Dimanche 3 mai, une émeute a éclaté dans la prison pour hommes de Santiago del Estero située dans la province d’Alsina. La révolte a commencé vers dix heures du soir depuis le pavillon J avant de s’étendre aux autres secteurs. La police et l’infanterie sont intervenus en nombre pour réprimer le mouvement et des coups de feu ont été entendus. On dénombre 13 prisonniers blessés.

Mutinerie de la prison de Varones

Mutinerie de la prison de Varones

Samedi 2 mai, les prisonniers de la prison de Puraquequara à Manaus, au Brésil, se sont mutinés et ont pris 7 gardiens en otage. La révolte a commencé vers 6 heures du matin, pendant le petit déjeuner, lorsque les prisonniers ont scié à travers les grilles de deux cellules et ont capturés les gardiens. Les prisonniers se sont ensuite rassemblés dans des tours à eau situées à l’extérieur de la prison pour protester en amenant les gardiens capturés avec eux. Les prisonniers réclament de meilleures conditions à l’intérieur de la prison et pour protester contre la suspension de toutes les visites. La prison compte actuellement 1 079 prisonniers. Environ 200 proches des prisonniers se sont rassemblaient à l’extérieur de la prison durant la révolte. Les gardiens ont finalement été libérés et la révolte s’est clôturée, semble-t-il, sans aucun mort, ni blessé.

Mutinerie à la prison de Puraquequara

Mutinerie à la prison de Puraquequara

 

Mercredi 29 avril, une émeute a éclaté à la prison de Pademba Road à Freetown. Les prisonniers ont incendié un certain nombre de bâtiments et se sont affrontés avec les gardiens. La police et les forces de sécurité sont intervenues pour réprimer le mouvement et des coups de feu ont été entendus. Plusieurs dizaines de détenus ont été blessés. La prison de Pademba, qui est conçue pour contenir 324 détenus mais en abrite aujourd’hui plus de 1 000. Ce surpeuplement a augmenté ces derniers jours avec le transfert des détenus d’un centre de réinsertion vers la prison, en raison de la pandémie. Un détenu récemment arrivé était tombé malade lundi du coronavirus, ce qui semble être l’élément déclencheur de l’émeute.

Mutinerie de la prison de Pademba Road

Mutinerie de la prison de Pademba Road

Vendredi 17 avril au soir, une révolte a éclaté à la prison d’Ecrouves près de Toul, en Meurthe-et-Moselle. Une trentaine de prisonniers ont brisé des grilles et des caméras et ont brûlé des matelas. Un incendie a également été déclenché sur le toit. Les gardiens et les Éris (les corps d’intervention de l’administration pénitentiaire) ont réprimé la révolte en isolant les prisonniers révoltés au troisième étage de la prison. Ces derniers ont ensuite été déportés vers d’autres prisons de la région.

L'incendie à la prison d’Ecrouves

L’incendie à la prison d’Ecrouves

Lundi 13 avril, les prisonniers la prison de Yaoundé Kondengui se sont révoltés, juste après le décès de six personnes soupçonnées malades du coronavirus. Les prisonniers ont dénoncé l’absence de mesures sanitaires pour les protéger du Coronavirus. Ils affirment que l’infirmerie est pleine à craquer avec une centaine de malades. Des militaires se sont déployés en nombre autour de la prison. Il s’agit principalement des éléments du Groupement Spécial d’Opérations (Gso). Prévue pour moins de 800 prisonniers, la prison de Yaoundé-Kondengui en accueille au moins 5000.

Prison Centrale de Yaoude Kondegui

Prison Centrale de Yaoude Kondegui

En Colombie, une mutinerie a éclaté, mardi 7 avril, à la prison de Pasto située dans la ville de San Juan de Pasto. Les prisonniers ont manifesté pendant deux heures allumant des incendies dans l’enceinte de la prison. Des unités de la police nationale et l’escouade anti-émeute de l’armée sont intervenues pour réprimer la révolte. Les prisonniers exigeaient le respect de leurs droits et la possibilité de recevoir des visites de leurs proches. Les prisonniers exigeaient également la libération des détenus non-dangereux. À la périphérie de la prison, plusieurs membres de la famille exigent une vérification de la prison par des agences humanitaires. Le même jour, une révolte a éclaté à la prison de Bouwer (une ville de la province de Córdoba en Argentine). Les prisonniers exigeaient de pouvoir effectuer leur peine dans le cadre d’une assignation à résidence. Ils dénonçaient le fait que la prison n’avaient pris aucune mesure sanitaire pour les protéger du Coronavirus. La révolte a été réprimée dans la nuit.

Une révolte a également éclaté le même jour dans la prison Qoubbeh dans la ville de Tripoli au Liban. L’émeute a éclaté lorsque les gardiens sont intervenus pour stopper une tentative d’évasion d’un prisonnier craignant pour sa santé. Les gardiens ont réprimé l’émeute en tirant sur les prisonniers avec des balles de caoutchouc faisant au moins quatre blessés. Les prisonniers exigeaient la mise en place de la loi d’amnistie générale promise par les différents gouvernements ces dernières années. Les prisons au Liban fonctionnent, en effet, au double de leurs capacités. La veille, les forces de sécurité avaient découvert un tunnel de plusieurs mètres de long lors d’une opération à la prison de Zahle dans l’est de la vallée de la Bekaa. Des prisonniers qui craignant pour leur santé, tentaient également de s’échapper.

Le tunnel creusé par les prisonniers de la prison de Zahle

Le tunnel creusé par les prisonniers de la prison de Zahle

Samedi 4 avril, des prisonniers, exclus de la loi d’application de remise en liberté suite à la pandémie du coronavirus, ont manifesté hier soir dans une prison de la ville kurde de Batman. Les prisonniers ont incendié au moins deux quartiers et crié «rébellion» et d’autres slogans. Peu après le début des émeutes, des ambulances et des pompiers ont été envoyés à la prison qui, à l’extérieur, était entourée de policiers anti-émeutes et de policiers des opérations spéciales. Lorsque la nouvelle de l’émeute s’est répandue dans la ville, des parents inquiets se sont rendus à la prison et y ont attendu jusqu’aux dernières heures de la nuit pour demander aux autorités de faire une déclaration (qui n’a pas été faite) et soutenir leurs proches. La mutinerie a finalement été réprimée (notamment à l’aide de gaz lacrymogène) et les quelques 650 prisonniers révoltés ont été déportés dans d’autres prisons.

Mutinerie à la prison de Batman

Mutinerie à la prison de Batman

 

Édit 23 mars 2020 : La mutinerie de la prison de La Modelo à Bogota a fait 23 morts et 83 blessés. Les familles des prisonniers se sont rassemblées, malgré le confinement, afin de tenter de recueillir des informations face au long silence des autorités.

En plus des révoltes qui ont éclaté dans les prisons d’Europe (voir notre article), on recense des mouvements similaires en Amérique latine, Afrique, au Moyen-Orient et en Inde. En voici un compte-rendu non-exhaustif. En Colombie, des mutineries ont éclaté samedi soir dans les prisons de Bogota et Ibagué. Les quelques 123 000 prisonnières et les prisonniers mécontent·es des mesures prises dans le cadre du Coronavirus se ont participé à des émeutes, des incendies, et se sont affronté avec les quelques 14 000 gardiens. Des coups de feu ont été entendus. Les prisonnières et les prisonniers demandent du matériel pour se protéger de la pandémie et le rétablissement des visites de leurs proches. Au Mexique, des prisonniers d’Atlacholoaya  se sont révoltés. Certains en ont profiter pour tenter de s’évader. La police ouvert le feu, tuant trois évadés et blessant dix autres. Mais d’autres prisonniers seraient toujours en fuite.

En Ouganda, une émeute a éclaté dans la prison du district d’Arua. Les affrontements se sont déclenchés après qu’un prisonnier qui avait tenté de gravir le périmètre de la prison pour s’échapper ait été abattu. L’émeute a été réprimée par les force de sécurité qui ont tué au moins six prisonniers et en ont blessé 23 autres. Par ailleurs, 23 prisonniers se sont échappés. Au Bengale de l’Ouest (Inde), une mutinerie a éclaté, samedi 21 mars, à la prison de Kolkata (dans l’ouest du pays). Les prisonniers ont incendié une partie de la prison. Des affrontements ont eut lieu avec les gardien et la police. Une unité spéciale de la police est intervenue pour réprimer la révolte faisant 4 morts et au moins blessés parmi les prisonniers. Les prisonniers demandaient le rétablissement des visites de leur proche ainsi que leur audience devant les tribunaux.

En Iran, une mutinerie a éclaté, vendredi 20 mars, dans la prison centrale d’Aligoudarz. Les prisonniers qui risquaient d’être exposés au coronavirus, se sont mutinés et ont désarmé des gardiens et ont tenté de s’évader. Les affrontements entre prisonniers et gardiens se sont étendus à l’extérieur et ont duré plusieurs heures. Des unités des pasdaran sont entrées en scène pour réprimer la mutinerie. Plusieurs prisonniers ont réussi à s’échapper. D’autres ont été tués ou blessés quand les forces de sécurité ont ouvert le feu. Le jour d’avant, le 19 mars 2020, environ 250 prisonniers de la prison de Parsilon à Khorramabad s’étaient mutinés et, après avoir désarmé les gardiens, avaient réussi à s’échapper. Les gardiens et les forces de sécurité avaient également ouvert le feu sur les évadés en tuant un certain nombre.

Des prisonniers ougandais blessé lors de la révolte

Au moins 150 prisonniers auraient été tués ou blessés après les affrontements sanglants qui ont eu lieu à la prison Ghezel Hesar de Karaj dans la nuit du 15 mars. Des milliers de prisonniers des unités 2 et 3 ont lancé une protestation après avoir entendu la nouvelle de l’exécution prévue d’une dizaine de co-détenus.

Lors de la protestation, environ 3.000 prisonniers ont tenté de détruire les portes de leurs cellules en scandant : « Il faut arrêter les exécutions ». Les forces de sécurité ont attaqué les cellules de la prison ce qui a provoqué des affrontements sanglants et le transfert de certains détenus. Les rapports indiquent que les gardes de la prison ont tiré à balles réelles. En conséquence, près de 80 prisonniers ont été grièvement blessés ou tués, mais le nombre de personnes touchées par les balles est de 150 ou plus. Une poignée de gardiens et le sous-directeur de la prison, ont été blessés lors des affrontements. Les prisonniers qui ont protesté n’avaient ni lourdes peines ni menaces d’exécution imminente.

Le Comité pour la Défense des Prisonniers Politiques a rapporté le 16 mars que des gens ont attaqué la prison de l’extérieur pour tenter de libérer certains prisonniers. Selon ces rapports, quelques prisonniers se sont enfuis. La nouvelle de ces évasions n’a pas été confirmée par d’autres sources. Les dernières nouvelles indiquent que la prison Ghezel Hesar est verouillée après l’arrivée des forces de police anti-émeutes. Les permission de téléphoner ont été suspendues pour les prisonniers jusqu’à nouvel avis.

Manuel Pérez Martínez, le « camarade Arenas », secrétaire général du PCE(r) a été transféré à la prison d’Aranjuez il y a environ trois mois. Depuis son arrivée il est la cible d’une campagne d’attaques visant à empirer ses conditions de détention. On lui a ainsi refusé l’accès à son courrier sous prétexte « qu ‘ils n’ont pas de dépôt légal ».  Après une bataille ardue, il a réussi à se faire livrer quelques lettres, mais le problème persiste.

Par ailleurs, dans le module où il se trouve, la salle d’étude est fermée. Manuel Pérez Martínez avait trouvé une solution, grâce à d’autres prisonniers, en fréquentant un atelier pour lire. Au bout de quelques semaines un gardien est venu le trouver au cours de sa promenade pour le lui reprocher et le placer en isolement. La solidarité des autres prisonniers a permis de le sortir rapidement de l’isolement. Au début de cette semaine, Manuel Pérez Martínez a reçu la notification de l’ouverture de 4 procédures disciplinaires et l’ouverture d’une procédure de sanction. L’une d’elle, pour « tentative de mutinerie ». Les prisonniers solidaires ont tous été victimes de représailles et menacés. L’un d’eux est toujours en isolement, un autre a été transféré dans un autre module et d’autres ont vu leurs cellules saccagées par des fouilles. Plus d’infos ici. Notre dossier ici

Manuel Pérez Martínez

Manuel Pérez Martínez