Le verdict vient de tomber dans le procès contre Pola Roupa, militante de Lutte Révolutionnaire, pour le procès des attaques contre la Banque de Grèce et les bureaux du FMI à Athènes en 2014 (voir notre article). Prison à perpétuité + 25 ans pour « dirigeance d’une organisation terroriste » et « incitation physique » à la réalisation des actions. Ce procès a connu deux éléments tout à fait nouveaux qui le distingue des précédents procès « anti-terroristes » en Grèce.

Selon le procureur, si l’attaque qui a dévasté le siège de la Banque de Grèce avait totalement réussi, autrement dit, si les gardes n’avaient eu le temps de baisser les rideaux métalliques, les 75kg d’explosifs auraient détruits purement et simplement le bâtiment. Il aurait pu en résulter l’effondrement du système bancaire grec et, considérant le moment choisi par l’action, un effondrement du système économique grec. C’est la première fois qu’un procureur reconnait un tel impact potentiel aux actions de Lutte Révolutionnaire (un ministre l’avait déjà reconnu au détour d’un entretien). D’ordinaire, dans ce type de procès, les procureurs dénient tout impact politique, effectif ou potentiel, des actions armées, et ce déni est la base juridique sur laquelle ils écartent la qualification de « crime politique » prévue par la constitution grecque.

La seconde nouveauté à ce procès est que le procureur a obtenu la condamnation de Pola Roupa pour ces deux actions non pas pour sa participation personnelle, mais en tant que « dirigeante » de Lutte Révolutionnaire et « incitatrice » de ces actions.

Liberté pour les révolutionnaires emprisonné.e.s en Grèce!

Liberté pour les révolutionnaires emprisonné.e.s en Grèce!

L’arrivée au pouvoir de la gauche réformiste et légaliste en Grèce, incarnée par la coalition Syriza, est un nouvel exemple du camp dans lequel cette gauche se positionne sur tous les enjeux essentiels :
– la Grèce est toujours un membre actif de l’OTAN,
– le gouvernement grec applique scrupuleusement les mémorandum de la Troïka en continuant le processus de paupérisation du peuple grec au profit de créditeurs,
– police et justice continuent à persécuter les prisonnier.e.s de la gauche révolutionnaire.

Des mesures exceptionnelles : refus de congé, transferts punitifs, et régime d’isolement

Pour s’opposer à leur transfert vers des prisons impliquant l’isolement, les prisonnier.e.s doivent mener des grèves de la faim et de la soif, ainsi Dinos Yigtzoglou, membres de la Conspiration des Cellules de Feu, qui a résisté à son transfert vers la prison de Larissa. Dimitri Koufodinas, membre de l’organisation « 17 Novembre » a mené lui une grève de la faim pour que lui soit appliquée les règles d’octroi des congés pénitentiaires. L’année passée, Pola Roupa et Nikos Maziotis, membres de l’organisation « Lutte Révolutionnaire », ont dû mener une grève de la faim pour que Nikos sorte de l’isolement et pour qu’ils puissent avoir des visites de leur enfant de six ans (lui-même enfermé quatre jours lors de l’arrestation de sa mère) dans des conditions dignes.

Persécution systématique des membres de la gauche révolutionnaire turque

Turgut Kaya est un révolutionnaire turc qui a été arrêté, torturé et emprisonné à plusieurs reprises en Turquie sous l’accusation d’appartenance au TKP/ML. En avril 2018, il a été arrêté en Grèce à la suite d’un mandat d’arrêt lancé par Interpol. Son extradition a été décidée lors d’une audience du tribunal à Athènes le 30 mai. Turgut Kaya a immédiatement entamé une grève de la faim pour protester contre les menaces d’extradition vers la Turquie. Hıdır Gönek avait également été arrêté en Grèce et est accusé d’avoir facilité l’entrée de Turgut Kazya dans le pays, est également en grève de la faim.
Ce ne sont pas les autres membres de la gauche révolutionnaire turque éprouvé.e.s par la justice grecque : 9 militant.e.s ont été arrêté.e.s le 28 novembre en Grèce, ils sont accusés d’appartenance au DHKP-C et d’avoir planifié une action contre le président Erdogan. Parmi ces prisonnier.e.s citons Ali Ercan Gokoglou, membre actif de Tayad (une organisation de soutien aux prisonniers politiques en Turquie), qui a finalement échappé au danger d’extradition mais qui reste en prison.

Des offensives policières et judiciaires tous azimut

Citons aussi :
– Les attaques policières contre les squats (ainsi la grande offensive de 2016 contre les squats à Thessalonique : le squat “Orfanotrofio”, la communauté “Hurriya” et les squats situés sur l’avenue Nikis, avec un total de 74 arrestations).
– La détention de militant.e.s et sympathisant.e.s du mouvement de libération du Kurdistan.
– Les nombreuses procédures judiciaires contre les anarchistes membres du groupe Rouvikonas. 12 doivent encore passer en procès pour diverses actions militant.e.s du groupe, et 20 pour une manifestation dans l’enceinte du Ministère de l’Intérieur en soutien à la grève de la faim de Dimitris Koufodinas.

Solidarité avec les prisonnier.e.s révolutionnaires en Grèce !
Pas d’isolement ! Pas de mesure d’exception ! Pas d’extradition !

Rassemblement mercredi 11 juillet de 17h à 18h devant l’Ambassade de Grèce à Bruxelles

Liberté pour les révolutionnaires emprisonné.e.s en Grèce!

Plusieurs agents de la BEFTI (Brigade d’enquêtes sur les fraudes aux technologies de l’information) et quelques policiers ont mené une perquisition ce mercredi 27 juin vers 15h30 chez un militant anarcho-communiste dans la Drôme, accusé d’être membre du collectif de hackers militants « 0ffsecurity ». Ce collectif venait d’ailleurs de lancer une série d’attaques contre plusieurs sites internet d’extrême-droite, dont Bastion Social, le Rassemblement National et l’AKP. Après la perquisition, et une recherche sur le routeur (à la recherche de [services cachés .onion
->https://fr.wikipedia.org/wiki/.onion]), le militant a été embarqué et auditionné alors que son matériel (ordinateurs et téléphones) était analysé. Les agents recherchaient essentiellement des informations sur le groupe 0ffsecurity ainsi que sur le logiciel botnet YzyRai, une variante de Mirai. Le lendemain matin vers 8h30, l’audition a repris et les questions ont porté sur le piratage en 2016 d’un site appartenant au Ministère des Affaires Étrangères. Ce piratage (défaçage) avait été revendiqué par un groupe pro-daesh, alors que 0ffsecurity réalise fréquemment des actions contre l’État Islamique et l’État turc et en solidarité avec les combattants kurdes qui résistent au Rojava. Le militant a pu être libéré au terme de l’audition et sera re-convoqué en septembre, son matériel a été gardé par la police.

Clin d’oeil à Offsec, au Rojava

Clin d'oeil à Offsec, au Rojava

Les procès se suivent à Athènes contre les membres de Lutte Révolutionnaire. L’un d’entre eux concerne la poursuite contre Pola Roupa pour l’attaque contre la Banque de Grèce et celle contre le bureau du Fonds monétaire international à Athènes. Le procureur a mis Pola en accusation pour ces attaques non pas pour sa participation mais parce qu’elle aurait une « responsabilité morale » dans ces attaques en raison de son rôle dans l’organisation Lutte Révolutionnaire et de l’implication de Nikos dans cette attaque. Cette forme d’accusation est une première judiciaire en Grèce. La décision finale le 11 juillet.

La Banque de Grèce après le passage de Lutte Révolutionnaire le 10 avril 2014

Lire le communiqué (en anglais) de l’attaque contre la Banque de Grèce

Voir la chronologie (actualisée) de Lutte Révolutionnaire dans notre dossier

La Banque de Grèce après le passage de Lutte Révolutionnaire le 10 avril 2014

Ce lundi 18 juin, les fascistes du Mouvement Patriotique de Kavala organisaient une journée contre les accords de Macédoine à laquelle 100 manifestants d’extrême-droite se sont rendu. Dans les jours qui avaient précédé, Pangeos Prionidis (échevin municipal du parti Nouvelle-Démocratie) avait appelé à attaquer les commerces et voiture « de la gauche » avant de revenir sur ses mots le lendemain. À hauteur du squat Vyronos 3 la manifestation a été bloquée par les occupants du squat. Évoluant vers une bagarre, police et nazis d’un côté, anarchistes de l’autre, la manifestation a été repoussée. Les manifestations nationalistes macédoniennes sont régulièrement l’occasion d’attaques communes police-fascistes contre les espaces anarchistes grecques.

Police et fascistes attaquent un squat à Kavala

Police et fascistes attaquent un squat à Kavala

Marco R., l’un des inculpés des événements du 1er Mai 2015 (contre l’expo universelle de Milan) a été arrêté ce 8 juin à Toulouse. Il est inculpé de « dévastation et saccage » (8 à 15 ans de prison) et de « résistance » car il est accusé d’avoir participé au tabassage du commissaire divisionnaire assistant. L’enquête contre lui a commencé le 9 novembre 2015 et un mandat d’arrêt européen a été émis le 12 juillet 2016 à son encontre. La DIGOS (Division d’investigation générale et d’opérations spéciales) l’aurait finalement trouvé grâce à des écoutes téléphoniques avant de contacter la police française pour le faire arrêter. Marco aurait résidé ces trois dernières années à Toulouse où il étudiait la trompette, il a d’ailleurs été arrêté juste avant de monter sur scène dans un concert de jazz du milieu étudiant.

1er mai 2015 à Milan

1er mai 2015 à Milan

Dimitris Koufodinas (prisonnier de l’organisation révolutionnaire 17 Novembre) a cessé la grève de la faim qu’il avait entamé pour obtenir le droit à un congé pénitentiaire de 48 heures. De nombreuses actions de solidarité avaient eu lieu à travers la Grèce. Dernière en date, celle de Rouvikonas qui a accroché une grande banderole à l’acropole.

Koufodinas

Koufodinas

Lundi, une trentaine de membres du groupes Rouvikonas ont fait irruption dans l’enceinte du Ministère de l’Ordre Public et de la Protection des Citoyens (le ministère de l’intérieur, en fait) en soutien à Dimitris Koufondinas. Ils ont été repoussé par la police qui a procédé à 20 arrestations. De l’hôpital où il est depuis jeudi dernier Dimitris Koufodinas, à le 12e jour de la grève de la faim, a exprimé sa solidarité avec le militant turc Turgut Kaya également en grève de la faim pour ne pas être extradé vers la Turquie. Dimitris Koufodinas poursuit la grève de la faim en refusant d’accepter une assistance médicale et, à la demande des médecins, a signé une déclaration de responsabilité pour refuser de prendre toute forme de préparation de sucre.

Ce mardi, à 13h30, le président du Tribunal Evelpidon à Athènes annonce un premier report : celui du procès des 20 membres de Rouvikonas arrêtés la veille. Ce procès qui se voulait « expéditif » est reporté au 27 juin, sans doute dans l’espoir que les soutiens seront moins nombreux et, surtout, que la grève de la faim de Dimitris Koufontinas sera terminée.

Reste l’énorme dossier des 8 actions de résistance pour lesquelles comparaissent 12 membres du groupe, à savoir: 1- l’action contre les médecins mafieux exigeant des dessous de table pour soigner les malades ; – l’action contre les coupures d’électricité des familles les plus pauvres ; 3- et 4- les actions contre les ambassades d’Allemagne (propagande raciste et maltraitance des migrants) et d’Arabie Saoudite (bombardements des civils au Yemen) ; 5- l’action au tribunal de Larissa ; 6- l’action au siège de Turkish Airlines (en solidarité avec les Kurdes) ; 7- l’action au ministère de l’économie et de la croissance ; 8- l’action au ministère des armées). Ce grand procès prévu de longue date et très médiatisé est reporté au… 15 février 2019.

Affiche de soutien aux inculpés de Rouvikonas

Des incidents ont éclatés dans le quartier d’Exarchia, au centre-ville d’Athènes la nuit de vendredi à samedi et samedi en journée. Des anarchistes ont brûlé un drapeau grec et lancé des bombes incendiaires sur des fourgons de police anti-émeute stationnés à la jonction des rues Patission et Tositsa. Les agents ont riposté avec des gaz lacrymogènes et bouclé brièvement la rue Patission.

Les incidents à Exarchia

Les incidents à Exarchia

Rouvikonas appartient à une tradition anarchiste athénienne qui remonte aux années 1970. Le collectif a été créé en 2013 et pour lui, la Grèce a franchi son «Rubicon» en mars 2012, lorsqu’elle a signé le second plan d’aide de l’Union Européenne et du FMI. Un plan renforçant le programme d’austérité économique qui ravage la société grecque sans relâche depuis lors. Rouvikonas s’en prend aux rouages de la bureaucratie grecque –des cabines de péage dans le Péloponnèse, le ministère de la Défense, le palais de justice de Larissa– mais attire aussi l’attention sur la scène internationale : ambassade d’Espagne, ambassade de l’Arabie Saoudite, comptoir d’enregistrement de la compagnie El Al à l’aéroport international Elefthérios-Venizélos, bureaux de Turkish Airlines, dernièrement l’ambassade de France d’Athènes en solidarité avec la ZAD.

Le groupe distribue des médicaments et invite les associations du secteur sanitaire et social à mettre en place des dispensaires pour les malades. Rouvikonas cherche également des lieux d’hébergement pour les réfugiés au sein des bâtiments abandonnés du centre d’Athènes, et empêche la police d’accéder à ces squats. Suite à toutes ces actions le collectif Rouvikonas fait face à de nombreuses arrestations et procès.

C’est pourquoi le Secours Rouge vous invite ce samedi 2 juin à 19h au Local Sacco-Vanzetti (54 Chausée de Forest, 1060 Saint-Gilles) pour une soirée d’information et de solidarité avec Rouvikonas, avec un drink solidaire, une discussion par Skype avec des membres du collectif et des projections de ses actions.

Solidarité avec Rouvikonas

Solidarité avec Rouvikonas