Ce 12 février, afin d’empêcher les manifestants anti-austérité d’accéder au Congrès, le gouvernement libertaire de Milei a déclenché une répression policière brutale. Des supporters de football organisés ont rejoint les retraités pour leur manifestation hebdomadaire contre les coupes dans les retraites (voir article ici ) c’est l’une des plus grandes mobilisations contre l’austérité jamais organisées dans le pays. Au moins 150 manifestants ont été arrêtés, on dénombre 20 blessés dont un grave. La ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Patricia Bullrich, a annoncé que les détenus encouraient jusqu’à 20 ans de prison. Les lois anti-mafia sont utilisées par le gouvernement pour inculper les manifestants de l’opposition, il considère les groupes de supporters de football de gauche comme des organisations criminelles.

À Kiel et à Lübeck, des policiers se sont présentés aux domiciles de ressortissants kurdes et au centre communautaire kurde de Kiel vers 5h30 du matin ce mercredi 12 mars, ils étaient accompagnés de chiens policiers. Une intervention policière impitoyable, ils ont enfoncé les portes des appartements, saccagé des logements et confisqué les  téléphones portables et des documents écrits. Plusieurs personnes ont été arrêtées, les détenus sont accusés, en vertu des articles 129a et 129b du Code pénal allemand, d’avoir soutenu et agi en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation reconnue comme « criminelle » en Allemagne. Les accusations portent sur des activités militantes légales, telles que l’appel à manifester, l’organisation d’événements culturels ou la collecte de dons. Le principal interpellé est accusé d’avoir agi en tant que dirigeant régional du PKK.

Le matin du dimanche 9 mars, de violents affrontements sont survenus entre les forces de l’ordre et une trentaine de personnes à Païta. La situation était très tendue au col de la Pirogue. Des habitants provenant de la tribu de Saint-Laurent avaient pris possession de la RT1, route qui relie Nouméa à l’aéroport de Tontouta, empêchant toutes circulations. Un véhicule de la gendarmerie a voulu forcer le passage et a été la cible de jets de pierres. Ils ont appelés des renforts sur la zone mais la situation a mené à de violents face-à-faces entre les militaires et les manifestants. Les forces de l’ordre ont fait usage de LBD (lanceurs de balles de défense) et de grenades lacrymogènes pour repousser les habitants vers la tribu et réouvrir la route, qui a été fermée à la circulation pendant une demi-heure. Quatre gendarmes ont été légèrement blessés par les jets de pierres.

Samedi 8 mars, 7 heures du matin, un Britannique est entré dans le périmètre du parlement en escaladant une clôture sans qu’aucun agent de sécurité ne l’interpelle. Il est ensuite monté sur la tour Élisabeth de Big Ben à Londres, drapeau palestinien et keffieh ( foulard emblématique de la cause palestinienne) à la main. Il exigeait la libération des 18 détenus ayant participé à une action de soutien au peuple palestinien en août 2024 sur le site de Filton Elbit Systems à Bristol et la fin du génocide à Gaza. Trois sauveteurs ont grimpé sur les échelles des pompiers pour persuader l’homme de descendre, mais cela s’est avéré sans effet. De nombreuses personnes se sont rassemblées pour le soutenir, elles ont scandé «  Free Palestine » et « tu es un héros ». Peu après les douze coups de minuit à l’horloge de Big Ben, le grimpeur a décidé de quitter son poste, les pompiers l’ont alors aidé à descendre. Dès son arrivée au sol, les forces de police l’ont mis en état d’arrestation.

La Mauritanie est un point de départ pour de nombreux migrants qui tentent de rejoindre l’Europe par la mer. Samedi 8 mars, un poste de police a été pris pour cible à Gogui par des personnes qui étaient sur le point de se faire expulser vers le Mali. Le poste de police a été attaqué à coups de pierre, avant d’être incendié. Depuis plusieurs jours, des ONG alertent sur une campagne d’arrestations et d’expulsions de personnes en situation irrégulière et appellent à ne pas arrêter les migrants dans des conditions inhumaines. Les centres de détention avant expulsion sont surpeuplés. Le manque de nourriture et d’hygiène y sont criants.

Début mars, un militant pro-palestinien a été arrêté et placé en garde à vue pendant 48H dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme » (voir notre article). Actuellement sous contrôle judiciaire et avec une interdiction de manifester, l’activiste vient d’apprendre qu’il était suspendu à titre conservatoire de son travail pour une durée de 4 mois, soit à la fin de son contrat.

Mahmoud Khalil, un des responsables des manifestations étudiantes qui se sont déroulées sur le campus de Columbia depuis le printemps 2024, a été arrêté dimanche par le Department of Homeland Security (DHS), un service de police chargé du contrôle aux frontières, de l’immigration et de la lutte contre le terrorisme. Le DHS accuse M. Khalil « de mener des activités liées au Hamas ». Fraîchement diplômé, il dispose du droit de résidence permanente aux États-Unis. L’administration Trump envisage de lui retirer son visa et sa Green Card (titre de résidence permanente aux États-Unis) afin de procéder à son expulsion. L’université de Columbia, qui compte quelque 30.000 étudiants était devenue l’épicentre des manifestations contre les bombardements israéliens à Gaza et le soutien de l’administration Biden à Israël.

Samedi 8 mars, en soirée, malgré les interdictions de manifester ordonnées par les autorités, une marée féministe d’environ 200 000 personnes a déferlé sur Istanbul. La police avait monté des barrages pour empêcher la marche nocturne qui a lieu depuis 23 ans. Les participant.e.s se sont rassemblé.e.s derrière une banderole mentionnant : «Notre lutte féministe change nos vies et le monde». Tout au long du parcours, des slogans tels que « Jin, jiyan, azadî (slogan féministe kurde) », « Nous ne nous tairons pas, nous n’avons pas peur, nous n’obéirons pas » et « Vive notre lutte féministe » ont résonné dans les rues. Durant la marche, les participantes ont déployé un drapeau « Rébellion féministe » devant le Feminist Mekan, un lieu de rassemblement féministe bien connu des militantes. Après la marche, plus de 200 personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre.

Huit militants écologistes de Just Stop Oil ont vu leurs peines de prison ferme confirmées ce vendredi 7 mars en appel par la justice britannique. La justice rejette l’appel des deux membres de Just Stop Oil qui avaient lancé de la soupe sur le tableau « Les Tournesols ». Phoebe Plummer et Anna Holland contestaient leur condamnation à 24 et 20 mois de prison ( voir article ici ). En tout, 16 militants du groupe anti-énergies fossiles faisaient appel de leurs condamnations allant jusqu’à cinq ans de prison, pour avoir participé à un blocage d’autoroute en 2022. Six peines ont été réduites, dont celle du fondateur de Just Stop Oil, Roger Hallam, qui passe de 5 ans à quatre ans d’emprisonnement. Ils avaient planifié, lors d’une réunion en ligne, une action de blocage de l’autoroute M25 autour de Londres ( voir article ici ). Au moment de l’annonce de la décision, une vingtaine de militants se sont levés dans la salle, en silence, vêtus de tee-shirt « Corruption au tribunal » et ont tourné le dos à la juge. Les militants déboutés envisagent de saisir la Cour suprême. Ces condamnations sont les plus lourdes jamais infligées dans le cadre de manifestations non violentes.

Mercredi 5 mars, Le chanteur pop iranien Mehdi Yarrahi, auteur d’une chanson exhortant les femmes à retirer leurs foulards, a annoncé après avoir reçu 74 coups de fouet dans le cadre de sa condamnation, qu’il était prêt à payer « le prix de la liberté ». Il avait soutenu le mouvement qui a suivi la mort de Masha Amini, arrêtée en septembre 2022 et décédée en détention pour mauvais port du voile ( voir notre article ici ). Mehdi Yarrahi a été arrêté en 2023, puis libéré l’année dernière et assigné à résidence suite à la publication de la chanson en faveur de la campagne « Femme, Vie, Liberté ».

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