Depuis la manifestation massive du 28 juin, qui avait réuni 140 000 personnes contre la corruption et exiger des élections législatives anticipées du président Aleksandar Vucic (voir article ici), étudiants et manifestants organisent des centaines de blocages et de barrages pour la sixième journée consécutive dans tout le pays. Des méthodes pacifiques, un groupe de personnes traverse la rue en boucle, forçant les automobilistes à s’arrêter. À d’autres endroits, des habitants déplacent les conteneurs à ordures, au milieu de grands carrefours, formant une barricade improvisée. Ces blocages sont interrompus par d’importantes forces de police anti-émeute. Les protestataires se retirent aussitôt pour aller bloquer un autre carrefour. La répression policière durcit. Lors des blocages nocturnes, les forces de l’ordre se montrent très violentes. De nombreux manifestants ont été hospitalisés pour des coups ou des fractures, on dénombre plus d’une centaine d’arrestations à Belgrade, 

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Avant le début de la manifestation, plus d’une cinquantaine de participant.es à la marche des Fiertés LGBTQIA+ d’Istanbul ont été arrêté.es et placé.es en détention dimanche. Comme tous les ans depuis 2015, la Pride a été interdite par le gouvernement conservateur et LGBTphobe de Recep Tayyip Erdogan. Cette année encore, la marche des fiertés prévue le dimanche 29 juin malgré son interdiction a été violemment réprimée. Dimanche soir, seuls sept manifestant·es avaient été relâché·es, les autres demeurent encore en détention, rapporte l’association Stop homophobie qui signale la présence d’avocats et de journalistes parmi les personnes arrêtées.

Ce mercredi 25 juin se tenait le procès de Manon et Rachel, militantes chez Dernière Rénovation, un collectif de résistance civile. En octobre 2023, Manon recouvre la vitrine du bâtiment Louis Vuitton des Champs-Élysées de peinture, « pour dénoncer l’enfer climatique que Bernard Arnault, PDG de LVMH et ses amis milliardaires, nous imposent ». Pour information, en 2024, Bernard Arnault a émis 1200 fois plus de gaz à effet de serre qu’un Français moyen. Manon risque une amende de 2000€ de dommages et intérêts ainsi qu’un an de prison avec sursis. En novembre 2023, Rachel recouvre la façade de Matignon de peinture lavable pour dénoncer le manque de moyens accordés à la rénovation thermique des bâtiments. L’État français réclame 160.000€ de dommages et intérêts, Rachel risque 6 mois de prison ferme. Verdict attendu le 23 septembre prochain. La France semble donc vouloir emboîter le pas au Royaume-Uni contre les militant·es écologistes en réclamant des peines de prison ferme pour de simples jets de peinture lavable. Au Royaume -Uni, c’est le collectif Just Stop Oil, qui demandait la fin des énergies fossiles, et a récemment annoncé la fin de ses activités (notre article ici), qui a payé le plus lourd tribut : 3300 arrestations, 180 peines de prison dont certaines de prison ferme jusqu’à 5 ans pour des blocages de route ou des jets de soupe.

Pour le troisième jour consécutif, des manifestations pour protester contre le régime de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 20 ans, ont eu lieu samedi 28 juin, au Togo. Les autorités ayant déclaré les rassemblements illégaux, la police les a rapidement dispersés après de premiers échauffourées à Adidogomé, dans le nord de Lomé. Cette mobilisation lancée par des artistes et des influenceurs qui a notamment reçu un écho favorable au sein de la jeunesse togolaise, la répression a d’ailleurs été violente : à Lomé, trois corps ont été repêchés dans la lagune de Bè, le visage tuméfié. Le premier a été découvert dans la soirée du vendredi 27 juin, les deux autres dans la journée du samedi 28. « Hier nuit, quand le courant a été arrêté, les forces de l’ordre ont poursuivi des enfants jusqu’à la lagune. Parmi eux, mon fils de 16 ans qui vient d’avoir le BEPC et un autre dont les parents n’ont pas encore été retrouvés », témoigne le père de l’une des victimes.

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Détenus et emmenés de force à bord de bus, une soixantaine de militants anti-guerre et pour le climat d’Extinction Rébellion qui organisaient une manifestation contre le sommet de l’OTAN ont été interpellés par les forces de l’ordre ce mercredi 25 juin à La Haye. Plusieurs centaines d’activistes ont marché vers l’A12 pour bloquer cette dernière mais la police a empêché l’action en intervenant rapidement. Menée par XR et rejointe par d’autres groupes, les actions visaient à perturber le sommet de l’OTAN, dénoncer la course à l’armement et les destructions écologiques que les guerres entraînent. 

À l’occasion des commémorations du mouvement citoyen de 2024, des milliers de manifestants sont à nouveau descendus dans les rues de plusieurs villes du Kenya ce mercredi 25. Les manifestants ont scandé « libération » ou encore « un mandat » (un seul — pour le président Ruto). Des heurts ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre, avec jets de pierre d’un côté, gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes et canons à eau de l’autre. Les événements sont ensuite devenus dramatiques puisqu’au moins huit manifestants ont été tués et 400 autres blessés, dont 83 gravement, à Nairobi, mais aussi dans la grande ville côtière de Mombasa et d’autres comtés du pays.

Le 25 juin 2024, la prise du Parlement de la capitale par des manifestants, réclamant le retrait de la loi de finances et la démission du président William Ruto, avait marqué l’apogée de protestations qui avaient perduré jusqu’en juillet. Plus de 60 personnes avaient été tuées au total, et plus de 80 personnes avaient été enlevées, dont certaines Sont encore portées disparues.

MàJ : Le bilan des manifestations d’hier est passé à quinze morts

Un rapport de la Défenseure des droits publié hier mardi 24 juin révèle une hausse des contrôles d’identité en France entre 2016 et 2024, et qui touche principalement les jeunes hommes perçus comme Noirs, Arabes ou Maghrébins.  En huit ans, les contrôles d’identité se sont multipliés en France, et cela, pour l’ensemble de la population (+81% chez les cadres, +148% chez les 55-64 ans, +79% chez les personnes perçues comme blanches). Le rapport avance quelques hypothèses : les Jeux olympiques en France en 2024, et plus largement les mouvements sociaux qui ont massivement mobilisé le pays : la révolte des gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites ou encore l’assassinat de Nahel, tué par un policier à Nanterre il y a deux ans.

Autre analyse : un changement de politique interne à la police, avec l’adoption en 2017 de la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, ou encore les nombreuses opérations contre le trafic de drogue, qui place le contrôle d’identité au cœur du dispositif de sécurité. Les jeunes hommes perçus comme Noirs, Arabes ou Maghrébins ont quatre fois plus de risque d’être contrôlés et douze fois plus de risque de subir un contrôle « poussé », c’est-à-dire des fouilles, des palpations, des conduites au poste de police ou des injonctions à quitter les lieux. Certaines populations sont également plus exposées à une interaction avec les forces de sécurité qui est non conforme à la déontologie : tutoiement, provocations, insultes ou des gestes brutaux – dirigés en général vers les plus vulnérables. Il s’agit principalement de jeunes hommes perçus comme Noirs ou Arabes, de personnes qui se déclarent non-hétérosexuelles, souffrant d’un handicap, étant au chômage ou résidant dans des quartiers pauvres.

Arrêté à New York le 8 mars pour son rôle de porte-parole de la contestation contre le génocide à Gaza sur le campus de Columbia (voir notre article), Mahmoud Khalil est devenu le symbole de la volonté du président américain Donald Trump de museler les mouvements étudiants. Après son interpellation par la police fédérale de l’immigration (ICE), Mahmoud Khalil, titulaire d’une carte verte de résident permanent, avait été transféré à près de 2.000 kilomètres dans un centre en Louisiane et était expulsable depuis le mois d’avril (notre article ici) .

La semaine dernière, le juge Michael Farbiarz du tribunal fédéral du New Jersey, avait ordonné sa libération, mais le ministère de la Justice avait rétorqué qu’il n’était « pas illégal » de détenir M. Khalil sur la base d’un autre motif d’accusation, ce qui avait poussé le juge à surseoir à sa libération. Ce vendredi 20 juin, le juge Farbiarz a ordonné la libération de Mahmoud Khalil. Libéré sous certaines conditions, il n’est pas autorisé à quitter le territoire américain, sauf dans le cas d’une démarche « d’auto-expulsion », et devra limiter ses déplacements à quelques États, celui de New York, où il réside, et celui du Michigan où réside sa famille.

En Tunisie, un rapport d’Amnesty International publié le 17 juin dénonce la répression envers des militants syndicalistes et écologistes. Contrairement au discours politique du président Kaïs Saïed qui s’est engagé à défendre la justice économique et sociale et les plus marginalisés, des militants et des syndicalistes sont arrêtés et parfois détenus sur la base de l’article 136 du Code pénal « entrave au travail » et l’article 107 « obstacle à un service public ». La répression a notament eu lieu dans les régions de Sfax, Siliana, Tunis et Kairouan. Les militants sont détenus pendant des périodes allant de trois jours jusqu’à vingt mois. Près de 90 personnes font l’objet de poursuites judiciaires. La répression dissuade les gens d’aller manifester et les médias traditionnels couvrent de moins en moins les protestations sociales et environnementales.

Parmi les mouvement réprimées, le mouvement Stop Pollution, un mouvement écologique dans le sud tunisien qui milite contre la pollution de la ville de Gabès, où se trouve le complexe industriel du Groupe chimique tunisien, et le syndicat des agents de la société Tunisie Autoroutes qui avait organisé une grève en mai 2023.

Şükriye Erol, qui a demandé l’asile politique en Suisse en décembre 2022, est détenue à l’aéroport de Zurich en attendant son extradition vers la Turquie où elle risque la prison, la torture et les mauvais traitements. Convoquée, ce jeudi 18 juin, au Bureau des migrations de Glaris dans le cadre d’une procédure d’extradition, elle a été invitée à signer des documents de rapatriement, mais a refusé. Erol aurait alors été menottée les mains dans le dos et trainée au sol par la police puis emmenée de force à l’aéroport de Zurich afin d’être extradée vers la Turquie. Engagée en politique depuis plus de trente ans, elle a été coprésidente des partis politiques kurdes HDP et du DBP et avait dû quitter le pays.