Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Fin 2009, la cour d’appel de Bruxelles (photo) avait écarté les préventions de terrorisme à l’encontre des militants et sympathisants du DHKP-C. Trois d’entre eux avaient toutefois été condamnés pour association de malfaiteurs, écopant de peines avec sursis. L’Etat turc a décidé de se pourvoir en Cassation contre cette décision. Le parquet fédéral devra décider jeudi s’il saisit lui aussi la Cour de Cassation pour cette affaire où l’Etat turc s’est constitué partie civile.

Au procès DHKP-C à Bruxelles

Au procès DHKP-C à Bruxelles

Un membre du parti communiste officiel (associé au pouvoir) a été tué dimanche au Bengal occidental, dans la région du Lalgarh. Il a été enlevé dans son magasin dimanche soir et retrouvé lundi matin, criblé de balles. Les maoïstes ont laissé des tracts sur le lieu, le dénonçant comme un informateur de la police. Quatre autres personnes ont été tuées dans la journée de samedi dans trois incidents séparés. Les maoïstes ont à chaque fois expliqué qu’il s’agissait d’informateurs de police. Quelques heures plus tard, trois maoïstes étaient tués par les forces de l’ordre.

En fin de semaine dernière, les forces armées ont repris l’offensive contre les FARC. La nuit du nouvel an, elles ont attaqué deux bases de la guérilla pouvant abriter 200 personnes. L’opération s’est soldée par la mort de 25 guérilleros (nous annoncions le 2 janvier le chiffre erroné de 18 décès) et la capture de 13 autres. Parmi les morts figuraient trois cadres qui appartenaient à la ceinture de sécurité destinée à protéger Jorge Briceno Suarez, leur principal chef militaire. Deux d’entre eux étaient membres des FARC depuis 18 ans.

Le 3 janvier, l’armée a annoncé le démantèlement de deux camps dans les départements du Putumayo (sud) et du Meta (centre). Le gouvernement, accusé d’avoir sous-estimé les capacités des révolutionnaires qui disposeraient encore de 6.000 à 10.000 guérilleros, reprend donc en force la lutte contre la guérilla. Il a annoncé la coordination des diverses forces de sécurité au sein de théâtres d’opérations conjointes dans les régions concernées. Par ailleurs, dans un communiqué diffusé par l’agence ANNCOL, leur canal habituel de communication, le bloc sud de la guérilla a revendiqué l’exécution du gouverneur Luis Francisco Cuéllar. Les FARC affirment avoir eu l’intention de juger Cuellar, pour corruption et liens avec les paramilitaires d’extrême-droite. Mais ils disent n’avoir pas prévu de le tuer ou de l’échanger contre une rançon. D’après eux, sa mort a été ‘une conséquence non désirée et tragique de l’ordre d’Alvaro Uribe aux forces armées de secourir par le feu et le sang’ les prisonniers des FARC. En plus du gouverneur de 69 ans, les FARC détenaient dans le secteur une vingtaine de soldats et de policiers.

Un convoi rassemblant 520 personnes s’était réuni dans la ville portuaire d’Al Arish dans le but de faire parvenir de la nourriture et du matériel médical à la population gazaouie par le poste frontière de Rafah ce mardi. Mais la police égyptienne a renvoyé les activistes vers le check-point contrôlé par Israël, ce que les militants ont refusé. Selon leur porte-parole, si le convoi devait passer par là, il n’arriverait jamais à Gaza. S’en sont suivis de violents heurts entre les forces de l’ordre et les activistes refusant de quitter Al Arish. Les policiers ont fait usage de canons à eau afin de disperser la manifestation. Les manifestants ont répondu en lançant des pierres sur les forces de l’ordre qui ont répliqué par des jets de pierre et des coups de matraque. Plus de cinquante personnes ont été blessées dans ces affrontements, dont une quarantaine de militants pro-palestiniens.

Après les arrestations de plus de trente personnes pour leurs prétendus liens avec le PKK le mois derniers, la police a remis ça ce matin du 5 janvier. Dans une opération conjointe à travers quatre provinces, les forces de l’ordre ont arrêté vingt personnes. Toutes ont été emmenées à Gaziantep pour interrogatoire. L’opération visait un groupe kurde clandestin, accusé d’être une ‘branche armée urbaine du PKK’ et accusé d’avoir organisé les manifestations violentes au Kurdistan.

De nouvelles mesures de cyber-surveillance ont été discrètement introduites en Nouvelle-Zélande. Celles-ci donnent à la police et aux services de renseignements le pouvoir de surveiller tous les aspects de la vie en ligne des citoyens. Cette expansion est la plus grande depuis des décennies et signifie que tous les appels et messages écrits, mails, surfs sur le net, achats en ligne, chats et réseaux sociaux peuvent être surveillés sur tout le territoire. En prévision de ces mesures, des techniciens ont installé des dispositifs d’espionnage et des logiciels dans les systèmes de toutes les centrales téléphoniques et des compagnies internet entre les villes, fournissant ainsi à la police et aux agences d’espionnage les moyens de contrôler pratiquement toutes les communications. Ces dernières doivent néanmoins toujours obtenir un mandat d’interception au nom d’une personne ou du lieu qu’elles souhaitent surveiller, mais comparé aux anciens mandats, ceux-ci s’étendent aujourd’hui aux coups de téléphone, mails et à toutes les activités en ligne. Ces dispositifs permettent même de surveiller les lieux où la personne se trouve en détectant son portable et ce, de manière quasi instantanée.

La police néo-zélandaise affirme avoir obtenu 68 mandats durant les six premiers mois de 2009, ce qui a permis d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre de 157 personnes. Elle affirme également que ces nouvelles capacités sont indispensables dans la mesure où les criminels utilisent les nouvelles technologies pour communiquer, et que les personnes qui ne commettent pas de délits n’ont rien à craindre! Cependant, il semble évident qu’elles constituent un nouveau pas vers l’érosion des droits civils en Nouvelle-Zélande, conséquence de la loi de 2004 sur les télécommunications exigeant que toutes les compagnies internet et de diffusion installent des dispositifs donnant un accès automatique aux données internet et de téléphones portables. Toutes ces compagnies ont donc installé cet équipement d’interception.

Le gouvernement néo-zélandais affirme avoir pris ces mesures pour la sécurité intérieure du pays, mais selon des sources officielles, il semblerait que les nouvelles capacités d’espionnage auraient été mises en place sous la pression des Etats-Unis pour leur permettre d’avoir, pour leur usage propre, des systèmes de surveillance à l’étranger. Le FBI, après avoir agi dans son pays, aurait fait du lobbying sur les autres gouvernements afin qu’ils adoptent les mêmes mesures. Le directeur du FBI annonçait en mars dernier qu’il avait besoin de contacts globaux pour combattre le cyber-crime et le terrorisme, et que le fait d’avoir des partenaires pour forcer des lois lui donnerait les moyens d’avoir une prise sur les ressources collectives de beaucoup de pays. La loi de 2004 en Nouvelle-Zélande, semblable à celles des Etats-Unis, exige que le contenu de la communication, mais aussi sa durée, les numéros de téléphone, les adresses IP et la localisation des téléphones puissent être copiés et envoyés à la police ou au service de renseignements instantanément. Le gouvernement néo-zélandais affirme que ces dispositions ne changent, ni n’étendent de quelque manière que ce soit les précédents pouvoirs de surveillance. Sauf que maintenant, cette surveillance électronique est invisible… ce qui réduit les possibilités de la remettre en question…

Himanshu Kumar a été arrêté le 3 janvier dernier dans le sud du Chhattisgarh. Depuis plus de vingt ans, ce militant gandhien travaille auprès des populations tribales indiennes dans de nombreux villages du district du Dantewada et du Chhattisgarh pour mettre en place des programmes de santé et d’éducation. Huit jours avant son arrestation, Kumar avait commencé une grève de la faim en protestation contre l’emprisonnement sous de fausses accusations d’un de ses collègues et pour réclamer la réhabilitation des villageois déplacés par la milice armée. Déjà, le 17 mai 2009, son ashram avait été démoli par la police sous prétexte qu’il était situé sur un terrain acquis illégalement. Le militant a déjà porté plus de 600 plaintes contre les forces de l’ordre pour abus et violence envers la population locale.

La présidence de l’Union Européenne sera exercée par l’Espagne durant les six prochains mois. Et elle compte mettre à profit cette fonction pour doper les méthodes de travail dans la lutte contre le terrorisme. Elle projette la mise en place d’une unité spéciale dont le but serait principalement l’échange de renseignements en vue de lutter contre le terrorisme. Cette nouvelle unité facilitera l’échange direct d’informations entre deux ou plusieurs pays membres, en étroite collaboration avec le coordinateur spécial antiterroriste déjà en fonction (Gille de Kerchove) et l’unité de gestion de crise de l’Union Européenne, basée à Bruxelles, qui gère aussi les activités antiterroristes. Selon le ministère de l’intérieur espagnol, les unités nationales antiterroristes espagnole, britannique, allemande, française, danoise, hollandaise, italienne, belge et portugaise auraient d’ores et déjà approuvé ce plan. Ce projet vient s’ajouter à la nouvelle structure légale du Traité de Lisbonne qui permet déjà une meilleure coopération et plus d’échanges d’informations dans ce domaine.

Ce 1er janvier, Europol (corps de police pour la coopération et l’échange de données criminelles) a également vu son pouvoir augmenter. Ses activités toucheront au terrorisme dans la mesure où il gérera les données concernant toutes les armes chimiques, biologiques et nucléaires, ainsi que la criminalité et l’extrémisme sur le web.

La cour d’appel d’Amiens a fait savoir que le procès en appel du jugement du tribunal de Compiègne (qui avait condamné lourdement six manifestants qui protestaient contre la fermeture de leur usine Continental de Clairoix) se tiendrait le mercredi 13 janvier 2010. Les condamnations pénales et financières prononcées contre les six salariés suite à la lutte victorieuse des 1120 travailleurs de Continental-Clairoix, sont des condamnations pour l’exemple qui s’adressent à l’ensemble des travailleurs du pays. Pour prononcer ces condamnations, le tribunal, à la demande du parquet, et donc des autorités gouvernementales, a remis sur pied une loi abrogée depuis 28 ans: la loi dite ‘anticasseurs’, qui permettait, comme c’est le cas dans cette affaire, de condamner des personnes sans avoir de faits précis à leur reprocher, au nom d’une prétendue responsabilité collective qui découlerait de leur seule présence à une manifestation. Certains ont immédiatement réclamé que soit généralisé dans tout le pays, et pour toutes les manifestations, ce qu’ils ont appelé ‘la jurisprudence Continental’.

Manifestation mercredi 13 janvier à 11h de la gare d’Amiens au Palais de Justice pour exiger la relaxe des 6 ouvriers de l’usine Continental de Clairoix condamnés par le tribunal de Compiègne le 1er septembre 2009.

Manifestation pour les ouvriers de Continental

Manifestation pour les ouvriers de Continental

Ce dimanche, Sambo Sodi devait se rendre à l’hôpital de Delhi. Issue d’une tribu du Chhattisgarh, elle est l’une des nombreuses victimes civiles de l’opération ‘Green Hunt’ menée cet automne par les forces de sécurité. Touchée à la jambe lors d’une fusillade, elle a été à l’époque transportée sur un brancard jusqu’à Delhi où elle a été soignée. Aujourd’hui, elle est capable de marcher, soutenue par des béquilles, mais suit toujours une revalidation à l’hôpital. Hier, la police locale a refusé qu’elle prenne le bus pour s’y rendre. Elle a alors tenté de rejoindre la capitale dans une voiture privée, accompagnée d’un homme du village, mais ils se sont fait arrêter, interpeller et emmener au commissariat de Kanker. Là, ils ont été longuement interrogés, la police accusant Sambo Sodi d’être naxalite. Cet interrogatoire s’est tenu à la demande du commissaire de police du district, et Sambo Sodi est toujours maintenue en détention, selon ses ordres.

L’organisation ‘People’s Union for Civil Liberties’ du Chhattisgarh a critiqué publiquement le harcèlement vis à vis de cette femme. De plus, il a accusé le gouvernement de sabotage d’un meeting qui doit se tenir cette semaine à l’initiative du PUCL et qui a pour sujet ‘La violation des droits humains dans la zone par les forces de sécurité’.