Dans le prolongement des manifestations des universités durant toute la journée du lundi 3 octobre, pour la 18e nuit du soulèvement, des affrontements et des manifestations nocturnes ont eu lieu dans de nombreux quartiers de Téhéran, notamment à Pounak, Amirabad Chomali, Ashrafi Isfahani, Tajrish, Shahrara et Shahryar. Des accrochages ont éclaté entre les forces répressives et la jeunesse insurgée qui manifestait de nuit en scandant « à bas Khamenei » et « à bas le dictateur ». À Tajrish, les gens ont répondu aux menaces et aux propos de Khamenei sur le soulèvement le jour-même avec le slogan « ce dingue de guide est une honte ». À Sanandaj, des manifestants ont mis le feu aux banderoles du régime au carrefour Sharif Abad et du 6-Bahman. Des manifestants et des jeunes rebelles ont manifesté dans le quartier de Nayssar où ils ont affronté des agents à moto. A Chiraz, rue Chamran, les gens ont manifesté de nuit soutenus par un concert de klaxons contre le déploiement massif des forces répressives. Hier, en plus des manifestations de grande ampleur dans des dizaines d’universités, des étudiants ont brûlé l’exposition des miliciens du Bassidj à l’entrée de l’Université d’Ispahan. La cérémonie funéraire d’une jeune insurgée nommée Nika Shakarami, dans la ville de Khorramabad, a tourné à la manifestation. Les forces répressives ont tenté d’y mettre fin en tirant sur les gens et en lançant des gaz lacrymogènes.

Hier mardi 4 octobre, des violents affrontements a éclaté entre la police et les habitants du quartier de Memonwada, à Porbandar, dans l’État du Gujarat. Les habitants ont affronté la police en protestant contre la campagne de démolition menée à Porbandar. Si quelques habitations ont été démolies pour cause de construction illégale, d’autres ont été rasées sous prétexte qu’elles auraient été utilisées pour stocker des stupéfiants. Les habitants se sont rassemblés en masse et ont jeté des pierres sur les policiers. La police a tiré des gaz lacrymogènes sur les villageois. La tension est actuellement élevée au Gujarat, car outre Porbandar, une autre grande ville, Vadodara, a connu des affrontements aux premières heures du 4 octobre, qui ont entraîné l’arrestation de 40 personnes.

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Les enseignants de la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) luttent pour la création de postes pour les enseignants de l’État du Michoacán. Lundi 3 octobre, lors d’une manifestation, ils ont envahi les voies ferrées du tronçon Lazaro Cardenas-Morelia dans la communauté de Caltzontzin, dans la municipalité d’Uruapan (Michoacán). La Garde civile est intervenue et des affrontements ont éclaté, faisant de nombreux blessés dans les deux camps. Les manifestants ont lancé des projectiles divers sur la Garde civile, y compris des engins pyrotechniques, blessant (légèrement) sept membres des forces de l’ordre. A la fin du mois de septembre, des enseignants du CNTE s’étaient déjà heurtés à des éléments de la Garde civile après avoir effectué au moins trois blocages de routes dans les municipalités d’Uruapan, de Chilchota et de Purépero.

La guérilla colombienne de l’Armée de libération nationale (ELN) et le gouvernement colombien reprendront en novembre les négociations de paix suspendues en 2019, ont annoncé mardi les parties dans un communiqué commun lu à l’issue d’une réunion à Caracas entre les représentants des parties. « Quand reprendrons nous? Le communiqué le dit: après la première semaine de novembre » dans des « lieux tournants » entre les pays garants, le Venezuela, Cuba et la Norvège, a ensuite précisé à la presse Antonio Garcia, commandant de l’ELN (photo). Les représentants de l’ELN étaient depuis quatre ans à Cuba où s’est tenu le précédent round de négociations, suspendu en 2019 par l’ancien président colombien, le conservateur Ivan Duque, après un attentat contre une école de police qui a fait 22 morts, outre l’assaillant. Après avoir été sous le coup de mandats d’arrêts internationaux, ils ont pu quitter Cuba dimanche dans le cadre de nouvelles négociations de paix promises par le nouveau président colombien Gustavo Petro. Investi en aout, M. Petro, premier président de gauche et ancien guérillero lui-même, travaille sur un plan de « paix totale ». Il a notamment affirmé sa volonté de négocier avec l’ELN mais aussi avec les dissidents des ex-FARC qui rejettent l’accord de paix de 2016 (voir notre article).

Antonio Garcia, commandant de l’ELN

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La militante et universitaire Nagihan Akarsel, rédactrice en chef du magazine Jineology et membre du Centre de recherche de jinéologie, a été la cible d’une attaque armée à Sulaymaniyah (Kurdistan irakien) ce mardi matin. Alors qu’Akarsel a perdu la vie sur place, son corps a été transporté à l’Institut de médecine légale de Sulaymaniyah. Connue pour son travail sur les femmes, la jinéologie et le journalisme féminin, Akarsel est née dans la province turque de Konya et vivait à Sulaymaniyah. Dans le cadre d’un projet, la journaliste-écrivain travaillait à la création d’une Académie de jinéologie et d’une bibliothèque des femmes du Kurdistan à Sulaymaniyah. La jinéologie, traduite par « science des femmes », est un élément central de l’idéologie du mouvement de libération kurde et joue un rôle majeur au niveau institutionnel, notamment dans la révolution du Rojava. Pour dénoncer cet assassinat, un rassemblement aura lieu aujourd’hui à 17h au Carrefour de l’Europe à Bruxelles devant la gare centrale.

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Le plus récent drone turc « HALE » (Haute altitude Longue endurance) de type Akıncı a été repérée au-dessus du Nord de la Syrie. L’Akıncı est équipé d’un radar actif à balayage électronique [AESA] et dispose d’un système de communication par satellite et d’un atout ISTAR+C3 (permettant une connexion directe avec le commandement turc, sans que la communication ne passe par des satellites étrangers ou des pays tiers). L’Akıncı semble fondamentalement destiné à l’observation (il peut intercepter des signaux électroniques), mais il peut transporter tous les types de missiles ainsi que des bombes dites de précision guidées par GPS/INS.  Deux turbopropulseurs ukrainien Ivchenko-Progress lui garantissent une vitesse de pointe de 361 km/h et une vitesse de croisière d’au moins 240 km/h. Son altitude optimale est d’un peu plus de 9 000 mètres, bien qu’il puisse voler à plus de 13 000 mètres. Avec un plein de carburant, le drone parcourt 7 500 km. À l’heure actuelle, 12 unités de ce drone sont au service de l’armée turque.

Les manifestations contre la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée peu après son arrestation par la police des moeurs, constituent la plus importante expression de rejet des autorités religieuses iraniennes depuis 2019. L’université Sharif, traditionnel foyer de dissidence, est encerclée par des dizaines de policiers anti-émeutes. Une des vidéos diffusée sur les réseaux sociaux montre les forces de sécurité tirant des gaz lacrymogènes pour chasser les étudiants du campus et le son de ce qui semblait être des tirs à distance pouvait être entendu. Une autre vidéo montre les forces de sécurité poursuivant des dizaines d’étudiants coincés dans le parking souterrain de l’université. Dimanche, des étudiants ont manifesté dans de nombreuses universités et des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes telles que Téhéran, Yazd, Kermanshah, Sanandaj, Shiraz et Mashhad, les participants scandant « indépendance, liberté, mort à Khamenei ».

Le porte-parole du Front central de Negros de la Nouvelle armée populaire (NPA), a revendiqué hier dimanche, l’exécution d’un paramiliairte de la Citizen Armed Force Geographical Unit (Cafgu) dans la ville de Moises Padilla, Negros Occidental, la semaine dernière. Joselito Raboy, membre actif de la base de patrouille Cafgu de Barangay Montilla, sous les ordres du 62e bataillon d’infanterie (IB), circulait sur sa moto à Sitio Kabayabasan lorsqu’un commando maoïste lui a bloqué le passage et tiré sur lui. Raboy avait fait partie de ceux qui ont lancé une opération qui avait entraîné la mort de civils, à Sitio Banderahan, en juillet. Il était également avec les soldats du 62e IB et de la Force d’action spéciale de la Police nationale des Philippines dans l’attaque anti-maoïste de Sitio Kambairan. Raboy est l’un des trois Cafgus qui avaient saccagé des maisons de Sitio Bayabasan en menaçant les villageois soupçonnés d’aider la guérilla. « Le châtiment de Raboy servira d’avertissement à ceux qui se font partie des machineries fascistes de l’armée et de la police en échange d’argent », a souligné le porte-parole de la NPA.

Auxiliaires anti-guérilla du CAFGU

La Turquie a annoncé dimanche le lancement d’une nouvelle opération militaire visant les guérillas du PKK. L’opération d’automne-hiver « Blocus d’Eren » a été lancée par environ 1.600 militaires soutenus par l’aviation. Par ailleurs, deux combattantes du PKK et un policier ont été tués devant le poste de police du district de Tece, dans le district de Mezitli à Mersin la nuit dernière. Les combattantes kurdes ont ouvert le feu sur le commissariat, blessant deux policiers, dont un mortellement. Un groupe de quatre policiers sont alors intervenus et la fusillade a repris. Les combattantes ont été blessée et l’une d’elle, Dilşah Ercan a fait exploser la bombe qu’elle transportait dans son sac à dos. Les policiers ont arrêté une personne qu’ils soupçonnent d’avoir transporté le commando.

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Dans un Irak en pleine impasse politique, des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi 1er octobre à Bagdad pour marquer le troisième anniversaire d’un soulèvement contre le pouvoir, lancé contre la corruption des élites et la gabegie des services publics. La contestation inédite, déclenchée en octobre 2019, s’était propagée jusqu’au sud pauvre majoritairement chiite. Dans cet Irak riche en pétrole, des mois durant, des centaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue, dénonçant chômage des jeunes, infrastructures en déliquescence et absence de démocratie. Le mouvement s’était essoufflé avec une répression qui avait fait près de 600 morts et 30 000 blessés, mais aussi le confinement lié au coronavirus. Trois ans plus tard, la situation n’a pas changé. Les mêmes partis monopolisent la vie politique et, un an après les législatives d’octobre 2021, ils ne peuvent s’accorder sur le choix d’un premier ministre et d’un président.

En soirée, la mobilisation se poursuivait à Bagdad avec des effectifs moins importants, mais aussi dans les grandes villes du Sud, Nassiriya et Bassora, où les contestataires ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des grenades de gaz lacrymogène. « Le peuple exige la chute du régime », ont scandé, samedi dans la journée, les milliers de manifestants, très jeunes pour la plupart, brandissant drapeaux irakiens et portraits des « martyrs » de 2019 sur la place Tahrir de Bagdad. Les forces de l’ordre ont tiré plusieurs salves de gaz lacrymogène pour empêcher les contestataires de franchir un pont, où des murs en béton barraient l’accès à la Zone verte, quartier abritant ambassades occidentales et institutions étatiques. Les accrochages à Bagdad ont fait 36 blessés chez les manifestants, souffrant principalement de troubles respiratoires. Après des décennies de conflits, en l’absence de réformes économiques et de grands projets d’infrastructures dans ce pays frappé par une corruption endémique, le chômage touche par ailleurs quatre jeunes sur dix. Et la vie des 42 millions d’Irakiens est impactée par les conséquences du changement climatique, sécheresses et pénuries d’eau ne faisant qu’empirer.