Plusieurs prisonniers politiques iraniens ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention pendant l’épidémie de coronavirus qui a durement touché l’Iran. La grève de la faim fait suite aux revendications des familles des prisonniers politiques pour que le pouvoir judiciaire libère temporairement les prisonniers pour limiter la propagation de COVID-19. Au cours des deux dernières semaines, Téhéran a annoncé un plan de libération provisoire de plus de 50.000 prisonniers, puis de 85.000 (voir notre article). Or non seulement il reste de nombreux prisonniers politiques en Iran, mais ceux-ci suggèrent que des mesures ont été prises pour rendre certains types de détenus particulièrement vulnérables. Les prisons en Iran sont connues pour leur mauvaise hygiène, leur nourriture de mauvaise qualité, leur accès limité à l’eau et leur manque de ventilation. Dans l’ensemble, ces conditions contribuent fortement à la propagation de la maladie et aggravent également les conditions de santé préexistantes chez les détenus. Les détenus malades, quant à eux, sont systématiquement soumis au refus d’accès aux soins médicaux. Ceci est largement reconnu comme une tactique délibérée pour exercer une pression supplémentaire sur les prisonniers, en particulier les prisonniers politiques. Il n’est pas rare que cette tactique entraîne une invalidité permanente ou même la mort. Dans une récente lettre ouverte, plusieurs d’entre eux ont expliqué qu’ils avaient vu des codétenus tomber malades et mourir. D’autres auraient été transportés à l’hôpital et n’auraient jamais été revus.

Une prison en Iran

 

Dans la semaine du 9 mars, 40 personnes ont été arrêtées dans plusieurs villes du Nord-Kurdistan, dans le cadre d’une enquête lancée par le parquet d’Urfa. A ce jour, 52 personnes, dont 12 prisonniers, sont poursuivies dans le cadre de cette procédure engagée en 2018. Elles sont accusées d’avoir établi un lien entre les coordinations intérieures et extérieures du “Comité des prisons du PKK/KCK”. Sur la liste des 40 arrêté·es figure l’avocate Sevda Çelik Özbingöl, l’écrivain kurde Halil Çay et Ilyas Yeşilçay qui ont été envoyés en détention provisoire mercredi, alors que les 17 autres personnes arrêtées étaient libérées sous contrôle judiciaire. Les autres personnes placées en garde à vue, dont Berivan Kutlu, co-maire HDP de Cizre, ont été déférées devant le tribunal jeudi. Mme Kutlu qui avait été démise de son mandat de Maire en octobre dernier et remplacée par un administrateur d’Etat, a été libérée sous contrôle judiciaire, de même que 5 autres personnes.

Par ailleurs, le gouvernement turc a prit le contrôle, lundi, des municipalités kurdes de Batman, Silvan, Lice et Ergani, et désigné des administrateurs pour remplacer les co-maires destitué·es. Les co-maires de Silvan, Naşide Toprak, et d’Ergani, Ahmet Kaya, ont été placés en garde à vue, tandis que les deux autres maires sont en liberté. La police a encerclé les municipalités dont les accès ont complètement été interdits au public. Des actions de protestation ont été menées devant les mairies.

Les municipalités kurdes de Batman, Silvan, Lice et Ergani saisies par le gouverment turc

Lundi 23 mars, le ministère de justice a annoncé qu’il prendrait des ordonnances pour libérer 5000 prisonniers en fin de peine en raison du Coronavirus. La garde des Sceaux avait aussi indiqué avoir donné des instructions pour qu’on ne mette pas à exécution les courtes peines d’emprisonnement. Les prisons françaises avaient, comme ailleurs dans le monde, connus d’importants mouvements de révoltes des prisonniers inquiets pour leur santé et mécontents des mesures prises dans le cadre du confinement (voir notre article).

La mutnerie à la prison d'Uzerche

Aujourd’hui, la Nouvelle Armée Populaire (NPA) a annoncé un cessez-le-feu unilatéral en raison du Coronavirus. Ce cessez-le-feu ordonné par le comité central du Parti communiste des Philippines (CPP) prendra effet le 26 mars et devrait se terminer le 15 avril. Les commandant·es d’unité et les milices populaires et les masses qui les soutiennent devront donc s’abstenir de lancer des offensives tactiques et consacrer leur énergie à la lutte contre la pandémie. Le but de ce cessez-le-feu unilatéral est d’assurer et de faciliter l’assistance médicale, sanitaire et économique nécessaire à lutte contre la pandémie. Par ailleurs, le Front démocratique national des Philippines (NDFP), coalition des forces révolutionnaires, exige la libération immédiate de tous les prisonniers politiques ainsi qu’une amnistie générale.

Combattantes de la NPA

Le 20 mars, Erlan Baltabay, dirigeant du Syndicat indépendant des travailleurs du pétrole et de l’énergie au Kazakhstan, a été libéré de prison. Condamné à 7 ans de prison en juillet 2019 pour des raisons politiques, Erlan Baltabay avait été relâché en août de la même année, sa peine ayant été remplacée par une amende qu’il avait refusé de payer et fait appel à sa condamnation. En octobre 2019, il a été condamné à une nouvelle peine de prison de cinq mois et huit jours pour avoir refusé de payer l’amende (voir notre article). Il a purgé sa nouvelle peine de prison dans son intégralité, mais est toujours interdit de toute activité publique, y compris les activités syndicales, pour les sept prochaines années.

Erlan Baltabay

Dimanche 22 mars, deux nouvelles révoltes ont éclaté dans les prisons françaises de Maubeuge et Longuenesse. Une trentaine de prisonniers de la prison de Longuenesse ont refusé de regagner leur cellule ce dimanche, en début d’après-midi, une émeute a éclaté quasiment au même moment à la prison d’Assevent (Maubeuge). Les prisonniers réclamaient davantage de douche, la possibilité de laver leur linge, mais aussi que les surveillants portent des masques. On recense également des mouvements de prisonnier à Meaux, Nantes et Carcassonne. Les deux mouvements ont été organisé avec l’aide des réseaux sociaux. Un appel à la révolte circule, en effet, depuis le 18 mars sur Snapchat. En Colombie, les prisonniers de pas moins de 10 prisons parmi lesquelles les prisons de Bogota (voir notre article), Medellin et Boyaca, se sont révoltés dimanche, au cris de « liberté ». Au moins 23 personnes sont décédées et 90 ont été blessées – 83 détenus et 7 gardiens – par ces événements dans la prison de La Modelo à Bogota, où, selon les autorités, une tentative d’évasion a eu lieu samedi soir. Au Tchad, une mutinerie a éclaté à la prison d’Amsinene. La répression a fait un mort et plusieurs blessés parmi les dizaines de prisonniers révoltés.

La prison de La Modelo à Bogotá

Le parti des Forces alternatives révolutionnaires communes (FARC, fondé par les anciens membres de la guérilla) a dénoncé ce dimanche le meurtre d’Albeiro Gallego Mesa, un ancien membre de la guérilla, samedi soir, dans l’espace territorial de formation et de réintégration (ETCR) situé dans la municipalité de La Macarena, dans le département de Meta, au centre de la Colombie. Albeiro Gallego Mesa était âgé de 68 ans et avait accepté le plan de réintégration des membres des FARC, que le gouvernement de Juan Manuel Santos avait signé avec la guérilla dans le cadre des accords de paix de 2016. C’est le 191e ex-guérillero assassiné depuis les accords de paix. Au début du mois, l’ancienne guérillera, Astrid Conde, alias «Nancy» a également été assassinée par un tueur armé d’un pistolet à silencieux.

Manifestation contre l'assassinat des anciens guérilleros, au second plan, un portrait d'Astrid Conde

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L’Iran a libéré temporairement environ 85 000 prisonniers, y compris une poignée de prisonniers politiques en réponse à l’épidémie de coronavirus. Le nombre de décès dus au coronavirus en Iran a atteint 988 et un total de 16 169 personnes ont été confirmées infectées à travers le pays. Un jour après que l’Iran a libéré 70.000 prisonniers, début mars, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Iran, Javaid Rehman, a déclaré qu’il avait demandé à Téhéran de libérer temporairement tous les prisonniers politiques de ses prisons surpeuplées et malades pour aider à endiguer la propagation du coronavirus. Seuls ceux qui purgeaient des peines de moins de cinq ans, une douzaine, ont été libérés, tandis que les prisonniers inculpés de peines plus lourdes et ceux liés à leur participation à des manifestations anti-gouvernementales restent en prison.

Une prison en Iran

Dix-sept policiers ont été tués et quinze autres ont été blessés dans une embuscade de la guérilla maoïstes. L’attaque a eu lieu samedi après-midi près du village d’Elmaguda, dans le district de Sukma, à 1 100 kilomètres au sud de Patna, la capitale de l’État du Bihar. Elle a visé une force conjointe anti-guérilla de la Special Task Force (STF) et de la District Reserve Guards (DRG) qui tentaient de surprendre la 2e compagnie de l’Armée de Guérilla Populaire de Libération signalée à Elmagunda. C’est cette même 2e compagnie qui a tendu l’embuscade. La fusillade a duré 5 heures. Douze tués appartenaient à la DRG et cinq à la STF. Quatre des 15 blessés sont dans un état critique. Les maoïstes se sont retirés en emportant 16 armes. Les renforts, 550 membres des forces spéciales, n’ont pu atteindre les lieus de l’embuscade et récupérer les corps qu’aujourd’hui dimanche, en matinée. La région est un bastion connu de l’insurrection maoïste depuis plus de 40 ans.

Combattants maoïstes

 

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Édit 23 mars 2020 : La mutinerie de la prison de La Modelo à Bogota a fait 23 morts et 83 blessés. Les familles des prisonniers se sont rassemblées, malgré le confinement, afin de tenter de recueillir des informations face au long silence des autorités.

En plus des révoltes qui ont éclaté dans les prisons d’Europe (voir notre article), on recense des mouvements similaires en Amérique latine, Afrique, au Moyen-Orient et en Inde. En voici un compte-rendu non-exhaustif. En Colombie, des mutineries ont éclaté samedi soir dans les prisons de Bogota et Ibagué. Les quelques 123 000 prisonnières et les prisonniers mécontent·es des mesures prises dans le cadre du Coronavirus se ont participé à des émeutes, des incendies, et se sont affronté avec les quelques 14 000 gardiens. Des coups de feu ont été entendus. Les prisonnières et les prisonniers demandent du matériel pour se protéger de la pandémie et le rétablissement des visites de leurs proches. Au Mexique, des prisonniers d’Atlacholoaya  se sont révoltés. Certains en ont profiter pour tenter de s’évader. La police ouvert le feu, tuant trois évadés et blessant dix autres. Mais d’autres prisonniers seraient toujours en fuite.

En Ouganda, une émeute a éclaté dans la prison du district d’Arua. Les affrontements se sont déclenchés après qu’un prisonnier qui avait tenté de gravir le périmètre de la prison pour s’échapper ait été abattu. L’émeute a été réprimée par les force de sécurité qui ont tué au moins six prisonniers et en ont blessé 23 autres. Par ailleurs, 23 prisonniers se sont échappés. Au Bengale de l’Ouest (Inde), une mutinerie a éclaté, samedi 21 mars, à la prison de Kolkata (dans l’ouest du pays). Les prisonniers ont incendié une partie de la prison. Des affrontements ont eut lieu avec les gardien et la police. Une unité spéciale de la police est intervenue pour réprimer la révolte faisant 4 morts et au moins blessés parmi les prisonniers. Les prisonniers demandaient le rétablissement des visites de leur proche ainsi que leur audience devant les tribunaux.

En Iran, une mutinerie a éclaté, vendredi 20 mars, dans la prison centrale d’Aligoudarz. Les prisonniers qui risquaient d’être exposés au coronavirus, se sont mutinés et ont désarmé des gardiens et ont tenté de s’évader. Les affrontements entre prisonniers et gardiens se sont étendus à l’extérieur et ont duré plusieurs heures. Des unités des pasdaran sont entrées en scène pour réprimer la mutinerie. Plusieurs prisonniers ont réussi à s’échapper. D’autres ont été tués ou blessés quand les forces de sécurité ont ouvert le feu. Le jour d’avant, le 19 mars 2020, environ 250 prisonniers de la prison de Parsilon à Khorramabad s’étaient mutinés et, après avoir désarmé les gardiens, avaient réussi à s’échapper. Les gardiens et les forces de sécurité avaient également ouvert le feu sur les évadés en tuant un certain nombre.

Des prisonniers ougandais blessé lors de la révolte