Trois militants anti-Otan français originaires de Tours sont ressortis libres du tribunal de grande instance de Strasbourg hier soir. Le tribunal a prononcé la nullité de la procédure estimant qu’il n’avait pas été régulièrement saisi par le parquet. Les débats avaient en partie porté sur la nullité de la procédure soulevée par les trois avocats des prévenus, trois jeunes âgés de 20, 23 et 26 ans, étudiants en sociologie ou diplômé de droit pour l’aîné, arrêtés le vendredi 3 avril sur le parking d’un hypermarché à Illkirch, en possession de gants, de masques, d’alcool à brûler, de white spirit et d’une serpillière.

Au moment de rendre sa décision, le président du tribunal a bien précisé aux trois prévenus que cela ne signifiait pas qu’ils étaient innocents. Une erreur de procédure a entraîné la nullité, mais il n’y a aucun jugement sur le fond de l’affaire. Le procureur de la République de Strasbourg peut donc réengager de nouvelles poursuites contre les trois jeunes dans un délai de trois ans. Le représentant du parquet avait requis des peines de 10 à 12 mois de prison ferme contre les trois jeunes, réclamant également leur maintien en détention. Ils sont libres.

Un jeune allemand originaire de Berlin, poursuivi pour des faits de violences aggravées sur des agents de la force publique, pour rébellion au moment de son interpellation et pour attroupement armé (avec jets de pierres sur les forces de l’ordre) a, lui, été condamné à six mois de prison ferme; il a été maintenu en détention. Le tribunal l’a cependant relaxé des faits de violences aggravées (l’un des policiers s’est fracturé le poignet pendant l’interpellation), mais l’a reconnu coupable des autres faits. Il est également interdit de séjour en France pendant deux ans.

Atenco est une bourgade des environs de Mexico. En 2001, ses habitants, mobilisés pour défendre leurs terres, ont réussi à empêcher la construction de ce qui devait être le nouvel aéroport de Mexico. Les gouvernements locaux et fédéraux leur en ont gardé une rancune farouche. Les 3 et 4 mai 2006, profitant d’un conflit mineur portant sur la vente de fleurs au marché, la police a lancé une opération qui s’est soldée par deux morts, des centaines d’arrestations brutales, le viol d’environ trente femmes. Ces violences policières ont été reconnues, le 12 février 2009, par la Cour Suprême de Justice du Mexique. Mais dans sa délibération, la Cour Suprême de Justice a évité de se prononcer sur les responsabilités des dirigeants policiers et politiques qui ont participé à ces faits.

Parmi les personnes arrêtées les 3 et 4 mai se trouvaient les principaux organisateurs des mobilisations contre le projet d’aéroport. Douze d’entre eux ont été condamnés à des peines aberrantes, jusqu’à 112 ans d’emprisonnement dans le cas d’Ignacio del Valle (détenu dans une prison de haute sécurité avec isolement presque total, cellule éclairée jour et nuit,…). Ces peines reposent sur des délits fabriqués et arguent également que des fonctionnaires municipaux auraient été retenus par la population, puis relâchés. Trois ans après la répression des 3 et 4 mai 2006 et l’emprisonnement arbitraire de douze personnes, une campagne est organisée au Mexique et à travers le monde pour exiger la libération des prisonniers d’Atenco.

Voir une vidéo sur les événements d’Atenco

(version en espagnol, sous-titrée anglais, la VF a été censurée sur DailyMotion)

Miguel Ángel Bergado Martínez, détenu politique antifasciste, aura accomplit le 8 mai 28 ans de prison. Bergado a pris un contact avec les GRAPO en 1979, en se mettant à faire partie de ses commandos opérationnels. Il est passé à la clandestinité en 1980 et il a pris part à l’infrastructure qui a obtenu la liberté des 5 militants du PCE (r) et des GRAPO qui se sont évadés de la prison de Zamora le 17 décembre 1979. Il a également participé aux actions armées qui ont coûté la vie à un général de l’Armée espagnole et à un sous-officier de la police nationale.

Arrêté le 8 mai 1981, quand il avait 23 ans, il a été cruellement torturé et emprisonné. Condamné à 55 ans de prison en 1990 et transféré à la prison de Puerto II, pendant la grève de la faim développée pendant 435 jours par 58 prisonniers et prisonniers politiques du PCE (r) et des GRAPO, il a eu un grave affrontement avec un gardien de prison qui se montrait spécialement brutal avec les grévistes. Comme résultat de l’affrontement, le gardien de prison a été gravement blessé. Depuis cette date, encore plus s’il tient, il a été spécialement soumis à un contrôle absolu, à des isolements et à des mauvais traitements. Il a été transféré dans 22 prisons.

Il devait être remis en liberté en novembre 2006, après avoir accompli 25 ans et demi de prison, mais on lui a appliqué de fait la réclusion perpétuelle, et selon la dernière loi, appliquée avec un caractère illégal rétroactif, il ne sera pas libéré avant 2011. Il se trouve actuellement prisonnier 1er degré dans la prison de Puerto de Santa Maria, à 1000 kilomètres de sa famille et de son entourage. Il est, à côté du militant d’ETA Joxe Mari Sagardui ‘Gatza’ (qui aura accompli le 8 juillet 29 ans de détention!) le prisonnier politique qui aura accompli le plus d’années.

Rappelons que pendant ce temps, les assassins de l’État jouissent d’une liberté absolue. C’est le cas des membres des Groupes Antiterroristes de Libération (Grupos Antiterroristas de Liberación, GAL), ces escadrons de la mort créés dans les services spéciaux espagnols (CESID), la Guardia Civil et la Policía Nacional, sous le gouvernement socialiste de Felipe González, sous la responsabilité du ministre de l’intérieur José Barrionuevo et dont le but était de lutter contre ETA au moyen d’enlèvements, de tortures et d’assassinats extra-judiciaires (avec la complicité de policiers français). Quatre exemples (deux dirigeants, deux exécutants):

* Enrique Rodríguez Galindo. Ce général de la Guardia Civil est le principal fondateur et un exécuteur des GAL. Après une détention préventive entre le 23 mai et le 2 août 1996 et entre le 15 septembre 1997 et le 26 juin 1998, Galindo a été condamné par la cours Suprême pour la séquestration, l’assassinat et la disparition des militants basques Lasa et de Zabala à 75 ans et 6 mois de prison le 9 mai 2000. Le 1er octobre 2004, il est sorti dans un régime ouvert pour ‘raisons de santé’. Au total, cinq ans et cinq mois en prison de luxe. Sa liberté conditionnelle – sans un contrôle mensuel, bien que les Institutions Pénitentiaires disent qu’il est hebdomadaire, chose démontrée incertaine – en 2013. Il vit dans un quartier riche de Saragosse, sans aucun problème de santé et d’argent. Pour avoir organisé sept assassinats, dirigé les GAL et ordonné centaines de tortures: 5 ans de prison.

* José Julián Elgorriaga Goyeneche. Ce dirigeant du parti socialiste espagnol (ex-délégué du Gouvernement au Pays Basque), commanditaire des GAL, a été condamné à 75 ans de prison pour assassinats, séquestration, disparition et pour avoir dirigé une organisation terroriste. Il a été admis en prison le 9 mai 2000 – il a été avant en préventive sept mois – et est sorti un an après, le 23 juillet 2001, pour ‘raison de santé’. Au total, un an et neuf mois en prison de luxe (3% de la condamnation).

* Enrique Dorado Villalobos. Ce sergent de la Guardia civil était un exécuteur des GAL et un tortionnaire identifié par des centaines de prisonniers torturés. Condamné pour l’assassinat des militants basques Lasa et de Zabala à 71 ans de prison, il a été admis pour la première fois en réclusion préventive en mai 1996 et, condamné, le 9 mai 2000. Le 16 mars 2002, il est sorti en 3eme degré de Alcalá-Meco. Au total, il aura fait six ans pour terrorisme, assassinats et séquestration. En plus d’être un mafieux impliqué dans le trafic de stupéfiants de centaines de kilogrammes de cocaïne et d’autres drogues et dans des dizaines de vols, certains avec une violence extrême, il a seulement accompli deux ans de prison pour une condamnation précédente pour un vol dans un magasin d’Irún.

* Felipe Bayo Leal. Membre des GAL et de la Guardia Civil avec le même pedigree que celui de Dorado: condamné pour la séquestration, l’assassinat et la disparition de Lasa et de Zabala à 71 ans de prison, il a été admis en préventive en mai 1996 et il s’est mis, avec différentes périodes d’une liberté, à exécuter une forte peine quatre ans après. Il est sorti en mars 2002. Au total, six ans dans une prison de luxe.

Et il en va de même pour tous les commanditaires, fondateurs, dirigeants et exécutants des GAL. Certains n’ont tout simplement pas été inquiétés (ainsi la direction du PSOE alors au pouvoir), d’autres ont purgés des peines de prison symboliques. Pour rappel, entre 1983 et 1987, les GAL ont assassinés 27 personnes et gravement blessés de nombreuses autres.

Pour écrire au camarade:

-Miguel Ángel Bergado Martínez
-PRISIÓN DE PUERTO DE SANTA MARÍA I, a.c. 555
-11500 Puerto de Santa María (Cádiz)
-ESPAGNE

Pour en savoir plus sur le GAL

Georges Cipriani est en prison depuis 1987, condamné à la perpétuité pour les exécutions du responsable des ventes d’armes françaises à l’étranger, le général Audran et du PDG de Renault, Georges Besse. Georges Cipriani a aujourd’hui 59 ans. Il a déjà passé 22 ans en prison. Le tribunal d’application des peines de Paris lui a accordé un régime de semi-liberté pour une durée d’un an, à compter du 18 mai prochain. Mais le parquet a fait appel de cette décision. C’est sa troisième demande de semi-liberté – les précédentes, en 2005 et 2007, avaient été rejetées. Cette fois encore, le procureur s’y était opposé, invoquant un risque de récidive et la crainte qu’il puisse ‘être instrumentalisé par des anarcho-autonomes‘…

En visite au Liban, la ministre française de la justice a été confrontée à des manifestants de l’Union de la Jeunesse Démocratique Libanaise (proche du PC) réclamant la libération de Georges Ibrahim Abdallah détenu en France depuis 1984. Les manifestants ont scandés ‘Libérez Georges Abdallah!‘ et ‘Sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes!‘ à l’arrivée du convoi de Dati qui allait rencontrer son homologue libanais. On a appris que celui-ci avait évoqué le cas de Georges.

La commission rogatoire du Parquet fédéral belge, composée de 5 personnes, qui enquête sur l’attentat Sabanci a sollicité l’audition de certaines personnes qui avaient été mises en garde à vue en relation avec l’attentat puis relaxées ainsi que celles de certains employés du Sabanci Center. Parmi les 21 personnes auditionnées, Ercan Kartal, l’un des présumés dirigeants du DHKP-C. Pour recueillir sa déposition, Ercan Kartal, qui est détenu à la prison de type F d’Edirne, a été transporté jusqu’au tribunal d’Istanbul situé à Besiktas.

Les enquêteurs ont posé 30 questions à Ercan Kartal. Avant d’être soumis à l’interrogatoire, Ercan Kartal a fait savoir qu’il avait des choses à dire et qu’il ne répondrait à aucune question. Il exposa ensuite ses griefs en s’abstenant de répondre aux questions. D’abord, Ercan Kartal a affirmé qu’en tant que représentants d’un Etat impérialiste, ses verbalisants belges n’avaient aucun droit d’ingérence dans la justice en Turquie, qu’ils n’avaient donc aucun pouvoir de rendre justice, que l’attentat contre Sabanci avait été revendiqué par le DHKP-C, que l’organisation a décrit l’attentat jusque dans ses moindres détails, qu’il n’y avait rien de secret à ce sujet. Kartal a par ailleurs expliqué à la commission que le DHKP-C n’est pas une organisation terroriste mais un mouvement populaire et que les accusations en rapport avec l’attentat qui lui sont portées ne s’appuient sur aucune preuve et n’ont aucune base juridique. Ercan Kartal a rappelé qu’il est injustement détenu depuis 15 ans. Ercan Kartal a été condamné à la peine à perpétuité aggravée dans le cadre de ‘l’attentat Sabanci’. Il est jugé par la 14e Cour d’assises, soupçonné d’avoir donné la directive de ‘l’attentat contre Sabanci’ et de ‘l’attentat contre le général Kenan Evren’, le chef de la junte militaire qui prit le pouvoir le 12 septembre 1980.

Par ailleurs, le 11 avril dernier, la police a opéré une vaste opération ‘anti-terroriste’ visant des milieux proches du DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple) à Trabzon, Rize et Istanbul. Trois jours plus tard, la 2e Cour d’assises d’Erzurum a émis un mandat d’arrêt contre 9 des personnes interpellées sous l’accusation de porter assistance au DHKP-C.

Le New York Times a révélé que les tortionnaires de la CIA ont soumis 183 fois à la simulation de noyade Khalid Cheikh Mohammed, le citoyen pakistanais présenté comme le planificateur des attentats du 11 Septembre. Un autre membre présumé d’Al-Qaïda, Abou Zoubaydah, l’a été à 83 reprises. Citant une note interne du département de la Justice de 2005, le quotidien américain indique que le personnel de l’agence de renseignement chargé de mener les interrogatoires a utilisé cette méthode sur ces deux détenus bien plus souvent que cela ne l’avait été dit jusqu’à présent. En 2007, l’ancien agent de la CIA John Kiriakou avait indiqué aux médias qu’Abou Zoubaydah avait subi cette technique d’interrogatoire pendant 35 secondes avant de dire qu’il était prêt à dire tout ce qu’il savait. La méthode de la simulation de noyade avait été réclamée pour Abou Zoubaydah malgré le fait que les interrogateurs pensaient qu’il avait déjà dit tout ce qu’il savait.

Il faut noter que les Etats-Unis ont poursuivi des interrogateurs japonais lors de procès pour crimes de guerre après la Deuxième Guerre mondiale pour simulation de noyade. Au Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient ou lors des Procès de Tokyo pour crimes de guerre de 1946 à 48, plusieurs soldats japonais avaient été condamnés pour avoir procédé à des simulations de noyade sur des prisonniers américains.

Cette description de l’expérience de la simulation de noyade par un GI américain aurait aussi bien pu être faite pour décrire la méthode de la CIA, ‘Ils m’ont allongé et attaché sur une civière. Ensuite la civière a été relevée et j’avais la tête qui touchait presque le sol et les pieds en l’air… Ils ont alors commencé à verser de l’eau sur mon visage et il m’était parfois quasiment impossible de respirer sans avaler de l’eau.

Voici les termes exacts de la note de service de la CIA: ‘Dans ce procédé, l’individu est fermement attaché à un banc incliné… De l’eau est versée sur un linge qui est d’abord placé sur le front et les yeux puis abaissé pour lui recouvrir le nez et la bouche… Ceci provoque un excès du niveau de gaz carbonique dans le sang de l’individu, ce qui incite à des efforts accrus pour respirer. Ces efforts combinés à la présence du linge trempé sur le visage produisent une impression de ‘suffocation et de panique’, c’est-à-dire l’impression de se noyer… La procédure peut alors être répétée… Un expert en médecine… sera présent durant toute la durée de l’opération…

Jurdan ‘Arlas’ Martitegi, présenté par la police comme le nouveau chef militaire d’ETA depuis l’arrestation d’Aitzol ‘Gurbitz’ Iriondo le 8 décembre 2008, a été interpellé hier, près de Perpignan. L’opération a été menée conjointement par les services anti-terroristes français (SDAT) et la police nationale espagnole. Deux autres membres présumés d’ETA ont été arrêtés au même moment, dont l’un, aux dires de la police espagnole, servait de garde du corps au dirigeant présumé. Les forces de l’ordre sont intervenues à l’occasion d’un rendez-vous entre deux membres clandestins et une troisième personne vivant légalement. Six autres personnes ont été appréhendées dans les villes de Bilbao, Vitoria et Renteria, dans le nord du Pays-Basque espagnol.

Le Comité des libertés appelle à un rassemblement demain samedi, à partir de 12h, devant la Commission européenne (rond-point Schuman) à Bruxelles pour protester contre les arrestations arbitraires qui ont visé les membres de la Fédération anatolienne en Allemagne et contre la criminalisation des militants associatifs.

Site de la Fédération anatolienne

Pour plus d’infos en français sur les arrestations en Allemagne