Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Jeudi 18 décembre, la justice française a finalement décidé l’incarcération de Gino à la prison de Fresnes dans l’attente d’une décision sur l’exécution d’un nouveau mandat d’arrêt européen émis par l’Allemagne, qui l’accuse de violences présumées lors d’événements survenus en marge d’une manifestation néonazie à Budapest en 2023. Cette situation est d’autant plus contestée que la cour d’appel de Paris avait refusé en mars l’exécution d’un mandat similaire émis par la Hongrie pour les mêmes faits (voir notre article). Les soutiens de Gino craignent qu’une remise à l’Allemagne n’ouvre la voie à un transfert vers la Hongrie et dénoncent la collaboration entre États et la répression ciblant les militants antifascistes.

Le 18 décembre 2025, des perquisitions simultanées ont été menées par la police allemande dans plusieurs villes, notamment au siège de l’Association des droits et libertés fondamentaux à Cologne ainsi que dans cinq domiciles privés. Ces opérations s’inscrivent dans le cadre d’enquêtes fondées sur les articles 129a et 129b du Code pénal allemand, relatifs à la lutte contre le terrorisme. Lors des interventions à Cologne, plusieurs personnes présentes ont été maintenues sous contrainte pendant les fouilles. Les autorités invoquent des soupçons liés à des activités considérées comme relevant de ces dispositions.

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Samedi 13 décembre, le Secours Rouge Toulouse organisait une ACAB Party à la Chapelle. Celle-ci a réuni des centaines de personnes venues dès 13H12 assister à la projection, la table ronde, mais aussi aux différentes activités proposées. Dès le début de l’événement, un important dispositif policier était déployé aux abords du lieu pour procéder à des contrôles d’identités, faire des provocations et intimider les participant·es. Finalement, un arrêté municipal d’interdiction a été annoncé sur les réseaux sociaux par le maire Jean-Luc Moudenc puis notifié par la police aux alentours de 18h. Respectant l’accord avec le lieu, la dernière conférence qui se tenait avec la militante abolitionniste pénale et sociologue Gwenola Ricordeau a été interrompue, puis le lieu a été évacué.

Lire le communiqué du Secours Rouge Toulouse

Le 18 décembre 2025, en Inde, trois combattants maoïstes auraient été tués lors d’un affrontement avec les forces de sécurité du District Reserve Guard (DRG) dans la forêt de Gollapalli, dans le district de Sukma (Chhattisgarh), après des renseignements signalant la présence d’un groupe naxalite. Les insurgés auraient ouvert le feu les premiers, déclenchant un échange de tirs dans une zone forestière dense. Les autorités estiment que les morts pourraient appartenir au cadre des responsables locaux maoïstes, déjà recherchés, dans un contexte de récentes opérations meurtrières contre la guérilla dans la région.

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Au Royaume-Uni, des soutiens à la cause palestinienne ont passé la nuit de mardi à mercredi dernier devant la prison de HMP Bronzefield pour exiger l’hospitalisation immédiate de Qesser Zuhrah. Mercredi 17 décembre, à son 46e jour de grève de la faim, elle a finalement été hospitalisée. Souffrant de fortes douleurs, de difficultés respiratoires et incapable de se tenir debout, la détenue n’aurait pas eu accès à des soins d’urgence, la prison ayant refusé l’entrée d’ambulances et retardé sa prise en charge. Des professionnels de santé alertent sur un risque vital imminent, tandis que les autorités pénitentiaires et politiques sont accusées de mettre sa vie en danger en refusant d’accéder aux revendications des six détenus toujours en grève de la faim : Qesser Zuhrah, Amu Gib, Heba Muraisi, Teuta Hoxha, Kamran Ahmed et Lewie Chiaramello (voir notre article).

À Lyon, une banderole hostile à la police portant le message « 1312 ACAB Day, les violences de la police sont systémiques » a été déployée le 13 décembre place Gabriel-Péri, dans le quartier de la Guillotière. Rapidement retirée après l’intervention des forces de l’ordre, elle a donné lieu à l’ouverture d’une enquête. Une femme de 24 ans, déjà connue des services de police et soupçonnée d’être liée à l’affichage, a été convoquée au commissariat.

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En Angleterre, les polices de Londres et de Manchester ont annoncé qu’elles procéderaient à des arrestations contre toute personne scandant ou affichant des slogans appelant à « mondialiser l’intifada » (Globalize the Intifada) lors de manifestations pro-palestiniennes. Cela intervient dans un contexte de criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine à travers le dévoiement et l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme après l’attentat antisémite de Bondi en Australie et une attaque mortelle contre une synagogue à Manchester. Les autorités invoquent le risque de « violences » et un durcissement de leur doctrine de maintien de l’ordre.

Aux Pays-Bas, 22 personnes ont été interpellées à Amsterdam après des affrontements entre police et manifestants opposés à la venue de Shai Abramson, principal chanteur de l’armée israélienne. Plusieurs centaines de protestataires ont tenté de s’approcher de la salle, entraînant l’intervention d’unités antiémeutes, l’usage de matraques et des jets de fumigènes. Face à la mobilisation, les organisateurs ont annulé la participation de l’artiste et remplacé l’événement public par deux concerts privés.

L’Espagne a émis un nouveau mandat d’arrêt européen contre Josu Ternera, figure historique de l’ETA aujourd’hui placé sous contrôle judiciaire en France, afin d’obtenir sa remise pour des faits de direction ou d’appartenance à une « organisation terroriste ». La cour d’appel de Paris examinera cette demande le 25 février, dans un dossier déjà complexe marqué par des procédures multiples, des reports de procès et des contestations de la défense sur la régularité de ce nouveau mandat. Âgé de 75 ans, l’ancien dirigeant de l’ETA, qui avait annoncé la dissolution du groupe en 2018, reste poursuivi en France, tandis que l’Espagne maintient sa volonté de le juger pour son rôle présumé au sein de l’organisation indépendantiste.

La DGSI a reconduit pour trois ans sa collaboration avec l’entreprise américaine Palantir, spécialisée dans l’analyse de données, afin de renforcer ses capacités de contre-terrorisme et de traitement de grandes bases de données. Initiée en 2015 suite aux attentats terroristes, cette coopération suscite des interrogations sur la souveraineté des données, d’autant que Palantir est financée par la CIA et créée par Peter Thiel, proche de Donald Trump. Selon Palantir, les données restent sur des serveurs français et seuls des personnels habilités y ont accès. La DGSI considère cette solution comme transitoire, en attendant une alternative française, encore moins performante pour l’instant.

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