Lundi 23 décembre, le Front de guerre oriental (FGO) de l’ELN a  remis trois mineurs à une mission humanitaire dans une zone rurale de l’Arauca. Ces trois mineurs, de 14 et 15 ans ont été entraînés par l’armée puis placés dans les rangs de la guérilla pour l’infiltrer et y effectuer des missions d’espionnage. Ils ont cependant été identifié par la guérilla. Ces trois espions avaient été recrutés à 10 ans, deux à Aguazul, Casanare et le troisième à Yopal. Il s’agit, d’après l’ELN, d’une méthode systématique de l’état colombien qui approche les communautés rurales, populaires ou avec une histoire de lutte et suscite chez les jeunes un intérêt à devenir agents de renseignement ou espions des forces armées et de la police.

Combattants de l'ELN

Samedi 21 décembre, Ender Elías Ravelo, ancien guérillero des FARC démobilisé, a été assassiné dans un établissement commercial situé dans le quartier de Santander de la municipalité de Tibú (dans le nord du département Santander). Les assassins sont arrivés sur une moto et l’un d’entre eux a ouvert le feu sur le guérillero, sa femme et un ami du couple. Les assassinats des anciens FARC démobilisés sont monnaie courante dans le pays depuis les accords de paix de 2016 (voir notre article). Rien que cette année on a recensé plus de 60 assassinats de ce type.

Ender Elías Ravelo, ancien FARC assassiné

Ender Elías Ravelo, ancien FARC assassiné

 

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Mercredi 18 décembre, des prisonniers anciens combattants FARC, détenus dans la cour 4 de la prison de La Picota à Bogotá, ont publié une série de revendications dans lesquelles ils demandent à être libérés conformément à l’amnistie négociée dans le cadre de l’accord de paix. Plus de 600 FARC restent, en effet, enfermés dans cette prison et sont menacés de transferts vers une prison étrangère à celle concernée par ces mêmes accords. Ces prisonniers auraient été torturés à de multiples reprises. La Force alternative révolutionnaire commune (le parti politique issus des FARC qui ont rendus les armes) ne reconnaît que 171 de ces prisonniers. Les autres auraient été retirés des listes d’amnistie.

Prisonniers appartenant aux FARC

Prisonniers appartenant aux FARC

La Colombie vient de vivre sa troisième journée de grève générale en 14 jours et le conflit entre donc dans sa troisième semaine. C’est une mobilisation sans précédent depuis un demi-siècle dans ce pays. Toutes les grandes villes du pays sont touchées : Bogota la capitale, Medellin, Cali, Baranquilla et ailleurs encore. Des affrontements ont souvent opposés manifestants et policiers.

Il y a deux axes majeurs dans la contestation. Les manifestants dénoncent d’abord les projets de réforme des retraites, qui prévoient le recul de l’âge du départ, et une substitution des fonds privés aux pensions publiques ; ils dénoncent aussi la dérégulation du marché du travail, la réforme fiscale, et le manque d’investissement dans la santé et plus encore dans l’éducation. Les étudiants sont très nombreux dans les cortèges. Bref, c’est toute la politique libérale du gouvernement de droite d’Ivan Duque qui est rejetée.
Le deuxième axe de la contestation concerne la répression. Les organisations indigènes dénoncent les violences dont leurs militants sont victimes. Et tous les manifestants réclament également le respect de l’accord de paix avec les FARC et le démantèlement de l’Esmad, les forces anti-émeutes. Il faut dire que pendant l’une des manifestations précédentes, le 25 novembre, un jeune de 18 ans, Dilan Cruz, a été tué par des billes de plomb tirées par un agent de l’Esmad.

Manifestation à Bucaramanga

Manifestation à Bucaramanga

 

Jeudi 21 novembre, des manifestations massives étaient annoncées en Colombie pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement d’Iván Duque. Celui-ci avait pris des mesures répressives préventives (dont le déploiement de 4000 policiers dans la capitale) (voir notre article). Malgré ce déploiement policier, plus de 250.000 personnes ont manifesté dans le pays ce jour-là. Dans la capitale, Bogotá, la police anti-émeute colombienne (Esmad) a dispersé violemment des manifestant·es à l’aide gaz lacrymogène sur la Plaza de Bolívar alors que celles et ceux-ci bloquaient des routes à la fin de la manifestation. La police a fait de même dans le district densément peuplé de Suba où des manifestant·es bloquaient une station de métro.

Au total, trois manifestant·es ont été tué·es dans les manifestations de jeudi : deux lors d’une action dans un centre commercial situé dans la municipalité de Buenaventura et une autre dans la municipalité de Candelaria dans le département du Valle del Cauca. En outre, selon les chiffres officiels 122 manifestant·es auraient été blessé·es, le chiffre réel étant très probablement bien plus élevé. Enfin, on dénombre 98 arrestations.

Des manifestant·es contre le gouvernement Duque à Bogota, le 21 novembre.

Des manifestant·es contre le gouvernement Duque à Bogotá, le 21 novembre.

Jeudi 21 novembre, une manifestation de masse est prévue à Bogotá pour protester notamment contre des mesures d’austérité annoncées par le gouvernement de Ivan Duque. Au vu des vagues d’émeutes récemment vécues dans différents pays d’Amérique latine, celui-ci a décidé de prendre des mesures afin d’éviter de perdre le contrôle de la situation. Ivan Duque a ainsi annoncé une fermeture des frontières du pays jusque vendredi matin, ainsi que des mesures permettant aux autorités locales d’imposer des couvre-feux et d’interdire la vente d’alcool. Dans la capitale, des escadrons de police antiemeute étaient visibles en dehors de plusieurs universités. De nombreuses entreprises fermeront leurs portes pendant que les écoles demanderont au personnel et aux étudiants de rester chez eux. Enfin, la police a perquisitionné mardi 27 maisons de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des manifestations antigouvernementales d’octobre (voir notre article).

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

 

 

Samedi 9 novembre, le corps sans vie de Carlos Arenas, un militant du parti FARC (un parti issu des Forces armées révolutionnaires de Colombie) a été retrouvé dans la municipalité de Santa Isabel à Tolima. Le même jour, le parti FARC dénonçait l’assassinat d’un autre de ses militants, Diego Fernando Campo, dans le département du Cauca, au sud-ouest du pays. Les assassinats de FARC démobilisés sont courants dans le pays (voir notre article), constituant l’une des raisons qui amène de nombreux membres et dirigeant·e·s à reprendre les armes aux cotés d’autres combattant·e·s FARC qui avaient refusé l’accord de paix (voir notre article).

Diego Fernando Campo militant du parti FARC assassiné

Diego Fernando Campo militant du parti FARC assassiné

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Mercredi 16 octobre, Un soldat de l’armée colombienne a fait défection avec son fusil de dotation et du matériel de guerre dans le département d’Arauca, à la frontière avec le Venezuela, et a rejoint l’ELN. Le déserteur, identifié comme étant Luis Carlos Carrillo, apparaît dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux dans laquelle il déclare s’être engagé en 2018 dans le 18ème groupe de cavalerie mécanisée de l’armée, basée à Saravena dans la département d’Arauca.

Selon Carrillo, au cours de sa période au sein de l’armée colombienne, il n’a pas appris « quoi que ce soit de bon » mais avait découvert la corruption dans l’armée ainsi que les mauvais traitements infligés aux soldats par les officiers de haut rang. Dans la vidéo, il déclare que pendant son temps à l’armée des supérieurs lui avaient parlé de soutenir les groupes paramilitaires pour « défendre la patrie » mais qu’en réalité la patrie qu’il défendait était « la patrie des riches ».

Le soldat Carrillo déserte et rejoint l'ELN

Le soldat Carrillo déserte et rejoint l’ELN

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Hier jeudi 10 octobre, des étudiants des universités publiques et privées de Bogotá sont descendus dans les rues pour exiger du gouvernement qu’il respecte les accords économiques négociés en 2018. A Bogota, la manifestations commencée dans le calme a tourné à l’affrontement suite à l’attaque de banques et d’infrastructures publiques par des manifestants masqués. Les plus grands affrontements ont eu lieu au Palais de justice, où les cortèges de toutes les universités se sont retrouvées. Les policiers ont été caillassés, les escadrons anti-émeutes sont intervenus brutalement et ont nappé la place de gaz lacrymogène.

Caillassage des policiers protégeant le palais de justice

 

Lundi 7 octobre, une commandante du 18ème Front (une organisation des dissident·e·s des FARC refusant l’accord de paix) portant l’alias « La Reina » a annoncé que ses forces rejoignaient Iván Márquez dans son projet de reformer les FARC (voir notre article) et le reconnaissaient comme commandant en chef. La Reina précise donc que son front suivra désormais les directives de la guérilla formée par Márquez, Seuxis Pausias Hernández, alias « Jesús Santrich et Hernán Darío Vélez, alias « El Paisa ».

Le 18ème Front compte au moins 120 combattantes et combattants. Il est positionné dans la partie occidentale de la Colombie (dans le nord-ouest du département d’Antioquia et dans le sud du département de Cordoba). Cela en fait un allié stratégique pour Márquez qui est, lui, présent dans la partie orientale du pays à la frontière avec le Venezuela. Cette première fusion pourrait laisser présager des progrès dans la réunification des FARC.

Le 18ème Front rejoint Ivan Marquez

Le 18ème Front rejoint Ivan Marquez

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