Hier, une série de mouvements kurdes ont annoncé que 50 de leurs membres se mettaient en grève de la faim pour une durée indéterminée jusqu’à ce que l’état turc autorise la tenue d’une réunion avec Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du PKK qui n’a pas été vu depuis de longs mois. Les mouvements (DTK, DBP, KJA, HDK et HDP) se sont réunis au local d’une organisation parapluie kurde, le DTK (Congrès pour une Société Démocratique) à Amed/Diyarbakir, la « capitale » du Kurdistan turc. Peu après l’annonce, une vingtaine de policiers turcs ont perquisitionné le local, saisissant une banderole réclamant la libération d’Öcalan au balcon, et fouillant chaque pièce une par une. Les policiers ont finalement quitté les lieux vers 00h30.

Annonce de la grève de la faim pour Öcalan

Annonce de la grève de la faim pour Öcalan

La lutte des prisonniers politiques marocains pour des droits aussi élémentaires que le droit aux soins, aux visites, à une nourriture de base saine, à l’hygiène, à la poursuite des études se poursuit malgré le black out médiatique. Ces prisonniers subissent quotidiennement des humiliations et des mauvais traitements, plusieurs d’entre eux sont détenus sans procès, d’autres ont été condamnés dans des caricatures de procès à des peines extrêmement lourdes (jusqu’à 40 ans de prison!).
Le nombre de ces prisonniers ne cesse de grandir puisque les arrestations dans les milieux militants se poursuivent et que se multiplient aussi les situations d’enlèvement (comme cela a été le cas par exemple pour Zouhir Alaichi, enlevé le 20 août 2016, en plein jour, dans une rue de la ville de Larache).

A la mi-août 2016, parmi les initiatives de luttes des prisonniers, ont été recensés les mouvements de grève de la faim suivants, dans l’ensemble du pays :
A la prison de Toulal 2 de Meknès, Rédouan Almali, Hamza Al Hamadi, Yassin Rahal, Ibrahim Kassimi, Ibrahim Attahiri en étaient à leur 80e jours de grève de la faim ; leur état de santé a été reconnu critique, particulièrement celui d’Ibrahim Attahiri.
A la prison de Toulal 3 de Meknès, Ikram Bourhim, Zakia Biya, Fatima Ezzahra Sahik étaient en grève de la faim depuis plus de 24 jours (voir notre article).
A la prison de Marrakech, les manifestants estudiantins arrêtés le 19 mai (voir notre article) ont mené à leur tour une grève de la faim de 48 heures comme premier avertissement avant d’aller plus loin si leurs revendications n’étaient pas prises en compte. Ce sont Myriam Aamani, Lahcen Elamrani, Nabil Elkafifi, M’Barek Talibi, Mounaatif Chadi, Mohamed Boukhliki, Mohamed Elharaoui, Fouad Atouni, Badr Azahraoui, Abdelmounin Elismaili, Abdelmounin Maji, Hassan Raji et Hamid Hamza.
A la prison Aïn Kadouss, de Fès, Mounir Al Ghazoui, Zakaria Al Azouzi, Zouhair Saber, Jaber Rouijel, Ahmed Fahmi sont en grève de la faim ouverte depuis le 18 août.
A la prison de Touchka et d’Errachidia, Hassan Koukou, Mounir Aitkhafou, Soufian Esserhir, Hassan Onmouch – tous condamnés à 5 ans de prison – ont mené une grève de la faim de 48 heures.
A la prison Raas Almaa, de Fès, Bouchta Aljanati, Noaman Munbaddine étaient en grève de la faim depuis le 18 juillet.

Prisonniers politiques détenus à Meknès

EDIT: Maryam Ammani, détenue à Marrakech, est en grève de la faim ouverte depuis 10 jours.

Prisonniers politiques détenus à Meknès

Le quartier général des forces anti-émeutes turques à Cizre n’est plus qu’une carcasse fumante. Le bâtiment a été soufflé ce vendredi par une attaque revendiquée par le PKK. C’est un kamikaze qui a pu introduire une voiture piégée sur les lieux et qui l’a fait exploser, tuant au moins onze policiers. 78 personnes ont été blessées dans l’explosion. La ville de Cizré est située dans la province kurde de Sirnak, frontalière de la Syrie et de l’Irak. Ce quartier général est connu pour avoir vu mourir des centaines de Kurdes emmenés par la police turque.

Les décombres du QG policier

Les décombres du QG policier

Les populations de Zéglé, non loin de Kpomé, dans la préfecture de Zio, ont été déplacées de leur ancien lieu d’habitation pour être réinstallées un peu plus loin, afin de faire place à la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT) pour l’exploitation du phosphate. Ces populations lassées des promesses non tenues, (elles restent sans école, sans transport et même sans eau alors que l’exploitation du phosphate engendre d’énormes profits), avaient projeté de manifester lundi, mais des forces de l’ordre et de sécurité avaient été déployées sur les lieux et autour du site d’exploitation.

Ainsi, leur manifestation pour réclamer de meilleures conditions de vie sur le nouveau site où elles ont été déplacées a tourné à un affrontement très violent. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes, pour disperser ces manifestants, décidés à perturber les activités au niveau de la carrière des phosphates. Les affrontements ont fait de nombreux blessés et peut-être un mort.

Une mine de phosphate au Togo

Une mine de phosphate au Togo

Le 14 novembre 2014, un groupe de personnes armées entre dans l’agence de la Pax Bank à Aix-la-Chapelle (Aachen), vident le coffre, attachent les employés de la banque, et abandonnent les lieux sans blesser personne. La police relie cette attaques à deux autres ayant eu lieu précédemment à Aachen, et envoie une note au niveau international, faisant circuler les profils génétiques extraits d’échantillons d’ADN trouvés sur les lieux. En mars 2015, la police catalane répond en indiquant que l’échantillon extrait d’une perruque trouvée près de la Pax Bank, coïnciderait avec celui extrait d’un gant trouvé dans la rue après une action directe politique ayant eu lieu à Barcelone en juin 2009.

Une enquête conjointe germano-catalane commence alors et après avoir ramassé furtivement une canette abandonnée dans la rue par une anarchiste de nationalité italiano-autrichienne et en avoir extrait des échantillons d’ADN, la police conclu à la concordance l’échantillon de Aachen. Le 12 avril, un MAE est émis, et le 13 avril l’arrestation est opérée. Elle sera suivie d’une extradition le 30 juin (voir notre article) et d’une mise en détention à la prison de Cologne. Une autre arrestation est opérée aux Pays-Bas, la deuxième inculpées état mise en liberté provisoire en attendant son éventuelle extradition (voir notre article). Plusieurs initiatives de solidarité ont eu lieu. C’est ainsi que dans la nuit du 24 au 25 juillet, les vitres et les distributeurs de billets de deux banques de Hambourg ont été détruits, et des slogans écrits au spray en solidarité avec les deux accusées.

Kamara (Grèce) :

Kamara (Grèce) :

Difficile de suivre l’immense vague répressive qui secoue toute l’opposition turque depuis la tentative de coup d’état qui a eu lieu il y a quelques jours. L’AKP qui prétendait au départ viser des putschistes gülenistes a licencié des dizaines de milliers de personnes dans tous les secteurs (armée, fonctionnaires, secteur privé, éducation), emprisonné, exécuté sommairement (certains soldats ont été décapités en pleine rue) et torturé des centaines d’autres. Les militants galvanisés d’AKP attaquent des quartiers kurdes et alévis qui ne se laissent pas faire. Dans certains cas, les villageois qui se défendaient ont simplement été qualifiés de « putschistes » et emprisonnés.

A présent, l’état turc veut empêcher les putschistes « cachés » dans les milieux universitaires de s’échapper. Le haut conseil de l’éducation a donc interdit aux enseignants de quitter le pays et a demandé à ceux qui se trouvent à l’étranger de revenir au plus vite. Selon la police (pro-erdogan), certains profs seraient selon l’AKP, en contact avec des cellules putschistes endormies. Les purges dans l’enseignement ont déjà eu lieu: la totalité des 1.577 doyens ont été suspendus, les licences de 21.000 enseignants privés ont été révoquées. Les purges sont tellement massives qu’il est difficile de donner des chiffres précis, mais au moins 70.000 personnes ont été relevées de leur fonction en à peine quatre jours. La répression pourrait encore s’intensifier puisque l’état turc souhaite rétablir la peine de mort contre les « putschistes ».

Ce mercredi, l’armée de l’air turque a également repris ses bombardements contre les bases du PKK dans le nord de l’Irak.

Une estimation de l’étendue des purges (20 juillet 2016)

Plusieurs centaines de personnes ont commencé à manifester jeudi vers 17h15 en centre-ville de Nantes, contre la loi Travail. Le rassemblement avait pourtant été interdit par le préfet de Loire-Atlantique. Dès les premières minutes, des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre, présentes en grand nombre. Ces dernières ont reçu des projectiles et lancé du gaz lacrymogène. Une partie des manifestants, scindés en petits groupes, a été encerclée par les policiers. La foule est restée totalement à l’arrêt pendant environ deux heures, criant « libérez nos camarades » et entonnant des chants militants. Au total, à 21h30, la police faisait état de 26 interpellations. Des groupes de manifestants se sont reformés vers 20h, entraînant de nouveaux heurts avec les forces de l’ordre.

La manifestation de Nantes

Quelques centaines de personnes se sont massées à deux pas du meeting gouvernemental sur le “progrès social” à Paris mercredi. Dès l’annonce de la tenue d’un meeting gouvernemental en présence de Jean-Christophe Cambadélis, Myriam El Khomri, Manuel Valls et Stéphane Le Foll sur le thème “Loi Travail : face aux régressions de la droite sénatoriale, défendons le progrès social” (!), les opposants à la loi Travail ont décidé de s’y inviter. Interdits d’accès par les CRS, les manifestants ont scandé “tout le monde déteste le PS”, avant de partir dans une manifestation sauvage qui a donné lieu à quelques incidents.

Les CRS protégeant le meeting du PS

Loïc Canitrot, membre de la Compagnie Jolie môme, et l’un des fondateurs de Nuit debout qui a été blessé par le responsable de la sécurité du MEDEF lors de l’action spectaculaire des intermittents du spectacle au siège de l’organisation patronale la veille, a été arrêté. Une centaine d’intermittents avaient envahi en effet le siège du MEDEF mardi vers 13h30.

Au siège du MEDEF

Par ailleurs, mercredi soir, une sixième personne a été arrêté à Paris dans l’enquête sur la voiture de police incendiée le 18 mai non loin de la place de la République. La personne interpellée, un Français de 40 ans, a été arrêté dans le métro avant d’être placé en garde à vue. Dans cette affaire, cinq personnes sont déjà mis en examen, notamment pour tentative de meurtre sur policiers, destruction et violences en bande organisée. Ils reconnaissent leur présence sur les lieux, mais démentent avoir pris part aux violences. Trois personnes ont été placées en détention provisoire : Antonin, 21 ans, son frère cadet Angel, 18 ans, et un Américain de 27 ans. Deux autres suspects, Bryan, 19 ans, et Leandro, 32 ans, restent libres sous contrôle judiciaire. Les suspects ont été identifiés grâce à un témoignage anonyme, celui d’un policier infiltré sur place.

La manifestation de Nantes
Les CRS protégeant le meeting du PS
Au siège du MEDEF

L’état-major turc a annoncé la perte de huit soldats tués et huit autres blessés vendredi dans des opérations contre le PKK dans la province kurde de Hakkari. Six soldats ont été tués lors d’affrontements près d’une base militaire du district de Cukurca et deux autres ont péri dans le crash d’un hélicoptère militaire qui se rendait sur les lieux en renfort, a détaillé l’armée turque dans un communiqué. En fait de crash, l’hélicoptère (de modèle Cobra, donc de type « canonnière volante ») a été abattu par un missile sol-air portatif à guidage infrarouge « Igla », comme le montre des vidéos mises en lignes par la guérilla kurde. C’est le deuxième hélicoptère abattu en peu de temps par les combattants du PKK. L’entrée en possession de ces missiles (de fabrication russe, qui étaient détenus en grande quantité par les armées syrienne et irakienne) pourrait transformer le rapport de forces au Kurdistan.

Combattant du PKK avec le lance-missiles Igla

Combattant du PKK avec le lance-missiles Igla

De sérieux troubles ont éclaté jeudi après-midi dans le centre pour demandeurs d’asile de Saint-Trond (Limbourg). Ces incidents seraient dus à l’expulsion d’un réfugié irakien: un groupe de compatriotes a voulu empêcher que l’homme ne soit embarqué. La police est intervenue en masse avec pas moins de 12 véhicules. Les routes d’accès au centre ont été momentanément fermées. Des brigades canines sont également descendues sur les lieux. Les forces de police ont réussi à emmener l’Irakien et à rétablir le calme.

Le centre Fedasil de Saint-Trond

Le centre Fedasil de Saint-Trond

Un commando appartenant probablement au PKK a lancé une attaque dévastatrice à la voiture piégée contre le poste de la gendarmerie du district de Hani dans la province de Diyarbakir. Sept militaires auraient été tués et 39 autres blessés, ainsi que 8 civils. Une vingtaine d’ambulances ont été dépêchées sur les lieux. L’explosion était si puissante que les vitres des habitations avoisinantes ont volé en éclat. Cette déflagration a également secoué des bâtiments. Par ailleurs, les forces de sécurité affirment avoir neutralisés 13 membres du PKK dans la commune de Yuksekova (Hakkari).