Lundi 5 mai, procès d’une étudiante allemande, Rima (le prénom a été modifié), elle avait été arrêtée lors d’une action de blocus en soutien à Georges Ibrahim Abdallah et au peuple palestinien à l’université Lumière Lyon 2 en décembre 2024. Arrivée sur place, la police avait rapidement et violemment chargé et arrêté plusieurs étudiant·es pour les contrôler. Lors de cet affrontement, Rima avait crié ACAB (lire notre dossier ACAB). Tout le procès tourne autour de ses opinions politiques, forcément d’« ultragauche » pour le procureur, lequel accuse Rima d’« être venue en France pour causer de l’agitation ». Pour avoir insulté les forces de l’ordre et refusé de donner ses empreintes en garde-à-vue, elle est condamnée à 3 mois de prison avec sursis, 2000 euros d’amende et 5 ans d’interdiction de paraître à Lyon.
Ce lundi 12 mai, le ministère de la Défense de l’Équateur a annoncé le déploiement de plus de 1 500 militaires pour traquer les dissidents de la guérilla colombienne des FARC. 11 soldats ont été tués vendredi lors d’une opération visant l’exploitation minière illégale (notre article ici). Des membres des forces spéciales, des services de renseignement et de lutte contre le terrorisme seront chargés dans la forêt amazonienne de « localiser et de neutraliser les guérilleros ».
Le PKK a tenu son 12e congrès extraordinaire à la demande d’Abdullah Ocalan. Conformément aux demandes de ce dernier (voir notre article), il a annoncé sa dissolution et l’arrêt de la lutte armée. Ocalan multiplie depuis plusieurs mois les ouvertures pour un « processus pacifique et démocratique ». Aucune de ses ouvertures n’a pour l’instant reçu une réponse concrète du gouvernement turc. Au contraire : l’armée turque profite de la liberté de mouvement que lui assure le cessez-le-feu unilatéral du PKK au Kurdistan Irakien pour redoubler ses bombardements et attaques contre les bases du PKK dans la région. En avril, les bombardements et attaques des forces armées turques ont même augmenté de 78 % par rapport au mois précédent ! Depuis le 1er avril, au moins 210 bombardements ont été recensés au Kurdistan irakien, dont 42 frappes aériennes, 153 tirs d’artillerie et 14 attaques d’hélicoptères. Et alors que la direction du PKK espère la libération de 50 000 prisonniers au Kurdistan turc, la répression s’y est au contraire intensifiée, arrestations et condamnations se multipliant.
Dans un premier temps, le comité central du PKK avait annoncé que la présence d’Ocalan était nécessaire pour des discussions avec un enjeu aussi important, mais les autorités turques n’ont pas envisagé une telle libération et le 12e congrès de dissolution s’est donc tenu sous les bombardements et alors qu’Ocalan est toujours détenu. On ne sait où s’arrêtera la surenchère de concessions de la part d’Ocalan et de ses partisans, en l’absence de tout signe positif concret du régime fasciste turc.
Dans la nuit du 8 au 9 mai, des tags nazis, racistes et LGBTIphobes ont été tagués sur les murs de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. En réaction, le président de l’établissement a renvoyé dos-à-dos fascistes et antifascistes. Pire encore, trois étudiants qui recouvraient ces appels à la haine ont été interpellés et contrôlés par la sécurité de l’université avec l’appui de la police.
Les forces israéliennes ont commencé à ériger des barrières de fer à l’entrée du camp de réfugié·es de Jénine, cibles des raids meurtriers. Depuis plus de 100 jours, les raids israéliens ont pratiquement vidé le camp de ses habitant·es et les dirigeants israéliens ont affirmé qu’il leur serait interdit de retourner chez elles et eux avant au moins un an. Les barrières israéliennes faisaient partie de la vie des habitants du camp: 150 barrières permanentes de ce type ont été installées depuis le 7 octobre 2023. Mais les forces d’occupation créent une séparation qui n’a jamais existé avant, entre la ville et le camp: c’est la première fois que l’une de ces barrières est érigée au cœur de la zone A, qui couvre près de 18% de la Cisjordanie et est censée être sous le contrôle total des Palestinien·nes.
Dans la ville de Jénine, les déplacements de population se poursuivent. Le 3 mai, au moins sept familles ont été contraintes d’évacuer leurs maisons dans une zone située près de l’hôpital gouvernemental de Jénine. Six de ces familles avaient déjà été déplacées du camp de réfugiés de Jénine. La ville souffre aussi de pénuries d’eau. La municipalité était parvenue à rétablir l’approvisionnement en eau entre le puits d’As Saa’deh et les foyers d’environ 15 000 habitants de l’ouest de la ville. Toutefois, selon cette dernière, l’est de la ville est toujours privé d’eau, environ 20 000 personnes sont touchées et dépendent désormais de camions-citernes, de raccordements temporaires et d’autres solutions à court terme.
416 personnes avaient été placées en garde à vue le 1er mai alors qu’elles tentaient de manifester place Taksim (voir notre article). 372 ont été libérées après les mesures de sécurité. Huit personnes ont été déférées à la Direction de la lutte antiterroriste (DLT), tandis que 36 autres seront déférées au tribunal pour « violation de la loi sur les réunions et les manifestations ».
Le syndicat Solidaires Informatique appelle à se mobiliser en soutien à Alexandre, syndicaliste réprimé par son employeur pour avoir dénoncé les liens de son entreprise, Pelico, avec un vendeur d’armes complice d’Israël. En particulier, ils appellent à un rassemblement ce mercredi 14 mai 8h30 devant Pelico à Paris (46 rue Notre-dame-des-Victoires, Métro 3 – Bourse).
Gérald Darmanin, le nouveau patron de la justice, veut une “réforme de bon sens” qui ressemble surtout au tout-répressif. Suppression de la prison avec sursis, retour des peines planchers rebaptisées “minimales”, réduction du nombre de sanctions possibles, le but, faire simple et rapide, le résultat, réduire la marge des juges et durcir les peines. Le garde des sceaux veut quatre types de peines : prison, amende, probation, interdiction. Les travaux d’intérêt général (TIG), bracelets électroniques et autres suivis seront fondus dans une peine de “probation” censée désengorger les prisons. Darmanin refuse tout mécanisme de libération anticipée des détenus. Pas de régulation carcérale, pas de réduction de peine, des cellules modulaires et l’expulsion des étrangers emprisonnés. Il veut aussi étendre le plaider-coupable aux crimes, avec l’accord du parquet et de la victime, ce qui déboucherait vers moins de procès, moins de débat contradictoire et une justice à la chaîne. C’est un projet de justice plus dure, plus rapide qui se met en place.
Un dossier de 25 pages, compilé par un médecin généraliste à la prison d’Haren, dénonce une série de manquements graves en matière de santé en prison. Le dossier élaboré, durant des mois, relate une série de situations problématiques : absence de dépistage et traitement des cas d’hépatite C, absence de dépistage de la tuberculose, soins évités sous prétexte de la charge logistique, entorses au secret médical. En matière de santé carcérale, la qualité des soins fournis en prison doit être “équivalente” à ceux prodigués dans “le monde libre” selon la DG EPI (Direction générale des établissements pénitentiaires). Pour le lanceur d’alerte, rien ne saurait être plus éloigné de la vérité, il dénonce une médecine contrainte, soumise aux logiques sécuritaires et pénitentiaires. Les détenus sont souvent laissés à l’abandon, et les soignants impuissants face à une administration focalisée sur la punition et le contrôle.
Voici le quatrième épisode de la série d’articles tirés de la remarquable brochure « Technologie et prison » (ici le pdf) réalisée par Carapatage que nous livrons en feuilleton. Aujourd’hui, la réalité virtuelle.
Aux États-Unis, les casques de réalité virtuelle sont utilisés pour préparer la sortie des prisonniers de longue peine. Au Colorado, des personnes, qui ont été enfermées mineures dans les années 80-90, ont passé 3 ans à porter régulièrement des casques de réalité virtuelle pour découvrir une version numérique du monde qui les attend dehors. On simule d’abord des décors, des rues, des intérieurs, pour qu’elles puissent constater à quel point le monde a changé. Puis, on leur apprend à utiliser les outils informatiques, internet ou le téléphone. Non pas en leur filant un ordi ou un téléphone, ce serait trop simple, mais plutôt en simulant dans le casque de réalité virtuelle un ordi et un téléphone. On leur apprend à gérer leur budget ou encore, on les met dans un bar où un type menace de se bagarrer avec elles et on leur demande comment réagir. En Californie, il est aussi utilité comme alternative aux permissions de sortie : les prisonniers peuvent « visiter » Paris ou la Thaïlande en VR (photo).
Ce casque est aussi utilisé dans l’État de Washington pour faire suivre à moindre coût aux prisonnières des ateliers virtuels de formation à la mécanique auto. Le géant de la sous-traitance carcérale, Global Tel Link (GTL), veut étendre le concept, notamment pour organiser des visites virtuelles dont on imagine facilement qu’elles pourraient remplacer des visites réelles. La visioconférence a d’ailleurs été permise à des détenu·es pour remplacer les parloirs qui avaient été supprimés lors de l’épidémie de Covid.
Cette technologie est aussi promue comme un moyen de lutter contre la récidive. Parmi les récentes expérimentations, on trouve des casques de réalité virtuelle destinés à des auteurs de violences conjugales où le spectateur se met tour à tour dans la peau du conjoint violent, de sa compagne et de leur petit garçon. Une phase test d’un an a débuté en octobre dernier avec une trentaine de détenus à Lyon, Meaux (avec des personnes condamnées et suivies en milieu ouvert) et Villepinte (en milieu fermé).