Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Thawra, un groupe internationaliste de gauche basé à Hambourg, fait face à une classification comme « organisation extrémiste avérée » par les services allemands de protection de la Constitution. Cette décision repose principalement sur des accusations d’antisémitisme liées à ses positions antisionistes et à son engagement public en solidarité avec la Palestine, notamment l’usage de termes tels que « génocide » ou « apartheid » pour qualifier la politique israélienne. Cette qualification ouvre la voie à d’éventuelles interdictions et expose les militants à la répression, y compris en matière de séjour. Thawra rejette fermement ces accusations et a engagé des recours judiciaires pour contester cette classification, estimant qu’elle s’inscrit dans une stratégie plus large de répression et de criminalisation de la solidarité pro-palestinienne en Allemagne, et que l’issue de cette affaire pourrait créer un précédent déterminant pour les libertés politiques et le débat public.

Shea Reynolds et Dee (Damian) Duffy, républicains irlandais condamnés respectivement à 11 ans et demi et 12 ans et demi de prison, ont vu leur peine prononcée le 19 décembre 2025 à l’issue d’un procès tenu devant un tribunal sans jury à Belfast. Ils sont accusés d’avoir installé une caméra de surveillance dans l’allée du domicile d’un policier retraité en Irlande du Nord afin de recueillir des informations pour préparer une opération contre lui. Le silence des accusés, exercé comme un droit face à un système qu’ils dénoncent comme colonial, aurait été interprété comme un aveu implicite.

Âgé de 46 ans et originaire de Naplouse, Wajdi Joudeh est détenu depuis le 4 août 2004 et condamné à 25 ans de prison. Actuellement en isolement à la prison de Ganot jusqu’au 16 janvier 2026, il a subi de nombreuses violences en détention, des transferts forcés et des conditions d’emprisonnement extrêmes (froid, manque de vêtements et couvertures). Ces pratiques ont provoqué une perte de 40 kg et la gale. Par ailleurs, il est victime de nombreuses restrictions sur les visites et l’accès à son avocat. Dirigeant du Front Démocratique de Libération de la Palestine (FDLP) et figure du mouvement des prisonniers, son cas illustre les pratiques d’isolement et de répression spécifiques contre les leaders de la résistance dans les prisons israéliennes.

De nombreuses de personnes ont manifesté devant le consulat indien à Istanbul, à l’appel de plusieurs organisations révolutionnaires, sous le slogan « Stop à l’opération Kagaar ! Mettez fin aux massacres ! », pour dénoncer la répression de l’État indien contre les forces révolutionnaires et les peuples, notamment les Adivasis. Encadrée par une forte présence policière, la mobilisation a vu des slogans de solidarité internationale et d’hommage à des militants tués, tandis qu’un communiqué en turc et en anglais accusait l’État indien de violences systématiques, évoquant plus de 550 morts depuis septembre 2025. Les manifestants ont exigé l’arrêt immédiat de l’opération Kagaar, la fin des crimes contre le peuple, la reconnaissance des droits collectifs des Adivasis et la libération de tous les prisonniers politiques.

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Bien que Rozerin Kalkan ait purgé sa peine depuis 20 mois, cette prisonnière politique kurde reste incarcérée en Turquie, sa libération ayant été à plusieurs reprises reportée par une commission pénitentiaire sur des motifs politiques, notamment l’« absence de remords », sa participation à des grèves de la faim et des lettres prétendument compromettantes qu’elle n’a jamais reçues. Arrêtée en 2016 à l’âge de 19 ans, elle a été condamnée à plus de dix ans de prison et elle est détenue aujourd’hui à la prison de haute sécurité de Şakran. Ce cas illustre une pratique plus large : depuis 2021, environ 4 000 libérations anticipées de prisonniers politiques, majoritairement kurdes, ont été refusées ou retardées par ces commissions.

Plusieurs prisonniers détenus au Royaume-Uni pour des actions contre le fabricant d’armes israélien Elbit Systems ont entamé une grève de la faim illimitée afin de protester contre leur détention prolongée sous des lois antiterroristes, souvent sans inculpation, sans libération sous caution et dans des conditions d’isolement strict (voir notre article). Ils réclament la fin des restrictions de communication, leur libération, un procès équitable, la fin de l’interdiction de Palestine Action et la fermeture des sites d’Elbit Systems au Royaume-Uni. Alors que six d’entre eux approchent les cinquante jours sans nourriture, leur état de santé est jugé critique. Afin de les soutenir, un rassemblement d’urgence est organisé mardi 23 décembre dès 18h30 à Bruxelles devant le Consulat britannique (Avenue d’Auderghem 10, 1040 Brussels).

Lors d’une conférence internationale de solidarité avec les prisonniers politiques organisée à Paris, la membre de l’organisation féministe anticapitaliste Zora et journaliste Anna, présente à bord du bateau Conscience lors de la Flottille de la liberté en route vers Gaza, a déclaré avoir subi des violences sexuelles lors de son transfert entre deux prisons israéliennes après son arrestation par l’armée israélienne en mer et cinq jours de détention (voir la vidéo). Témoignant publiquement, elle a expliqué parler au nom de toutes les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, notamment des prisonnières palestiniennes, affirmant que la honte incombe à l’État israélien et non aux victimes, et réaffirmant sa détermination à poursuivre la lutte jusqu’à l’obtention de la justice.

Le 18 décembre à Turin, le gouvernement italien a fait expulser et mettre sous scellés l’Askatasuna, l’un des plus importants centres sociaux autogérés d’Europe, occupé depuis près de 30 ans et profondément ancré dans la vie sociale, culturelle et politique de la ville. Malgré son rôle central d’entraide, de création et d’organisation des luttes, et alors même qu’un processus de régularisation était en cours après sa reconnaissance comme « bien commun » par la mairie, celle-ci a brutalement retiré son accord le jour de l’intervention policière. Cette expulsion, menée à l’aube par la police politique italienne et 200 policiers anti-émeutes, s’inscrit dans une offensive plus large contre les lieux autogérés. C’est aussi une forme de représaille politique liée aux mobilisations massives en soutien à la Palestine, le gouvernement de Meloni cherchant à faire un exemple pour intimider le mouvement social italien.

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Dans toute l’Europe, une répression coordonnée vise des militant·es antifascistes, avec la coopération de plusieurs États, dont la France, suite à une mobilisation en 2023 à Budapest contre une commémoration néonazie. Depuis, une vaste opération se déploie pour arrêter, juger et intimider celles et ceux qui s’opposent à l’extrême droite et ses alliés. Parmi les personnes poursuivies figure Gino, réfugié en France, arrêté une première fois puis relâché, avant d’être de nouveau incarcéré récemment à la demande de l’Allemagne (voir notre article). Il attend désormais une décision d’extradition et encourt une lourde peine. Afin de le soutenir, ses soutiens appellent à lui écrire :

Monsieur ABAZAJ Rexhino · MAH D2 229 écrou n°1039609 · Centre pénitencier de Fresnes · Allée des Thuyas · 94260 Fresnes (France)

Suite à la vague d’arrestations contre des membres ou sympathisants du Parti Socialiste des Opprimés (voir notre article), six membres présumés ont été placés en détention provisoire à Istanbul, accusés d’appartenance à une organisation terroriste sur la base d’activités sociales comme des pique-niques ou la rédaction de communiqués de presse.