Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le Parlement turc a adopté, mercredi 29 juillet, une loi qui donne toute latitude aux autorités pour censurer les contenus en ligne. Elle contraint les plates-formes de réseaux sociaux de plus de 1 million d’abonnés, telles que Facebook, YouTube, Twitter et d’autres, à nommer des représentants en Turquie afin de répondre à des plaintes concernant leurs contenus dans les 48 heures, sous peine de poursuites. Les entreprises refusant de désigner leurs représentants seront soumises à des amendes, des interdictions d’afficher de la publicité et des réductions de bande passante susceptibles de rendre leurs réseaux inutilisables.

La législation exige aussi que les fournisseurs stockent les données de leurs utilisateurs en Turquie et, au besoin, les transmettent au gouvernement. L’article 9 du texte précise que la loi « est régie par le président ». Le même jour, la présidence turque a publié un décret qui interdit aux fonctionnaires de l’Etat d’utiliser des applications mobiles « d’origine étrangère », invoquant des problèmes de sécurité.

Manifestation contre la censure d'internet en Turquie (archive)

Les chercheurs de la Northeastern University, du MIT et d’IBM ont conçu un t-shirt qui permet de se dérober à la technologie de reconnaissance faciale. Normalement, les algorithmes de surveillance fonctionnent en reconnaissant une caractéristique dans une image, en dessinant un « cube de visualisation » (« bounding box ») autour d’elle et en attribuant une étiquette à cet objet. Pour interrompre ce processus, le t-shirt utilise des motifs colorés et pixélisés qui amènent la technologie à penser que vous n’existez pas. En d’autres termes, les grappes de pixels sont disposées pour plonger dans la confusion le système de classification et d’étiquetage de l’IA. Porter le t-shirt vous rendrait 63% moins susceptible d’être détecté par la surveillance numérique.

Le t-shirt conçu pour éviter la reconnaissance faciale

Le t-shirt conçu pour éviter la reconnaissance faciale

Mehmet Yalcin est un jeune Kurde vivant à Bordeaux. Il a été arrêté le 28 juillet dernier et risque d’être expulsé vers la Turquie. Il avait été condamné par la justice française en 2019 à deux ans de prison, dont un an ferme, pour de prétendus liens avec le PKK. Mehmet Yalcin a dû porter un bracelet électronique pendant près d’un an. Il est actuellement sans papiers du fait du rejet de sa demande d’asile par l’OFPRA, rejet motivé par cette condamnation.

Le 28 juillet dernier, cet homme marié, père de trois enfants (âgés de 2, 4 et 6 ans), résidant à Bordeaux depuis 2006, a été convoqué au commissariat où il a été immédiatement menotté et placé en rétention. A ce stade, tous les recours déposés par ses avocats ont été rejetés. Mehmet Yalcin dont l’expulsion est prévue le 28 août prochain a fait savoir qu’il entamait une grève de la faim.

Manifestation kurde en France (archive)

 

Des manifestations insurrectionnelles ont éclaté à la suite du discours du président Sebastián Piñera, dans plusieurs villes du Chili et en 19 points de la capitale. 1006 personnes ont été arrêtées dans la seule région de Santiago. Des commissariats on été attaqués, des véhicules incendiés. Le nombre des manifestants blessés est inconnu mais un homme a été blessé d’une balle tirée par les carabiniers. Trois carabiniers ont été blessés.

Les affrontements de Santiago

Plusieurs incidents se soldant par huit arrestations ont eu lieu le 29 juillet lors de manifestations BLM à Springfield  (Oregon). Les manifestants s’étaient rassemblés aux alentours du Jesse Maine Memorial Park avant de se mettre en marche vers l’autoroute 126, et la police a érigé des barrières pour les en empêcher. Les manifestants ont tenté de forcer ces barrières, ce qui a conduit à l’arrestation de cinq personnes. Le département de la police a déclaré que plusieurs agents avaient été blessés alors qu’ils procédaient à ces arrestations.

Des contre-manifestants étaient également présents dans les environs. Un contre-manifestant a été arrêté. Il est soupçonné d’avoir agressé un manifestant. Enfin, deux autres personnes ont été arrêtées jeudi matin à l’aube. Elles sont soupçonnées d’avoir tagué la prison de la ville.

Les incidents de Springfield

La première audience qui devra traiter du meurtre de Mawda aura lieu le jeudi 6 aout au tribunal de Mons. À cette occasion, le Comité Mawda – Justice et Vérité ainsi que le groupe Montois de soutien aux sans-papiers appelle à un rassemblement devant le tribunal de Mons. Les deux organisations, rappelle que les luttes contre les violences et les meurtres policiers ici en Belgique, comme ailleurs en occident, dans le sillage de Black Lives Matter ont révélé le rôle de la justice dans la construction de l’impunité policière.

Il rappelle également le meurtre de Akram, le 19 juillet, décédé après une interpellation policière, suite à un placage ventral. Un policier s’était agenouillé sur lui pendant une dizaine de minutes. Des pièces à conviction ont disparue et des témoins ont été intimidés alors que le corps d’Akram présentait des marques de coups.

Pour rappel, Mawda n’avait que deux ans lorsqu’elle a été tuée d’une balle dans la tête par un un tir policier au cours d’une course poursuite. L’enquête a également été continuellement sabotée (voir nos articles ici et ici). Plus d’infos ici.

Mawda

Mawda

Jeudi 30 juillet, des dizaines de soldats de l’armée d’occupation israélienne ont envahi la maison de Mahmoud Nawajaa, coordinateur du Comité national palestinien du mouvement Boycott Désinvestissement Sanction (BDS). Il est depuis détenu dans le tristement célèbre centre d’interrogatoire de Jalameh et s’est vu refuser l’accès à un avocat. Les enlèvements nocturnes effectués par des soldats lourdement armés sont une tactique courante des forces d’occupation. Plus d’infos ici.

Mahmoud Nawajaa

Mahmoud Nawajaa

Mercredi 29 juillet, des centaines d’enseignants ont marché vers le bureau du Premier ministre dans la capitale Amman. La police est intervenue et a battu plusieurs manifestants, dont certains, blessés, sont tombés au sol. Des dizaines d’enseignants ont été arrêtés. Un journaliste a également été frappé à la tête avec un gourdin. Il est tombé au sol, et un autre policier lui a alors donné des coups de pied. La police a brisé son téléphone portable, détruisant les images qu’il avait filmées des affrontements.

Les manifestants dénonçaient l’arrestation de 13 membres de leur syndicat et l’interdiction d’activité pour celui-ci pendant deux ans. Ils avaient été arrêtés après avoir menacé de manifester parce que le gouvernement refusait d’augmenter les salaires des enseignants de 50% comme convenu après une dure grève l’année dernière (voir notre article). Mais après que les restrictions liées à l’épidémie de coronavirus ont frappé l’économie, le gouvernement a « reporté » l’augmentation promise. Les autorités avaient averti que tout rassemblement de plus de 20 personnes, en violation des restrictions relatives aux coronavirus, susciterait une réaction sévère.

Manifest

Un sous-officier de l’armée péruvienne a été tué dans un affrontement entre une patrouille militaire et la guérilla maoïste du PCP-SL lundi 20 juillet. La fusillade s’est produite dans la région de Cusco, dans le sud-est du pays dans la vallée des rivières Apurímac, Ene et Mantaro, bastion de la guérilla. Les militaires affirment avoir fait subir des pertes aux guérilleros mais n’ont pu produire aucune preuve.

Combattants du PCP-SL

Dossier(s): Non classé

Après 18 mois de clandestinité, Carla Tubeuf a été arrêtée dimanche, à Saint-Etienne. Cette anarchiste de 32 ans, visée par un mandat d’arrêt européen pour « association de malfaiteurs terroristes », a été présentée au parquet général de Paris, auprès de qui elle aurait accepté d’être remise aux autorités italiennes. La police italienne l’accuse d’être impliquée dans une tentative d’incendie contre un bureau de poste en avril 2016.

Au début du mois, un autre militant interpellé en juin, lui aussi dans la Loire, avait été remis à l’Italie. Roberto Cropo, 34 ans, est suspecté d’avoir participé à l’attaque à l’explosif d’une caserne de carabiniers en décembre 2017 à Rome.

La personne filmée lors de la tentative d'incendie du bureau de poste