélicoptère orchestrée par Pola Roupa le 21 février 2016 (Pour rappel), visant à libérer Nikos Maziotis ainsi que plusieurs autres prisonniers politiques, mais également deux expropriations de banques. Huit personnes sont au banc des accusé.e.s: Pola Roupa, Nikos Maziotis, Konstantina Athanasopoulos, Christos et Gerasimos Tsakalos, Olga Ekonomidou, Giorgos Polidoros et Haralambidis.

Ce matin devant la prison de Koridallos

C’est avec une grande joie que nous avons à nouveau rencontré Pola Roupa et Nikos Maziotis, combattant.e.s emprisonné.e.s de l’organisation Lutte Révolutionnaire, ce matin à Athènes. Deux secrétaires du Secours Rouge International ont témoigné à la barre pour défendre « Lutte Révolutionnaire », la légitimité de son projet stratégique politico-militaire, et les moyens que l’organisation s’est donnée pour mettre en œuvre ses objectifs. Nos délégué.e.s ont souligné que la révolution n’avait rien d’une utopie puisqu’elle est déjà une réalité au Rojava. À la question de la juge « Quand la violence cessera-t’elle? », notre déléguée a retourné la question « Quand est-ce-que la violence de votre classe cessera-t’elle? »

Notre délégation aux côtés de Nikos et Pola

Notre délégation aux côtés de Nikos et Pola

Aujourd’hui, environ 250 Gilets Jaunes manifestaient à Bruxelles. Partis de la gare de Nord à 14h00, ils ont marché le long du canal vers la gare du Midi. La manifestation a ensuite quitté l’itinéraire prévu pour aller vers les Marolles. La police a alors utilisé du gaz lacrymogène et les a nassés. Six personnes ont été arrêtées dont au moins une judiciairement et 185 contrôles d’identité ont été mené.

Arrestation lors d’une manifestation des gilets jaunes à Bruxelles (archive)

Arrestation lors d'une manifestation des gilets jaunes à Bruxelles (archive)

Le jeudi 7 février 2019, l’expulsion du squat «Asilo occupato» par plusieurs centaines
des carabiniers en tenue anti-émeute, de policiers et de membres de la Guardia di finanza s’est accompagnée de six arrestations (voir notre article). Une septième personne est toujours recherchée. Les accusations sont graves: formation d’une association subversive, incitation à la criminalité et possession, fabrication et transport d’explosifs dans un lieu public.

Antonio Rizzo, Giuseppe De Salvatore, Lorenzo Salvato et Niccolò Blasi, quatre anarchistes arrêtés dans le cadre de l’opération « Scintilla » (voir notre article)) ont été transférés depuis samedi dans la section de haute sécurité de la prison de Ferrara. On peut leur écrire à la prison de via Arginone 327, 44122 Ferrara.

Silvia Ruggeri et Giada Volpacchio sont toujours d’être enfermées dans la prison de Turin, isolées des autres prisonnières. Pour les empêcher de communiquer avec les autres filles, les gardiens ont entrepris de souder l’unique petit judas rectangulaire de la porte de leur cellule. Pour leur écrire: C.c. Lo Russo et Cutugno, via M.A. Aglietta 35, 10151 Torino.

L’attaque de l’asilo occupato

Dimanche 17 février, environ 500 personnes étaient détenues après une vague d’arrestations menées à l’occasion du 20e anniversaire de la capture Ocalan. Vendredi, 735 personnes avaient en effet été arrêtées car elles auraient des liens ou auraient apporté leur soutien à des militants kurdes. La police en avait ensuite relâché 226. Parmi celles qui restent en détention, 61 ont été formellement arrêtées et 448 font l’objet de procédures judiciaires.

Au cours des 156 raids, la police aurait, selon les médias officiels, découvert des armes à feu, des fusils, des munitions et du matériel explosif, dont des engins artisanaux.
Les personnes arrêtées sont soupçonnées d’avoir préparé des manifestations à l’occasion de l’anniversaire de la capture d’Ocalan et de « chercher à organiser le « chaos » » avant les élections régionales en Turquie le 31 mars.

Plus d’infos ici

L’île-prison d’Imrali où est incarcéré Abdullah Öcalan

Jeudi 14 et vendredi 15 février, la police turque a mené des opérations dans plusieurs provinces (à Ağrı, Iğdır, Van et Amed) pour arrêter en tout 78 personnes. Jeudi, dans la province d’Ağrı, la police turque a effectué une descente dans les maisons de Doğubayazıt, Patnos, Tutak, Diyadin, Taşlıçay, Hamur et Eleşkirt ainsi que dans le centre-ville d’Ağrı. Elle a arrêté 55 personnes à cause de certaines de leurs publications sur les réseaux sociaux et pour leur participation à des funérailles et à des conférences de presse en 2014-2015.

Yeliz Karaaslan, candidate au poste de maire adjoint du Parti démocratique populaire (HDP) pour Ağrı, a également été arrêtée hier. Elle devra se présenter demain au bureau du procureur, avec les 55 autres détenus. À Iğdır, 10 des 12 personnes à qui un mandat d’arrêt a été décerné ont été arrêtées lors de descentes dans des maisons. Les opérations se poursuivaient ce matin. Sept personnes ont ainsi été arrêtées lors de perquisitions dans le quartier Erciş de Van.

Enfin, la police turque a également perquisitionné plusieurs maisons à Amed. Six personnes ont été arrêtées dans l’opération suite à certaines de leurs publications sur les réseaux sociaux. On a appris que la police avait violemment fait irruption dans les maisons, cassé les portes et inspecté chaque maison en détail. Le nombre de détenus devrait augmenter.

Yeliz Karaaslan, candidate au poste de maire adjoint du Parti démocratique populaire (HDP) pour Ağrı

Yeliz Karaaslan, candidate au poste de maire adjoint du Parti démocratique populaire (HDP) pour Ağrı

Ahmed Khris avait été impliqué dans l’affaire du bateau Karine A, transportant 50 tonnes d’armes pour la résistance, et intercepté par la marine israélienne dans la Mer Rouge en janvier 2002. Agé de 54 ans, il a passé 17 ans dans les prisons israéliennes. Toute la famille d’Ahmed Khris attendait son retour dans le camp de réfugiés de Baqaa, au Nord d’Amman, en Jordanie. Originaires du village d’Ajjur près d’Hébron mais expulsés de Palestine en juillet 1948 par l’armée israélienne, les parents d’Ahmed s’étaient alors réfugiés en Jordanie

Mais Israël a déporté Ahmed Khris, à sa sortie de la prison de Meggido, directement dans la bande de Gaza qui est sous blocus. Ahmed ne pourra revoir ses trois fils ni sa femme. Et il n’a vu aucun d’entre eux depuis 17 ans, puisque Israël a interdit toute visite à sa famille. Un autre prisonnier, Riyad Salah Qasrawi, qui a également effectué 17 ans derrière les barreaux en Israël a été libéré en même temps qu’Ahmed, tandis que le capitaine du bateau, Omar Akawi, 61 ans, condamné à 25 ans de prison est toujours incarcéré. C’est la famille d’Omar qui a accueilli Ahmad à son arrivée à Gaza, où il n’a pas de parents.

Ahmed Khris