Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Le mercredi 18 mars, le président Marcelo Rebelo de Sousa a déclaré l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire portugais. Les mesures reprises dans cette décision furent annoncées le lendemain par le premier ministre António Costa, mesures qui comprennent la suspension du droit de grève au moins jusqu’au 2 avril. Les mesures prises pourront être renouvelées par le parlement. Suite à cette annonce, Groundforce, l’entreprise gérant les opérations au sol dans les aéroports portugais a annoncé le licenciement de 500 personnes et des baisses de salaires pour une partie de son personnel. Le Portugal est le premier pays européen à suspendre le droit de grève depuis le début de la crise du coronavirus. En Italie, le droit de grève n’a été suspendu que dans les secteurs essentiels liés à la lutte contre le virus.

Marcelo Rebelo de Sousa

Jeudi 26 mars, le Réseau de solidarité des prisonniers palestiniens de Samidoun organise une conférence sur la répression anti-palestinienne en Allemagne et en Europe avec Khaled Barakat, écrivain palestinien et coordinateur de la campagne pour libérer Ahmad Sa’adat. Les agents d’immigration allemands l’ont récemment interdit de séjour dans le pays pendant quatre mois. Khaled se bat en justice, mais cette lutte n’est pas individuelle. Elle fait partie de la résistance à une série d’attaques répressives contre la communauté palestinienne et contre ceux qui soutiennent le peuple palestinien. La conférence s’organisera en ligne sur ZOOM. Infos et inscriptions ici.

Conférence virtuelle sur la répression anti-palestinienne en Europe

Conférence virtuelle sur la répression anti-palestinienne en Europe

De sévères affrontements ont eu lieu à l’Université autonome de l’État de Mexico (UAEMex). Dans le cadre des luttes étudiantes (les étudiants en grève exigent notamment le départ du recteur Alfredo Barrera Baca), des dizaines de manifestants venus de la Faculté des sciences humaines  ont pris d’assaut le rectorat jeudi après-midi. Le rectorat a été dévasté et tagué malgré les services de sécurité de l’Université.

L'attaque du rectorat

Ces derniers jours, plusieurs mouvements de révoltes des prisonniers ont éclaté dans différentes prisons de France d’Italie et de Belgique dans le cadre de la crise liée au Coronavirus. Voici un compte-rendu non-exhaustif des événements.

En Italie, depuis l’annonce, le 7 mars, de la suspension des visites de proches, des troubles majeurs ont éclatés dans 49 prison du pays sur un total de 189. En date du 11 mars, on comptait : 6 000 prisonnier révoltés, 600 lits détruits, ainsi que des dégâts matériels estimés à 35 millions d’euros. Dimanche 8 mars, des mutineries ont éclaté dans quatre prisons du pays. Au moins six prisonniers y sont morts. À Modène, la révolte, particulièrement intense, a fait au moins un mort parmi les détenus alors que 20 gardiens ont été blessés et que le reste du personnel a du être évacué. Les prisonniers sont parvenus à se barricader et à s’emparer d’armes. Dans la prison de Frosinone (sud de Rome), une centaine de prisonniers se sont barricadés dans une section de l’établissement, et la police est intervenue pour réprimer la mutinerie. Les prisonniers ont dressé une liste de revendications, dont la possibilité de visites de leurs proches, et tentent de négocier avec la direction. À la prison Torre del Gallo à Pavie, les prisonniers sont parvenus à prendre deux agents de la police pénitentiaire en otage, et à libérer des dizaines de leurs camarades. Par ailleurs, les familles sont venues soutenir dans la rue la fronde des prisonniers dans plusieurs prisons du pays. Enfin, à la prison de Poggia, dans les Pouilles, plusieurs prisonniers étaient parvenus à s’échapper avant d’être rattrapé par la police.

Des révoltes similaires ont également eut lieu cette semaine en France. Dans les région Alpes-Maritimes, une mutinerie a éclaté à la prison de Grasse, après une révolte de prisonniers inquiets face au coronavirus. Un groupe de six à sept hommes sont notamment montés sur le toit d’un des bâtiments de la prison et ont jeté des projectiles sur les gardiens. Le Raid est intervenu pour réprimer la mutinerie. La lendemain, on dénombrait une dizaine de mouvements de révolte dans tout le pays, principalement des refus par les prisonniers de réintégrer leur cellule après la promenade. Une mutinerie a cependant éclaté au centre de détention de Val-de-Reuil. Les corps d’intervention d’élite de l’administration pénitentiaire (Eris) étaient débordés par le nombre d’incidents et n’ont pas pu intervenir en même temps pour réprimer tous les mouvements.  Jeudi 19 mars, une autre mutinerie a également éclaté à la prison d’Argentan (Orne) avant d’être réprimée par les Eris. Une quinzaine de prisonniers révoltés sont montés sur le toit de la prison et refusaient d’en descendre.

En Belgique, une mouvement de révolte a éclaté à la prison de Saint-Gilles (Bruxelles) lorsqu’une vingtaine de prisonniers sont montés sur le toit pour protester contre la réduction de leur temps de préau.

Révolte de prisonniers en Italie dans le cadre de la crise du Coronavirus

Révolte de prisonniers en Italie dans le cadre de la crise du Coronavirus

Esmail Abdi, président du syndicat des enseignants en Iran, condamné en 2016 à six ans de prison pour « organisation et participation à des rassemblements illégaux », découlant de ses activités syndicales. Après une grève de la faim en 2017 (voir notre article), il avait été libéré provisoirement début 2018, mais renvoyé à la prison d’Evin le 20 janvier 2018. Il a été libéré provisoirement le mardi 17 mars.

Esmail Abdi

Jeudi 19 mars, sous prétexte de mettre en place le confinement, la police a chassé les migrant·es du parc Maximilien. Des volontaires de la cuisine solidaire Zig-Zag qui distribuaient, comme à leur habitude, des repas aux migrant·es ont reçu des amendes pour « création d’un attroupement ». Les migrant·es se sont alors dirigés vers l’Allee du Kaai, espérant recevoir de la nourriture sur place. La police était cependant déjà présente et les a dispersé. La veille, des militant·es du Collectif 8 mars, ont assisté à l’expulsion de personnes sans-abris du Carré de Moscou (Place Marie Janson à Saint-Gilles) par 15 policiers. Lorsque celles-ci se sont mises à filmer la scène, les policiers ont contrôlé leur identité avant d’emmener deux personnes qui n’avaient pas leur carte (elles seront relâchées après identification).

La police chassant les SDF du Carré de Moscou

La police chassant les SDF du Carré de Moscou

Les autorités de Moscou ont lancé ce mercredi leur projet de construction d’une route à travers un site d’enfouissement ancien de déchets radioactifs malgré les protestations des riverains et des écologistes. Une autoroute à huit voies doit traverser une colline dans le sud-est de la capitale, près d’une ancienne usine soviétique qui faisait jusque dans les années 1970 de l’extraction de thorium, un élément radioactif destiné aux réacteurs nucléaires de l’époque. Jouxtant une station de train très fréquenté, ce terrain de la ville de Moscou est situé à moins de 200 mètres de grands immeubles d’habitation. Fin janvier, le maire de Moscou a admis pour la première fois que la colline contenait bien des « déchets radioactifs ». Il a cependant assuré qu’il n’y avait que des « traces de contamination insignifiantes » sur le tracé de l’autoroute, ne devant pas en empêcher selon lui la construction.

Ce mercredi, des ouvriers équipés d’un excavateur, ainsi que des dizaines de policiers sont arrivés sur les lieux. L’excavateur a creusé le sol et des arbres ont été déracinés. Des dizaines de riverains et de militants se sont également rassemblés sur le site. La police leur a demandé de quitter les lieux avec un mégaphone, puis est intervenue, provoquant des heurts. Quelque 61 personnes auraient été arrêtées à la suite des affrontements, qui ont vu des policiers en tenue antiémeute utiliser des gaz lacrymogènes contre des manifestants.

Faceà face entre policiers, écologistes et riverains

Le vendredi 13 mars, Julius Soriano Giron, président de la Commission militaire nationale du Parti communiste des Philippines (maoiste), son épouse Lourdes Tan Torres (membre du comité exécutif du PCP) et deux aides, ont été tués lors d’un raid de militaires et de policiers. Selon la police, l’opération s’est faite dans le cadre d’un mandat d’arrêt. Julius Giron et Lourdes Tan Torres auraient utilisé des armes lors de cette intervention. Le PCP a dénoncé cette affirmation comme mensongère, a indiqué que Julius Giron et de Lourdes Tan Torres n’étaient pas armés et n’étaient pas en mesure de riposter. Cet assassinat aurait été perpétré dans le cadre de la guerre de répression du président philippin Duterte contre l’insurrection maoiste aux Philippines. Julius Giron était l’un des principaux cadres du Parti et principal consultant pour la paix auprès du Front démocratique national des Philippines (NDFP).

Julius Soriano Giron

Aujourd’hui, la police grecque a mené une série de raids sur des bureaux et des appartements dans le quartier d’Exarcheia à Athènes. Ces raid visaient le Comité de solidarité pour les prisonniers politiques en Turquie et au Kurdistan et le Front anti-impérialiste. Entre 26 et 35 personnes ont été arrêtées. Ces arrestations, visant des opposant·es au régime fasciste en Turquie, ont été menée sous prétexte de « lutte antiterroriste ». Plus d’infos ici.

Vague d'arrestations contre le Comité de solidarité pour les prisonniers politiques en Turquie et au Kurdistan ainsi que le Front anti-impérialiste

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Début de semaine, Eddi (Maria Edgarda), une internationaliste ayant combattu dans les unités des YPJ, a appris par la presse sa condamnation à deux ans de surveillance spéciale. La surveillance spéciale est un vestige des codes fascistes et s’applique aux personnes qui ne sont coupables d’aucun crime, mais qui sont considérées comme « socialement dangereuses ». Eddie fait partie des cinq internationalistes poursuivi.e.s à leur retour du Rojava (voir notre article). Au final, le procureur a modifié ses arguments, limitant l’accusation de « danger social » à trois personnes : Jacopo, Eddi et Paolo, considéré.e.s comme dangereux en raison des manifestations et des activités politiques menées en Italie. Selon les informations, cette procédure de surveillance spéciale ne sera pas appliqué aux deux autres internationalistes.

Maria Edgarda Marcucci, Davide Grasso, Paolo Andolina, Fabrizio Maniero, Jacopo Bindi

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